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lundi 25 octobre 2010

Nous nous sommes tant aimés - C'eravamo tanto amati, Ettore Scola (1974)


Trente ans déjà... Les derniers épisodes de la guerre, de la Résistance italienne contre le nazisme... Gianni, Nicola et Antonio sont trois amis... Mais, la guerre finie, la paix sépare le trio. L'un, Nicola, est marié et professeur dans une petite ville de province. L'autre, Antonio, brancardier dans un hôpital de Rome. Le troisième, Gianni, avocat-stagiaire chez un grand du barreau.
Mais dans l'Italie de l'immédiate après-guerre, il est difficile de réussir avec des idées de gauche : communistes et socialistes sont écartés du gouvernement par les émocrates-chrétiens.
Chacun des trois amis va donc suivre sa propre voie selon son caractère et le hasard des rencontres.
Les années passent. Nicola, Antonio et Luciana se retrouvent par à coups et par hasard : au détour d'une rue, d'une émission de télévision, d'une liaison éphémère... Le temps des bilans est arrivé.

Sans doute la comédie italienne la plus populaire en France et qui sera même récompensée d'un César, et un des derniers grands sursauts d'un genre en perte de vitesse. Trente ans d'histoire de l'Italie vue à travers le destin de trois personnages représentant chacun une figure sociale et politique. La bourgeoisie avec Gianni campé par Vittorio Gassman (de nouveau en ordure mais plus humain que chez Risi) dont le bon fond sera rapidement corrompu par son ambition, la gauche intellectuelle avec Stefano Satta Flores (dans un personnage voisin du Alberto Sordi de Une Vie Difficile de Risi) qui va perdre famille et carrière pour ses idéaux et le prolétariat avec Antonio joué par Nino Manfredi, finalement le personnage le plus équilibré du film et qui malgré quelques aléas est celui qui s'en sortira le mieux.


Autour de ses trois là papillonne Stefania Sandrelli qui passe de l'un à l'autre et souhaite mener une carrière d'actrice. L'évolution de ce petit monde permet à Scola d'établir un constat amer et désabusé sur tout les espoirs déçu de l'Italie d'après guerre qui pensait faire évoluer la société dans le bon sens. Au contraire les intellectuel s'avèrent être des égocentriques qui parlent plus qu'il n'agissent (Nicola), la soif de réussite entraîne la corruption et l'enrichissement des plus cyniques (Gianni mais aussi le personnage du beaux père archétype de l'entrepreneur véreux) et la vie est de plus en plus difficile pour les plus pauvres (les hauts et surtout les bas de la carrière de Antonio).

Parallèlement à ça, Scola dresse également en filigrane une histoire du cinéma italien. Tout d'abord par le cadre et la mise en scène avec un début en noir et blanc fleurant bon le néo réalisme avec nos personnages évoluant des des milieux populaires et luttant encore pour survivre. Puis avec des références directes comme me personnage de Nicola admirateur de Vittorio De Sica (extrait du Voleur de Bicyclette et les déboires qui en résultent pour lui dans un jeu télévisé) qui apparait en personne (décédé peu après le tournage, le film lui est dédié), la reconstitution du tournage d'une séquence de La Dolce Vita avec Fellini et Mastroianni dans leurs propre rôle (prouvant la grande famille que constituait le cinéma italien) où encore les références à Rosselini. On peut aussi citer l'apparition d'images issues de L’éclipse d'Antonioni et pour rester dans la vine cinéphile le moment où Stefano Satta Flores décrit la scène des escaliers du Cuirassé Potemkine.

Les seconds rôle ne sont pas en reste comme le très beau personnage de Giovanna Ralli, jeune fille simple devenant une intellectuelle par amour mais qui finira tragiquement. Une thématique universelle sur le renoncement aux idéaux mais qui trouve une résonance particulière à travers l'histoire italienne, pour ce qui est sans doute le meilleur Scola avec Affreux, Sales et Méchants.


Sorti en dvd zone 2 français chez Studio Canal


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