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lundi 14 mars 2011

Sur la piste de la grande caravane - The Hallelujah Trail, John Sturges (1965)


Alors qu'en 1867 la disette d'alcool menace la cité de Denver, Colorado, l'hiver fait rage et risque d'empêcher l'arrivée d'un convoi de quarante fourgons avec six cent barils de whisky et de champagne. Les Sioux guettent, le long de la piste Hallelujah, le convoi en provenance de Julesburg, tandis que les dames de la Ligue de tempérance, avec à leur tête Cora Templeton Massingale, entendent s'opposer à l'arrivée de l'alcool. À la tête du convoi, se trouve Frank Wallingham sous la protection du détachement de cavalerie du capitaine Paul Slater.

L'habituellement très sérieux John Stuges s'essayait au western comique avec ce délirant The Hallelujah Trail. Le film se pose en énorme pastiche des grandes épopées de l'Ouest à la John Ford, Hawks ou le Convoi de Femmes de Wellman. Le scénario mêle donc traversée d'un territoire hostile avec chargement dangereux à transporter, présence de la cavalerie et encombrement féminin des plus compliqué dans les contrées arides de l'Ouest.


Ce qui change la donne de ce qu'on a l'habitude de voir et crée la dimension comique est la nature de l'enjeu. La ville de Denver menacée de pénurie de whisky à l'approche de l'hiver ordonne l'arrivée d'un convoi massif pour empêcher le drame. Divers protagoniste plus délirant que les uns que les autres vont d'autres s'agiter autour de la précieuse cargaison. La ligue de tempérance en croisade contre l'alcool menée par Cora Templenton Massingale (Lee Remick peu riante d'habitude qui se lâche bien), la milice de Denver guidée par l'Oracle à la clairvoyance développée par le whisky (Donald Pleasence en roue libre), les indiens prêt à rompre la paix pour le précieux alcool (Martin Landau en chef sioux particulièrement allumé) et le propriétaire accompagnant sa cargaison avec un Brian Keith tout en excès en caricature de républicain capitaliste réactionnaire.

C'est à Burt Lancaster chef de cavalerie de gérer tout se petit monde et d'amener le convoi à bon port. Cette galerie de fous furieux est vraiment le grand atout du film qui multiplie les moments extravagants que ce soit les diverses interventions de l'Oracle, le défilé survolté de la ligue de tempérance en ouverture et surtout un gunfight en pleine tempête de sable où tout les protagonistes se croisent sans savoir qui est qui dans le tumulte.

L'aspect parodie fonctionne à plein Sturges se moque de son propre Fort Bravo mais lorgne aussi sur les grandes fresque plus récente comme La Conquête de l'Ouest (d'ailleurs l'affiche y fait allusion avec son slogan How west was fun) notamment l'intervention de la voix off sentencieuse et érudite de John Dehner qui a toujours le petit côté décalé sur les évènement qui fait mouche. Il y a pourtant un énorme problème Sturges n'a absolument aucun timing comique et alourdit grandement l'affaire qui aurait fait le bonheur d'un Black Edwards. Les gags sont trop étirés ou écourtés, le rythme ne décolle jamais réellement et de multiples situations à grand potentiel s'éssouffle complètement comme le grand échange final.

Tout ce qui est de l'ordre du spectaculaire est impressionnant et les moyens sont là mais une terrible lourdeur s'installe dès qu'il s'agit de faire rire hormis le score de Bernstein bien inspiré dans les deux registres. Reste donc un Burt Lancaster hilarant dans son sérieux stoïque contrebalançant avec l'hystérie régnant autour de lui mais sinon les 2h30 passent un peu difficilement ça aurait gagné à être plus resserré. Pas un ratage mais on sent un Sturges peu à l'aise dans sa tentative d'accompagner la déconstruction du genre en cours, d'ailleurs il reviendra à des atmosphères plus sombres dès le suivant avec le mémorable Sept secondes en enfer.

Sorti en dvd zone 2 français chez MGM

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