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vendredi 1 avril 2011

Casanova 70 - Mario Monicelli (1965)


Femmes fatales ou pures ingénues, en passant par les épouses parfaites, aucune ne résiste à Andrea, bel officier de l'OTAN qui va de conquête en conquête au gré de ses déplacements. Las de si faciles victoires, ce séducteur prématurément blasé n'arrive plus à éveiller son désir que lorsqu'il se trouve dans des situations périlleuses. Afin de régler son problème, il décide de se faire psychanalyser...

Casanova 70 est un Monicelli mineur, réalisé durant la période creuse des 60's pour le cinéaste après ses chef d’œuvre de la fin des 50's (La Grande Guerre, Le Pigeon) avant la nouvelle embellie des 70’s avec amorcées avec Mes chers amis. Le film offre cependant un des numéros d’acteurs les plus mémorables de Mastroianni où ce dernier est confronté à un mal particulier pour un séducteur, l'impuissance. Ayant découvert que le seul moyen d'éveiller sa libido est de se trouver dans une situation dangereuse, le scénario (fonctionnant plus comme un film à sketches malgré la trame générale chaque lieu et situation changeant selon la nouvelle conquête) offre foule de moments hilarants, chaque nouvelle proie de Mastroianni constituant une nouvelle mission difficile à effectuer. Il est dommage que le concept ne soit pas exploité jusqu'au bout car c'est là que le film décolle réellement et devient tordant.

Cela commence doucement avec un Mastroianni séduisant la femme de son supérieur tout en lui envoyant un télégramme pour qu'il rentre, l'urgence ressentie renforçant l'excitation. Viendra ensuite une coucherie dans un lit à baldaquin napoléonien, en plein milieu d'un musée. On s'aventure ensuite dans l'absurde, lorsque Andréa abandonne sa fiancée au cirque pour aller embrasser une jolie dompteuse dans la fosse aux lions et surtout ce passage où il se fait passer pour un médecin afin de vérifier la virginité d'une jeune sicilienne peu farouche alors que sa famille attend la réponse dans la pièce d'à côté.

Le tout se concluant dans une course poursuite fusil à la main où on reconnaît la patte des scénaristes Age/Scarpelli pour tourner les moeurs moyenâgeuses des Siciliens à la farce énorme. Malheureusement, au lieu de multiplier ce genre de situation en poussant de plus en plus loin le délire et le danger (comme l'épisode de la prostituée qui porte-malheur à ses clients), le film se perd un peu dans d'autres sous-intrigues moins intéressantes comme tout le final dans le château avec le mari retors et jaloux de Marisa Mell, interprété par Marco Ferreri en personne.

Il y a un certain potentiel inexploité, peut-être à cause de la censure mais surtout par manque d'audace. Marcello Mastroianni est parfait, au carrefour de ses rôles comiques et de son image de séducteur, qu'il casse et glorifie à la fois ici, notamment dans son discours final où il fait l'éloge de la conquête, préférant une séduction de longue haleine plutôt qu'une fille lui tombant facilement dans les bras. Un ode au challenge de la séduction en somme qui donne tout son sens à cet inégal mais fort agréable film.

Sorti en dvd zone 2 français chez Carlotta

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