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mercredi 8 décembre 2010

Héros d'occasion - Hail The Conquering Hero, Preston Sturges (1944)


Woodrow Truesmith, malgré son désir de prendre part à la guerre et de devenir l'un de ces héros qu'il envie maintenant, a dû rester à l'arrière par suite de déficience physique. Dans un bar où il noie son chagrin, six combattants de retour de Guadalcanal réussissent à le convaincre que, pour devenir un héros, il lui suffit de se faire passer pour l'un des leurs. Avec la complicité de ses nouveaux camarades, Woodrow, habillé en soldat, arrive dans sa ville natale. Une réception enthousiaste l'accueille. Le voici proposé comme maire.

Voici ce qui est un des films les plus brillants du grand Preston Sturges, qui une nouvelle fois nous sert un pitch absolument génial au service d’une comédie hilarante aux thèmes ambitieux et universel. Sorti la même année que son Miracle au village (déjà traité sur le blog en mai) ce Hail the conquering hero aborde en partie des thèmes similaire. Eddie Bracken retrouve comme dans Miracle au Village le rôle d’un jeune homme complexé par le fait d’avoir été réformé. Honteux de rentrer aux pays en avouant sa défaillance, il est pris en main par des soldats l’ayant pris en pitié et qui vont le faire passer pour ce qu’il n’est pas. 

Il est ici question de l'aura et la poudre aux yeux amenés par la célébrité et comment un malheureux mensonge entraîne notre héros dans un tourbillon de malentendu et de quiproquos. Sturges pose un regard ironique et malicieux sur les attitudes de chacun face au « héros » . Le plus tendre est celui de la ravissante Ella Raines qui ne reconnaît plus son doux fiancé dans cette en idole adulée des foules et dont elle ne se sent plus digne. Ce couple symbole de gentil même tandis que l'entourage est totalement hystérique. Eddie Bracken est épatant en brave gars du cru rongé par la culpabilité de cette notoriété usurpée, et cette modestie et douceur qu’il incarne à travers son couple avec Ella Raines qui constitue le ciment émotionnel du récit.

Autour d’eux tout n’est qu’hystérie, Sturges forçant le bien le trait pour dépeindre la folie qui s'empare des concitoyens subjugués par le moindre mot de Woodrow. Le message s’avère hilarant et assassin, fustigeant ainsi le caractère suiveur des masses en quête d'icônes clinquantes. Le propos acide égratigne également la politique (déjà cible du premier film de Sturges The Great McGinty dont on reparlera bientôt) avec ce personnage de maire bien roublard et opportuniste. 

Les situations comiques sont énormes, notamment lorsque les amis militaires de Woodrow rivalisent de superlatif pour narrer ses exploits de guerre imaginaires. L'honnêteté et la simplicité de Woodrow finiront par payer, car il demeure vertueux face au personnages positifs (excellents personnages secondaires l’habitué William Demarest fabuleux, ou encore le soldat guidé par l’amour maternel) ou négatifs, tous animé par le mensonge dans leur rapport avec lui. Acide, drôle, touchant un joyau de plus à ajouter à la filmographie de Preston Sturges.

Disponible dans le coffret zone 1 consacré à Preston Sturges et doté de sous titres français. Pour les moins fortunéz et anglophones, ce même coffret est trouvable sur amazon pour 20 euros à peine avec uniquement des sous titres anglais.

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