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lundi 27 décembre 2010
Sayonara - Joshua Logan (1957)
Pendant la guerre de Corée, il était interdit aux Américains en poste au Japon de se marier avec des Japonaises. Le film relate donc l'histoire de deux amours interdits.
Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale et de la longue occupation américaine dans un Japon vaincu, les rapprochements entre soldats américains et femmes japonaises étaient inévitables et le film dépeint les obstacles à franchir pour ses couples mixtes mal vus des deux côtés. L'histoire se déroule durant la Guerre de Corée, moment où la xénophobie américaine retrouvait un pic semblable à l'après Pearl Harbor et c'est justement un grand héros de l'armée transféré au Japon qu'incarne Marlon Brando. Ce dernier en fait un peu trop en gradé yankee méprisant des coutumes nippones, accent du sud traînant bien appuyé et remarques désobligeantes à foison. On devine bien que le but est de marquer la différence avec son changement à venir mais c'est néanmoins forcé.
Le principal intérêt du film est vraiment dans la description de cette découverte, rapprochement avec la culture japonaise par les yeux blasés puis peu à peu fascinés de Brando. Il faut le voir affalé mâchant son chewing-gum durant un spectacle Kabuki et clamer que le manque de beauté à la Marilyn Monroe, tout cela n'est pas très subtil. Les entraves de l'armée aux unions entre américains et japonaises (qu'ils n'étaient pas autorisé à ramener au USA en cas de transfert) offrent des moments vraiment intéressant à travers les embûches administratives et manoeuvres d'intimidation pour briser ses couples.
Le film a cependant un énorme problème, son histoire d'amour est totalement insipide. Brando agace tout d'abord en américain rouleur de mécanique puis semble en pilotage automatique quand il s'agit de conter fleurette à sa belle japonaise. Le personnage comporte pourtant des facettes intéressantes notamment le fait d'être un officier modèle faisant passer sa réputation et image avant tout, ce que lui reproche sa fiancée Patricia Owens en début de film. L'alchimie ne fonctionne pas avec Miiko Taka, la faute également à la prestation de cette dernière dont on peut soupçonner un apprentissage en phonétique des dialogues anglais tant elle semble désincarnée. Les séquences de séduction où elle demeure lointaine et conserve son mystère de star (elle est la danseuse vedette d'une revue célèbre) sont réussies mais dès la scène de déclaration, il y a un fossé entre la décontraction de Brando et la touche trop énamourée de Miiko Taka.
Il y a pourtant bien une vrai belle romance dans le film, celle entre le soldat incarné par Red Buttons et Miyoshi Umeki. Moins glamour que le couple vedette ils sont pourtant plus authentique et touchants (le scénario osant poser le problème de la barrière de la langue dans leur cas) dans leurs hésitation et maladresse. Leur sort s'avère réellement tragique et les deux acteurs seront judicieusement récompensés des Oscars des meilleurs seconds rôle masculins et féminins.
Le film sera également récompensé pour sa direction artistique et nominé pour sa photographie (les extérieurs à Kobé sont superbes), à juste titre tant on sent la volonté de respecter et d'illustrer au mieux les diverses spécificités culturelles japonaises comme le théâtre kabuki, les intérieurs soignés ou dans une veine plus hollywoodienne offrir des numéros musicaux imprégnés du folklore local. Malgré ces gros défauts cela se laisse donc relativement regarder malgré la platitude de la mise en scène de Logan (nettement moins inspiré que sur Picnic (1955) les choix artistique hasardeux (Ricardo Montalban grimé en japonais qui grimace et plisse les yeux tout le film) et les grosses longueurs (2h20 out de même).
Sorti en dvd zone 2 français chez MGM
Extrait du générique de début histoire de savourer la bande son soignée et les belles images...
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