Pages

mardi 27 juillet 2010

Le Vengeur agit au crépuscule - Decision at Sundown, Budd Boetticher (1957)

 


A Sundown, une petite ville de l'ouest des Etats-Unis. Tous les habitants se préparent dans l'allégresse à assister au mariage du maire, Tate Kimbrough, et de la jolie Lucy Summerton. Mais, le jour des noces, Bart Allison jette un froid dans l'assemblée réunie en accusant Tate d'être responsable de la mort de sa femme. Il se montre prêt à en découdre avec le futur mari pour venger l'honneur de sa famille.  

Un des très grands Boetticher qui sous l'apparent récit de vengeance classique révèle une finesse psychologique étonnante. On a souvent fait le rapprochement entre Randolph Scott et Clint Eastwood et cela n'a jamais été plus vrai que dans Decision at Sundown. Le début du film instaure d'emblée une tension qui ne se relâchera plus. Randolph Scott déboule dans une petite ville pour se venger du notable qui la terrorise car il le juge responsable de la mort de sa femme. Taciturne et déterminé, le phrasé court Scott campe là son personnage le plus sombre et menaçant et Boetticher multiplie les séquences d'intimidation dont un face à face chargé d'électricité avec le shériff corrompu dans un saloon. Scott annonce là divers figures emblématique du western à venir, le Josey Wales de Eastwood avec cet homme rongé par le ressentiment mais aussi "Harmonica" de "Il était une fois dans l'Ouest" où on ressent la même maturation de la vengeance Scott prévenant même son ennemi à son mariage plutôt que de le tuer froidement afin d'avoir droit à son duel avec lui. 

On pense être engagé en terrain connu quand le ton change brusquement à mi film. Les motifs de la vengeance se font plus flous lorsqu'il apparaît que la femme de Scott n'était pas la sainte vertueuse qu'il idéalisait et remet soudainement en cause toute son action. Parallèlement les actions du héros auront réveillés la conscience des habitants de la ville restés impuissants devant l'affrontement inégal, Tate Kimbrough envoyant une véritable armée abattre le seul Scott. C'est un autre des points étonnants, le méchant incarné par John Caroll est un couard absolu se dissimulant derrière ses hommes grâce à son argent, ces derniers ne valant guère mieux, tueurs adepte de la balle dans le dos. Le personnage est un faible régnant par la tyrannie mais Boetticher parvient à le rendre touchant par la relation qu'il entretient avec un Valerie French et le fait qu'on ne donne finalement pas cher de sa peau seul face à un Randolph Scott haineux. 

Le final sonne donne la révolte de la ville mais Randolph Scott est contraint de se remettre en question et d'abandonner son objectif. En dépit de la tournure positive pour la collectivité, Bart Alison demeure donc une âme sèche et amère qui doit réapprendre à vivre. La conclusion est une des plus sombre et désespéré vu dans un western, un peu comme si "Josey Wales" n'avait jamais fini par trouver la paix (il est d'ailleurs question ici à nouveaux de la Guerre de Sécéssion en toile de fond). Un des meilleurs Boetticher qui a trouvé un matériau à la mesure de son talent avec le scénario de Charles Lang pour un film remarquablement équilibré. Le début est tonitruant et regorge d'actions et de rebondissements, avant que les tourments intérieurs fassent place pour un suspense finalement plus psychologique.

  Disponible dans le coffret zone 1 Sony consacré à Budd Boetticher et dotés de sous titres français.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire