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lundi 24 mai 2010

Les Grandes Manoeuvres - René Clair (1955)



Au début du siècle dans une petite ville de garnison, Armand de la Verne, lieutenant des dragons fait le pari de séduire une femme désignée par le hasard. Marie-Louise Rivière se trouve être l'innocente victime du pari, mais Armand en tombe malgré lui éperdument amoureux.

Un beau drame sentimental, parmi ce qui a pu se faire de mieux dans la veine romanesque au sein du cinéma français. Gérard Philippe de nouveau dans une grande figure de séducteur, qui campe ici un lieutenant au charme dévastateur et à la goujaterie étincelante comme le montre une mémorable entrée en matière où quittant une amante, il en trouve une autre dont il avait oublié la présence en rentrant chez lui. Sur un pari, il se lance dans une cours éfrennée de Michelle Morgan, un repas étant l'enjeu s'il la fait sienne. Cependant, loin des jeunes provinciales naïves (dont une toute jeune Brigitte Bardot) ou des femmes mariées esseulée auquel il a affaire d'ordinaire, Marie Louise Rivière est une femme distinguée venue de Paris qui voit clair dans son jeu.

C'est cette distinction et cette opposition qui va prendre en défaut le séducteur pris à son propre jeu, car c'est en tombant réellement amoureux et se dévoilant qu'il finit par progressivement gagner le coeur de Michelle Morgan. Sous l'aspect sentimental, le film s'avère d'une terrible cruauté dans sa description du mode de vie provincial bourgeois. Toutes les femmes se montrent défiantes et distante envers Michelle Morgan, jalouses de son allure et de sa beauté. Chaque faits et geste est épié, étudié et commenté par la communauté pour faire circuler la calomnie, notamment lors d'une belle séquence de ballade romantique totalement détournée car constamment perturbée par les voix des harpies observatrices en voix off.

Si la solitude entraînée aboutit au rapprochement du couple de héros, il sera aussi la cause de la rupture définitive car impossible de reparaître à la face du monde après avoir vu son nom bafoué. Michelle Morgan est magnifique d'assurance et de distinction, ce qui rend les moments où elle cède d'autant plus fort face un un Gérard Phillippe parfait qui montre bien l'impasse de son personnage prisonnier e sa réputation et ses mécanisme hypocrite. Visuellement c'est vraiment un des plus beaux films français de l'époque, couleurs chatoyantes, intérieur studios de tout beautés et filmage élégants de cette ville bourgeoise de province.

Une dernière scène poignante qui montre toute l'impasse ayant parcouru le film, les sentiments des personnages sont intact mais le poids des regards (les rires des camarades de régiment en fond sonore uand Gérard Philippe tente de s'expliquer durant l'avant dernière scène sont terriblement cruels) et la fierté à afficher empêche tout retour en arrière.


Disponible en dvd zone 2 chez René Chateau ou pour encore moins cher en dvd zone 2 anglais de très bonne qualité.

Extrait avec la séduction très agressive de Gérard Philippe

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