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mercredi 23 mai 2012

The Voices of a distant star - Hoshi no koe, Makoto Shinkai (2002)


En 2047, Mikako Nagamine s'est engagée dans la Flotte Spatiale des Nations Unies (UNSF) et part en quête d'une race extraterrestre, les Tarsiens, dont on a trouvé un avant-poste sur Mars. Elle et son meilleur ami resté sur Terre, Noboru, tentent de rester en contact grâce aux e-mails qu'ils s'envoient mais elle s'éloigne de plus en plus à travers l'espace.

Makoto Shinkai en l'espace des deux joyaux de poésie que sont La Tour au-delà des nuages et 5cm par secondes s'est révélé comme un des talents majeurs de l'animation japonaise. Sa touche immédiatement identifiable croisait intimisme et grandiloquence, réalisme et fantasme dans une esthétique poétique imprégné d'une mélancolie de tous les instants. Tous ces artifices étaient au service d'une thématique récurrente, celle de l'éloignement entre les individus qui prend chez lui des proportions dramatiques immense que l'argument soit purement poétique et fantastique sur La Tour au-delà des nuages ou plus réaliste sur le plus mature 5cm par secondes. Avant ses deux films, Makoto Shinkai avait livré toutes les clés de son art dans ce premier court-métrage Voices of distant star qui les égale en émotion et en poésie, les œuvres suivantes affinant la patte visuelle et approfondissant les univers.

Dans un futur éloigné, Mikako est la meilleure amie de Noboru depuis le collège et passant la plupart de leur temps ensemble ils espèrent bien être à nouveau réunis lors de leur passage au lycée. Tout s'écroule lorsque Mikako très douée pour les sports est recrutée dans le cadre d'un programme spatial destiné à aller affronter une mystérieuse race extraterrestre aux confins de la galaxie. Contrainte d'abandonner Noboru sur terre, Mikako reste cependant en contact par mail avec son ami mais et fur et à mesure de son éloignement les messages s'espacent de plus en plus. Voices of distant star, c'est tout d'abord un sacré tour de force technique.

Fort de son expérience dans le monde du jeu vidéo, Makoto Shinkai réalise entièrement seul son court qui hormis les visages un peu grossier s'avère esthétiquement impressionnant de bout en bout, que ce soit la fluidité de sa mise en scène, la variété et l'extrême recherche des décors ou encore ses idées de mise en scène brillantes. En quelques courtes vignettes, Shinkai tisse le lien tendre entre Noboru et Mikako : les deux qui s'abritent ensemble de la pluie battante, le retour à vélo sous un soleil couchant tandis qu'au loin s'envole les fusées annoncent la séparation à venir.

Dès lors l'immensité du cosmos et les batailles spatiales épiques alternent avec des paysages urbains ordinaires dont le lien se fait par la seule voix off épistolaire narrant les mails entre les deux amis. Les messages se raréfient au fil des sauts plus profond dans l'hyperespace, les visages des personnages se réduisent peu à peu à des silhouettes alors que leur lien se distant mais ne rompt pas.

Noboru n'ose vivre sa vie dans l'attente d'un futur message alors qu'il vieillit au contraire de Mikako figée dans le physique de ses 15 ans et pour qui ses échanges sont la seule lumière d'un quotidien apocalyptique. Shinkai instaure une rêverie de plus en plus prononcée en nous plongeant dans les pensées des amoureux imaginant ce qui aurait pu être, traversant leurs coins favoris dans une imagerie onirique envoutante.

L'imagerie SF si aboutie n'est pas des plus originale et on y devine certaines influence de Shinkai comme la fameuse OAV de Gainax Gunbuster à laquelle on songe lors de la bataille finale et aussi via le design des méchas. Ce n'est qu'un prétexte pour le réalisateur pour donner une teneur plus grandiose et intense encore à sa thématique. La fin ouverte est ainsi d'un romantisme absolu et idéalisé qui ne résout rien sauf l'amour indéfectible maintenu en dépit de la distance.

Shinkai ose cette naïveté adolescente et pure qu'il prolongera dans La Tour au-delà des nuages avant de la questionner sur 5cm par secondes. En tout cas voilà 25 minutes de pure magie qui en font le plus beau court de la japanimation (avec La Rose Magnétique de Koji Morimoto dans le film à sketch Memories)) et un équivalent animé à La Jetée (influence assez évidente dans l'usage des images fixes) de Chris Marker.

Sorti en dvd chez Kaze. Il est possible d'avoir le court-métrage individuellement mais on peut aussi l'acquérir via l'édition collector de "5cm par secondes" dont j'ai déjà dit le plus grand bien ici ça vaut donc largement le coup !

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