Hardy Kruger ancien pilote de chasse est amnésique suite à un crash fatal (où il pense avoir tué une petite fille) et depuis erre comme une âme en peine dans la bourgade de Ville d'Avray. Un soir il est témoin de l'abandon d'un père qui laisse sa fille dans une institution religieuse. Tombé sous le charme de la petite fille, il va tout les dimanche la chercher pour qu'ils passent la journée ensemble et laisser ainsi une relation étrange s'installer. Un point de départ troublant et risqué qui laisse à penser que la relation sera filiale, voire fraternelle mais Serge Bourguignon aborde frontalement son sujet qui n'est rien de moins que le récit d'une amitié amoureuse entre un adulte et une fillette.
Hardy Kruger homme-enfant amnésique revit son adolescence auprès de la jeune Françoise, enfant précocement mature car mal aimée et livrée à elle même depuis l'enfance. Bourguignon écarte la dimension sexuelle sordide potentielle (sans éliminer la vraie tonalité amoureuse tabou) en s'axant sur le rapprochement de ces deux solitudes et la tendresse mutuelle entre les personnages. Il faut avouer que c'est très perturbant d'observer cette promiscuité, mais Bourguignon fait preuve d'une telle délicatesse et justesse pour dépeindre le monde intérieur et l'amour platonique des héros que toute pensée dérangeante s'estompe progressivement pour apprécier les moments passés. Le monde des adultes, incapable de comprendre ce rapport hors norme autrement que par la morale va s'avérer terriblement oppressant lors d'une conclusion traumatisante.Bourguignon ne choisit pas la facilité, c'est au spectateur de faire le cheminement pour comprendre son message et ne pas s'arrêter à la surface transgressive même s'il tend quelques pistes dans la dernière partie à travers les dialogues entre Nicole Courcelle et André Oumansky, gênés eux aussi au départ mais finissant par comprendre le lien magnifique unissant Pierre et Françoise. Visuellement Bouguignon crée un monde à la féérie hivernale sobre dans un scope splendide voyant les héros (le couple ?) déambuler dans les paysages ruraux de Ville D'Avray. Hardy Kruger dévoile magnifiquement sa fragilité et son trouble intérieur tandis que la jeune Patricia Cozzi fait preuve d'une maturité étonnante tout en gardant son espièglerie enfantine.On est interloqué pendant tout le film par l'ambiguïté que peut revêtir une telle intrigue, Bourguignon osant les dialogues les plus tendres (et donc tendancieux) et les gestes les plus affectueux, mais quand on comprend le regard qu'il a voulu adopter l'appréhension s'estompe.. Les Dimanches de Ville D'Avray pour ces raisons restera d'ailleurs longtemps invisible et oublié en France tandis qu'il jouira d'un culte au Japon et aux USA (où il sorti avant la France devant le frilosité des distributeurs), remportant l'Oscar du meilleur film étranger en 1963. Pour la petite histoire c'est le score (minimaliste et austère) de Maurice Jarre sur ce film qui incita Sam Spiegel à l'engager sur Lawrence D'Arabie. Un film étrange, fascinant et poignant, loin des canons de la Nouvelle Vague ou de la qualité française dominant de l'époque. Belle découverte.Sorti en dvd zone 2 français chez Wild Side
Ton avis me fait bien envie et j'ai hâte de pouvoir découvrir ce film. Ca m'a l'air très touchant et poétique. Je pense que ça devrait beaucoup me plaire. Je n'avais jamais entendu parlé de ce film jusqu'à maintenant...
RépondreSupprimerJ'ai vu qu'il existe une édition DVD anglaise. Je vais essayer de me le commander.
Oui le film est dispo en dvd anglais, très poétique et touchant c'est le mot tu vas voir magnifique ce film ! Ca magnifie complètement le sujet potentiellement scabreux.
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