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jeudi 10 mai 2012

Give us the Moon - Val Guest (1944)


Pour ce qui est seulement son troisième film, Val Guest réalise avec Give us the moon un objet à l'opposé de ce qui fera sa renommée future au sein de la Hammer avec la notamment cultissime série des Quatermass. Ici on est plutôt dans la tentative de screwball comedy à l'anglaise adapté par Val Guest du roman The Elephant is White de Carl brahms et S.J. Simon. Quelques années après la fin de la guerre, l'Angleterre et plus particulièrement Londres sont en ébullition avec une activité économique en pleine reprise et le plein emploi pour tous. Tous ? Pas tout à fait puisque Peter Pyke (Peter Graves aucun lien avec le futur héros de Mission: Impossible) ancien héros de guerre et fils d'un riche propriétaire hôtelier ne fait rien et mène fièrement une existence oisive au grand désespoir de son père. Alors qu'il reçoit pour la énième les reproches de ce dernier, Peter reçoit une mystérieuse invitation d’une princesse russe désirant le rencontrer dans un restaurant obscur.

Cela dissimule en fait un stratagème des propriétaires pour attirer la clientèle masculine et les faire passer la soirée sur place à consommer dans l'attente de ladite princesse. Ayant deviné l'astuce Peter fait la connaissance de ses auteurs, les "Eléphants", joyeuse troupe d'émigrants russe sans le sous qui vivote ainsi d'arnaque en tout genre. On y trouve un joyeux gouailleur qui sollicite financièrement les passant l'ayant "sauvé" du suicide, un écrivain amateur de femme mariées banlieusarde et surtout la délicieuse Nina (Margaret Lockwood), un peu voleuse et mythomane sur les bords. Peter trouve enfin ses égal en fainéantise et décide d'intégrer la communauté des éléphants mais c'est compter sans son père qui lui confie la gestion d'un de ses nouveaux hôtel.

Voilà un pitch des plus prometteurs mais malheureusement le scénario est assez inconsistant. Peu ou pas de progression dramatique malgré des enjeux bien posés (Peter va-t-il grandir et intégrer le monde du travail ?) et les personnages n'ont guère évolués le générique de fin venus. Cet écueil est rattrapé par le sérieux grain de folie qui contamine l'ensemble. Les personnages sont plus loufoques les uns que les autres à commencer par une Margaret Lockwood irrésistible avec son accent russe outrancier, son débit mitraillette et un festival de minauderies destinées à piéger le gogo. On retiendra également Vic Oliver en aristocrate sans le sous et au verbe haut perché, Roland Culver "l'écrivain" raté qui passe l'essentiel du film affalé dans un fauteuil et Frank Cellier qui en fait également des tonnes en papa soupe au lait. Peter Graves jeune premier insouciant et souriant est fort à son avantage aussi.

Les scènes déjantées s'enchaînent donc sans temps mort et on retiendra plus particulièrement l'arnaque d'ouverture dans le restaurant ou encore un duel au petit matin où chacun des deux adversaires semblent fuir le combat (et surtout la veillée d'armes ou "les amis" se partagent les biens du futur duelliste). Malgré l'aspect un peu sans queue ni tête on rit donc beaucoup et le film se réserve néanmoins un atout qui le rend important. Val Guest aura repéré avant le tournage une jeune adolescente à un cours de danse qu'il décide d'engager sur Give us the moon. L'heureuse élue se nomme Jean Simmons et illumine déjà l'écran pour cette première apparition.

Elle incarne la petite teigne Heidi qui jure comme un charretier, fume et est rétive à toute autorité. Elle offrira ainsi un des moments les plus drôles du film en mettant sens dessus dessous un pensionnat chic où elle a été admise et s'avère même plutôt touchante vers la fin lorsqu'elle s'étonnera d'apprécier les vertus du travail. Rien que pour ses charmants premiers pas (son premier grand rôle dans Les Grandes Espérance de David Lean arrive deux ans plus tard) le film quand même assez oubliable vaut le coup d'œil.

Sorti en dvd zone 2 anglais dans le Coffret ITV consacré à Margaret Lockwood et déjà plusieurs fois évoqué ici.

Extrait avec la tonitruante première apparition à l'écran de la toute jeune Jean Simmons

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