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vendredi 21 janvier 2011

Le Septième Voile - The Seventh Veil, Compton Bennett (1945)


Une nuit d'été Francesca Cunningham, autrefois pianiste mondialement renommée, s'échappe de sa chambre d'hôpital et tente de se suicider en sautant d'un pont. Elle est sauvée et ramenée à l'hôpital où elle suit une thérapie avec le Dr Larsen. Celui-ci veut absolument connaître les évènements et les personnes qui l'ont conduite à attenter à sa vie.

The Seventh Veil est un des film les plus populaire et célébré du cinéma britannique, son mélange puissant de mélodrame, romance et psychanalyse n'ayant rien perdu de sa force. La séquence d'ouverture happe d'emblée dans ce tourbillon d'émotions exacerbée lorsqu'une jeune patiente s'évade de sa chambre d'hôpital pour se suicider en se jetant d'un pont. Sauvée de justesse, elle est prise en main par le Docteur Larsen (Herbert Lom) qui va chercher à savoir ce qui l'a conduite à ce geste. Ce dernier a une théorie originale pour guérir les âmes tourmentées. A l'image de Salomé lors de sa célèbre danse, l'esprit humain dispose de sept voile dont il se délestera selon l'interlocuteur. A des amis proches trois ou quatre voiles peuvent être écartés, à un être aimé cela peut aller jusqu'au sixième voile mais il restera toujours le jardin secret et intime qu'est le septième voile. C'est pourtant bien ce septième voile que devra lever le Docteur Larsen s'il souhaite connaître la nature du mal de Francesca (Ann Todd).

Le Septième Voile est un des premiers films (avec La Maison du Docteur Edwardes de Hitchcock sorti la même année) à user de la psychanalyse comme l'un des moteur dramatique d'une trame narrative et certains aspects pourront sembler lourds et démonstratifs (toute les longues tirades de Lom entre chaque grands tournant du récits où il explique les réactions de Ann Todd) au spectateur moderne mais le réel brio de Compton Bennett pour traduire cela visuellement et les performances des acteurs rendent le tout finalement très fluide.

La preuve en est de la séquence d'hypnose qui amorce un long flashback jusqu'à l'adolescence de Francesca où un fondu enchaîné progressif (qui annonce les expérimentations de Mankiewicz dans Soudain l'été dernier) incruste le passé dans le présent, les éléments autour d'Ann Todd sur le divan s'estompant par un jeu sur la profondeur de champ séparant les deux mondes pour peu à peu pour donner corps à cette nouvelle réalité. Les nombreuses transitions en fondus enchaînés, les effets de montages s'accrochant à un objet d'une séquence à une autres et les ellipses constamment déroutantes appuie cet effet de rêve et de souvenir dans lequel on s'enfonce plus profondément.

On découvre ainsi la jeune Francesca amenée à séjourner chez un oncle à la parenté vague suite à la mort de son père. Célibataire froid et distant, Nicholas (James Mason) ne prête guère attention à elle jusqu'au jour où il découvre ses exceptionnelles aptitudes au piano. Dès lors s'engage un apprentissage impitoyable destiné à en faire une artiste virtuose.

La nature de leur lien devient trouble dans la manière impitoyable et autoritaire qu'à le tuteur d'écarter le premier prétendant sérieux de Francesca. James Mason tout en ambiguïté s'avère aussi bienveillant qu'inquiétant, délivrant de son timbre suave les saillies les plus cruelles et sa prestance nonchalante pouvant être brisée à tout moment par des élans de brutalité. Mais comme souvent avec lui la subtilité de l'interprétation est telle que le vrai sentiment caché par ses attitudes contradictoires n'est bientôt plus un secret. Ann Todd aussi à l'aise en jeune fille sautillante qu'en jeune femme torturée trouve là le rôle de sa vie.

La nature involontairement autobiographique de son personnage soulève quelques moment d'une fulgurante intensité à son interprétation. Elle même fille d'un pianiste elle fut destinée à une grande carrière de musicienne avant que son incapacité à se produire devant une audience ne stoppe net ce bel avenir. Deux scènes du film font écho à cette expérience personnelle, la première lorsque adolescente elle est punie de coup de bâton sur les mains par un professeur ce qu'il empêche d'être à son niveau lors d'une audition qu'elle va rater. La seconde est lors de son premier concert où terrassée par l'anxiété elle s'évanouit sur scène après sa performance.

Toute les scène musicales sont d'ailleurs brillantes, le premier rapprochement entre Francesca et Nicholas au piano, le fameux premier concert où le lien musique/image se fait virtuose dans le montage porté par une Ann Todd possédée et également le concert au Albert Hall où le cadrage dévoile un Mason fier (et amoureux) en coulisse parallèlement à Francesca au sommet de son art face à son instrument sur du Rachmaninoff. La formation de Ann Todd lui permet d'ailleurs de jouer elle même de nombreux moments (les plan d'inserts trop virtuose étant eux assuré par la pianiste Eileen Joyce) accompagné par l'orchestre du London Philarmony Orchestra pour l'occasion.

Sans trop en dévoiler la nature du trouble de Francesca viendra du doute qu'un terrible évènement lui donnera sur sa capacité à jouer à nouveau. La dernière partie donne donc la part belle à Herbert Lom et à sa thérapie de guérison, où Francesca devra faire face à ses peurs et ses sentiments pour pouvoir pratiquer son art. Malgré le côté surexplicatif de cette touche psychanalytique elle distille l'émotion de manière inédite et forte car on a plus l'habitude de ce type d'artifices dans un thriller que dans un drame. La magnifique scène finale permet donc à une Francesca désormais apaisée et équilibrée d'ouvrir les yeux sur le seul homme où se confond son amour pour la musique et celui de son coeur de femme. Le Septième voile est levé.

Le film est un succès immense l'un des plus grand du cinéma anglais avec 18 millions d'entrée et recevra l'Oscar du scénario pour son originalité tandis que les carrière de Ann Todd et Herbert Lom seront lancées. Quant à James Mason c'est une perfomance mémorable de plus au compteur et parmi ses plus reconnues.

Sorti en dvd zone 2 anglais mais dépourvu du moindre sous titres anglais comme français. Cela reste tout de même très accessible si on a un niveau d'anglais acceptable le film en vaut la peine !

2 commentaires:

  1. je viens de perdre mon long commentaire car je suis allée vérifier sur le web le nom de la Muse de la musique:
    C'est EUTERPE. IL est trop tard pour recommencer, mais je disais que nous étions au diapason pour ce film.
    Je vous parlerai à ce sujet de JANE EYRE et de PYGMALION pour d'évidentes raisons.

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  2. Je voulais dire aussi que LE SWING (?) et l'art du PORTRAIT
    considérés comme des "techniques" n'avaient pas de Muse.
    Selon les Grecs n'ont une Muse que les "arts du temps", ainsi la poésie, l'astronomie, l'histoire …
    j'ajouterais si j'étais Grècque moderne la psychanalyse et …
    l'histoire du cinéma !

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