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mercredi 16 mars 2011

Marie Walewska - Conquest, Clarence Brown (1937)

Marie Walewska rencontre Napoléon pour que cesse le partage du territoires par les Russes, les Prussiens et les Autrichiens. Ils seront amants et auront un enfant ensemble .

Marie Walewksa offre une brillante évocation romanesque des amours de Napoléon et Marie Walewska qui s'articule dans une parfaite rigueur de film historique fort scrupuleux des lieux et des évènements (tout le passage au Château de Finckenstein fut tourné sur les lieux même des amours de Napoléon et Marie Walwska). Le scénario dessine les personnages dans la même idées de va et vient entre les grandes figures historiques et romantiques qu'il représentent et un côté plus sensible, charnel et proche amené et créé par la passion pour leur histoire.

Cette facette se manifeste dès l'ouverture où Greta Garbo d'une première apparition pleine de grâce suspend une séquence bien barbare où des soldats russes paillards s'apprêtaient à mettre à sac son domaine. C'est la grande figure de la patriote rêvant d'une Pologne libre qu'on devine là en une séquence où elle tient tête aux russes et cette facette va progressivement s'estomper pour laisser place à l'amoureuse éperdue de l'Empereur.

Pour Napoléon c'est encore plus appuyé tant son mythe et sa grandeur son vanté avant son apparition effective à l'écran lorsque Marie va au devant de lui lors de son passage au relai de Blonie. Charles Boyer offre une prestation parfaite entre prestance imposante et touche plus triviale soulignant les origines modeste de Napoléon. Le mythe s'effrite donc au fil des avances insistantes qu'il fait à Marie et de l'usage de son pouvoir coucher avec elle qui cède pour qu'il assure sa protection à la Pologne. La romance ne peut réellement débuter que lorsqu'ils abandonnent simultanément leurs masques, lui de monarque, elle de patriote pour ce montrer tels qu'ils sont.

C'est le cas lors d'une des plus belles séquences du film lorsque Marie reproche à Napoléon (installé de force chez elle) son narcissisme et sa soif de pouvoir, et que ce dernier s'ouvre de manière surprenante en retournant tous les faits qui font sa gloire et la crainte qu'il inspire sous forme d'échecs personnels et politique. Un beau moment de lucidité où Charles Boyer exprime magnifiquement le doute et la fragilité intérieur de l'empereur, et où Marie entrevoit enfin un homme qu'elle peut aimer.

Tout le film n'est finalement qu'une poursuite après l'équilibre de ce moment surtout du côté d'un Napoléon dévoré par l'ambition alors que Marie Walewska s'abandonne elle totalement à cette amour. Le récit nous promène donc au quatre coins de l'Europe au fil des campagne de Napoléon et des rencontres fortuites des amants. L'ambiguïté de Napoléon s'illustre alors par diverses trahisons, le mariage sans amour avec une autrichienne pour sa lignée (Greta Garbo magnifique de douleur contenue lors de cette scène) et surtout une belle quiétude finale sur l'île d'Elbe brisée par sa soif de reconquête où il se servira de Marie comme messager de ses tractations.

Clarence Brown toujours aussi à l'aise dans le grand film historique dessine de somptueux tableaux pour accompagner son histoire, la maniaquerie du détail se disputant à la pure magnificence romantique. La scène de bal en Pologne est une merveille de tout les instants que ce soit décors, costumes idéalement mis en valeur par la mise en scène de Brown qui n'oublie jamais ses personnages pour l'apparat (la chorégraphie de danse totalement déformée par les déambulation du couple). Le baiser sous la neige après la première déclaration, les moments plus légers à Finckenstein offrent de précieuse respirations aux brefs mais saisissants moments guerriers notamment l'armée Napoléonienne au moral brisé par le climat prussien et des années de campagne harassante.

Il faut que tout soit perdu pour que les amants retrouvent cet équilibre qui les rapprocha, avant de se perdre pour toujours par l'exil à Saint-Hélène. Napoléon comprend enfin combien il donna si peu à cette femme qui lui céda tout mais il est déjà trop tard, le destin et la grande Histoire va les séparer à nouveau pour toujours cette fois.



Sorti en dvd zone 2 français chez Warner

5 commentaires:

  1. Je l'ai revu aujourd'hui, cela faisait longtemps. Garbo est... impériale. Quant à Boyer, quelle prestation étonnante! Avez-vous remarqué qu'il s'était "raccourci" le cou en mettant des épaulettes épaisses et hautes, de façon à paraître "râblé"? Ceci ajouté à cette démarche penchée... Bref, Napoléon comme sur les images et les tableaux. Boyer m'impressionne vraiment, parfois. Il y a un film de Fleischer, avec lui, Louis Jourdan et Dalio, que j'adore: "Spring Time". Boyer, là-dedans, est d'une finesse, d'une sensibilité, d'une élégance de jeu!...Vingt ans après "Maria W.",il a gagné en subtilité et sobriété. Un pétillement dans l'oeil... Rien de plus. Rien de trop.
    Lisa Fremont.

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  2. Oui je suis d'accord il y a un vrai travail sur le mouvement et la gestuelle de Boyer pour adopter le port de Napoléon il réussit vraiment brillamment à allier cette prestance des tableaux et une vraie humanité. Et que Garbo ça doit être son rôle faoris pour moi avec "Le Roman de Marguerite Gautier" vraiment une déesse du mélo.

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  3. Depuis quelques jours je me refais quelques Garbo. Et, oui, "Camille" est le rôle où je l'ai toujours préférée. Ma dernière re-vision (hier) ne m'a pas fait changer d'avis. Et la vie parisienne sous le Second Empire recréée par Cukor est incroyablement brillante Je "sors" à l'instant de "La Reine Chirstine" qui est un film assez magnifique aussi! C'est drôle, car je n'avais pas revu tout ça depuis des années, mais GG y est encore mieux que dans mon souvenir. Son jeu n'a pas vieilli. Contrairement à celui d'une Dietrich, par exemple. Ce point de vue étant ouvertement subjectif.
    LF

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  4. PS: le film de Fleischer évoqué plus haut est "HAPPY TIME" et non Spring Time, même s'il y est beaucoup question de printemps...
    LF

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  5. Le jeu plus retenu tout en charisme de Dietrich vieilli bien aussi je trouve mais Garbo même quand elle en fait des tonnes ça n'est jamais agaçant et toujours magique. Et puis tout de même Clarence Brown dans ce genre de grande fresque romanesque il sait y faire le bougre.

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