Pages
▼
jeudi 28 octobre 2010
Le Banni - The Outlaw, Howard Hughes (1943)
Deuxième et dernière réalisation de Howard Hughes (après les exploits aériens de Hells Angels), ce Outlaw ne manque pas de défauts: rythme très inégal, réalisation la plupart du temps très plan plan et malgré les nombreuses péripéties qui l'émaille un récit étonnement anti spectaculaire. Malgré tout ça c'est pourtant un western unique en son genre, très attachant et surprenant par son ton atypique. Le scénario (officieusement signé Howard Hawks et Ben Hecht entre autre) se propose de nous offrir une vraie relecture des figures mythique de l'Ouest que sont Billy The kid, Doc Holliday et Pat Garret. Loin des tueurs chevronnés qu'on connaît, on découvre ici à travers l'amitié vacharde Doc Holiday/ Billy The Kid de grands enfants qui passent leur temps à se chamailler la propriété d'un cheval.
Walter Huston campe un Doc Holiday roublard et malicieux qui se plaît à titiller la susceptibilité à fleur de peau d'un Billy The Kid excellemment interprété par Jack Bueler, grand gamin boudeur et capricieux dont la profonde violence peut néanmoins ressurgir à tout moment. Entre blagues potaches et gros coup de sang leur relation conflictuelle fait des étincelles et culmine dans une amorce de duel final dont la réconciliation amène une des séquences les plus autre du film, Pat Garret piquant une crise de jalousie tendancieuse lorsqu'il voit les deux compères se rabibocher.
Autre élément perturbateur, le personnage de Jane Russell qui non content d'être victime des séquences les plus machistes du film (Billy The Kid souhaitant récupérer son cheval contre elle) se voit filmée par ce pervers de Hughes de manière très perturbante. Le réalisateur passe ainsi plus de temps à cadrer ses décolletés pigeonnant qu'à soigner ses plans, notamment une poursuite à cheval avec des indiens où l'attention se focalise sur la poitrine opulente de Russell qui tressaute alors qu'elle galope. A la longue le procédé dont on s'interroge encore de l'utilité (Jane Russell fut une des nombreuses maîtresses hollywoodienne de Hughes qui lança sa carrière avec ce film) fini par être très déstabilisant même pour le spectateur moderne moins susceptible d'être choqué.
D'autres séquences chargé d'érotisme vont attirer les foudres des censeurs du code Hays (on peut en apercevoir les démêlées dans le Aviator de Martin Scorsese) comme celle où elle se déshabille pour réchauffer un Billy fiévreux, un baiser en gros zoom avant sur sa bouche où une baignade tout habillé laissant plus qu'apparaitre ses formes. Ces outrances ainsi que le ton léger et tendu à la fois annonce presque certains western décontractés des 70's comme Butch Cassidy et le Kid ou les moments les plus outranciers des futurs westerns spaghetti et donnant un cachet unique au film. Ultime audace, une belle pirouette finale offre une relecture sympathique de la légende où le face à face entre Billy et Pat Garret prend un tour inattendu tout en restant dans la tradition.
Disponible en dvd zone 2 dans une copie honnête chez Arcade Video mais devrait être réédité en 2011 par Wild Side dans un bien meilleur transfert à n'en pas douter.
La question du jour : Jane Russel a-t-elle jamais tourné autre chose que des navets ?
RépondreSupprimerElle est très sympathique dans "Les hommes préfèrent les blondes", mais ce n'est sûrement pas un chef d'oeuvre.
Je pensais qu'au moins dans "Le Banni", elle tirait son épingle du jeu... mais si ce n'est qu'un miroir à fantasmes ! ^^
Hé Hé je crois que j'ai poussé trop loin dans la description des formes de Jane Russell et les captures je suis démasqué ^^
RépondreSupprimerSinon hormis "Les Hommes préfèrent les blondes" elles a tout de même tournée de bonne choses sur ce que j'ai vu "Macao" de Joseph Von Sternberg où elle donnait la réplique à Robert Mitchum est vraiment très bon (elle le retrouve dans un excellent film noir noir "Fini de rire") et elle a tourné pour pas mal de grand réalisateur comme Raoul Walsh ou Nicholas Ray. Pas des chefs d'oeuvre mais des plutôt bons films tout de même.
Son physique et les rôle qui en jouaient largement on sans doute parfois éclipsé son talent. Sans être une immense actrice c'était (on peut même parler au présent elle est toujours en vie !) une vraie star qui savait attirer la caméra à elle.
Ce film n'est-il-pas dès le début du projet un défi lancé par Hugues aux censeurs du code Hays?
RépondreSupprimerProbablement vu que le film en l'état est déjà perturbant dans ses parti pris et devait l'être davantage dans ses partis pris dans ses premiers montages. Donc défi ou inconscience de Hughes empêtrés dans ses fantasmes oui...
Supprimer