Pages

mercredi 31 août 2011

Rachel et l'étranger - Rachel and the Stranger, Norman Foster (1948)


Ohio, XIXe siècle. Après la mort subite de sa femme, le fermier David Harvey assure seul l'éducation de son fils. Il décide de se remarier avec sa nouvelle servante, Rachel, qu'il traite comme une femme d'intérieur. Toutefois, l'arrivée d'un trappeur et son béguin pour Rachel va éveiller en David des sentiments insoupçonnés.

Rachel and the Stranger est un des grands succès de la RKO qui voit la rencontre des deux stars montantes Robert Mitchum et William Holden qui se disputent ici les faveurs de la déjà établie Loretta Young. Le scénario écrit par le futur blacklisté Waldo Salt s'inscrit dans une veine de film progressiste dont la production s'amenuisera avec la montée du Maccarthysme. La question posée ici sera donc ce qui définit la place d'une épouse et d'une mère au sein d'un foyer, ce que vont devoir apprendre ou réapprendre les personnages du film et qui va évidemment bien au-delà des simples tâches ménagère même pour la rude vie des pionniers dans un Ohio sauvage. C'est donc le poids de la morale et des apparences qui obliger William Holden récent veuf à faire d'une servante son épouse afin d'assurer une présence féminine à son jeune fils et faire son éducation.


Le film pose d'emblée des situations très machiste pour les désamorcer progressivement : Holden achète donc son épouse 18 dollars à crédit sans qu'elle ait son mot à dire et la traite comme tel, un objet. Sans réel sentiment pour unir ce foyer Lorreta Young est donc traitée comme la domestique qu'elle n'a jamais cessé d'être malgré le mariage par un Holden encore atteint par la perte de sa femme et son fils qui ayant assisté à sa "vente" n'a aucun respect pour elle.


C'est en retrouvant son statut de femme que Loretta Young va peu à peu gagner sa place. C'est là qu'intervient le très séducteur personnage de trappeur incarné par Mitchum qui par ses manières attentionnée redonne confiance à Rachel et réveille la jalousie de William Holden. De l'issue de ce triangle amoureux va donc pouvoir enfin naître un vrai couple et une famille. Filmé sobrement par Norman Foster, l'ambiance est donc plutôt intimiste et laisse exister les personnages à travers leurs travaux fermiers au quotidien. William Holden, emprunté et taciturne est touchant de maladresse quand Mitchum au sommet de sa beauté s'avère gouailleur et séduisant, poussant d'ailleurs la chansonnette pour la première fois au cinéma.


Loretta Young est très attachante également et exprime parfaitement l'assurance que gagne peu à peu son personnage jusqu'à refuser la place qu'on veut lui attribuer et mener les deux hommes par le bout du nez. C'est au cours d'un final plus enlevé face aux indiens (et seul vrai moment d'action du film) que pourront enfin s'éveiller les sentiments d'Holden et assez symboliquement après qu'un incendie ait tout détruit lui faire reconstruire son foyer. Plus comme une pièce rapportée mais comme un membre essentiel. Joli film.

Sorti en dvd zone 2 chez Montparnasse dans la collection RKO
Savourons le superbe timbre de Bob Mitchum avec une des chansons entendues dans le film.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire