Les intrigues d'un gangster qui veut contrôler une ville. Deux sœurs sont impliquées dans ces affaires de corruption.
Allan Dwan fut un des réalisateurs pionniers d'Hollywood dont la carrière monumentale s’étend de l’émergence à la chute du système des studios. Sa grande période, dont les vestiges restent à exhumer, est sans conteste celle du cinéma muet, pendant laquelle il inventa l’imagerie du cinéma d’aventure moderne dans les films de Douglas Fairbanks, et réalisa ses œuvres les plus personnelles et célébrées comme Stage Struck ou A society Scandal. Son aura se fera moins prestigieuse à l’arrivée du parlant, mais il continuera à apporter son savoir-faire et sa science de la narration à des projets aussi divers que les adaptations de Heidi avec Shirley Temple ou des grands films historiques comme Suez en 1938. Durant la toute dernière période de sa carrière, il évolua au sein d'une RKO sur le déclin.
Entouré du producteur Benedict Bogeous (entrepreneur reconverti dans la production de films et à la personnalité rocambolesque) et de collaborateurs essentiels comme le directeur photo John Alton et le compositeur Louis Forbes, Allan Dwan va délivrer durant quelques années une flopée de grandes réussites de série B qui par la grâce de nombreuses diffusions télévisées dans les 70's forment ses œuvres les plus connues pour les cinéphiles français.
Parmi les plus brillantes, on trouve le légendaire Deux rouquines dans la bagarre flamboyant et sulfureux film noir adapté d'un roman du James Cain (Assurance sur la mort, Le Facteur sonne toujours deux fois...) Le Bluffeur. L'histoire développe une intrigue typique de film de gangsters, autour d'un redoutable caïd tentant de maintenir sa mainmise sur la ville face à un candidat à la mairie vertueux. La mise en place des enjeux est classique et bien menée, mais ce sont les passions bien humaines qui vont prendre le dessus.
Les deux sœurs Rhonda Fleming et Arlene Dahl vont se retrouver mêlées à ses luttes de pouvoir et de corruption, notamment par l'entremise du personnage ambigu et ambitieux campé par John Payne. Malgré les foudres de la censure, l'ambiance sexuelle est palpable et assez inoubliable.
La sage et prudente June, incarnée par Rhonda Fleming, est contrebalancée par des tenues sensuelles mettant diablement en valeur ses formes généreuses tandis qu'Arlene Dahl campe un personnage kleptomane et névrosé à l'attitude terriblement aguicheuse et provocante. En point d'orgue, la fameuse scène du canapé, laissant à un intrus l'occasion de voir ses jambes lorsqu'il entre dans la pièce. Les postures suggestives et le regard de braise de l'actrice compensent largement ce que Dwan n'a pu se permettre d'inclure.
Le technicolor fabuleux de John Alton (les deux stars féminines sont plus rousses que rousses, une particularité de beaucoup de femmes chez Dwan) apporte une flamboyance peu coutumière au film noir, exacerbant les sentiments et la violence là aussi bien plus appuyée que le tout venant du genre, tel le dérangeant face à face dans la maison de plage, ou encore l'éditeur et son cadavre défenestré. C'est bien ce traitement tout en excès à tout point de vue qui démarque grandement le film et transcende un déroulement qui aurait pu paraître routinier. Une belle réussite.
Sorti en dvd zone 2 français au sein d'un coffret consacré à Allan Dwan chez Carlotta.
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