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mercredi 29 août 2012
L'Aventure de minuit - It's Love I'm After, Archie Mayo (1937)
Un acteur vaniteux, Basil Underwood (Leslie Howard), est l'éternel fiancé de sa partenaire Joyce Harden (Bette Davis) à qui il promet toujours le mariage. Une spectatrice emballée, Marcia (Olivia de Havilland), vient faire une déclaration d'amour à l'artiste. Basil est sollicité par Henry Grant (Patric Knowles) fiancé de la jeune femme et fils d'un vieil ami afin de se rendre détestable auprès d'elle et stopper cette passion. Souhaitant se laver de ses fautes passé avant son mariage, Basil accepte et s'invite dans la famille pour le weekend...
Une merveille de screwball comedy digne des grands classiques du genre et assez inexplicablement méconnue, sans doute à cause de son casting qui aura peu eu l'occasion de déployer ses talents comique avec ce trio Leslie Howard (qui confirmera l'année suivante dans l'irrésistible Pygmalion d'Anthony Asquith), Bette Davis et Olivia de Havilland. L'histoire nous plonge dans le quotidien orageux du couple d'acteur shakespearien formé par Basil Underwood (Leslie Howard) et Joyce Harden (Bette Davis). Ces deux-là ne fonctionnent que dans le conflit permanent, l'égo surdimensionné de Basil n'ayant d'égal que le tempérament volcanique et la jalousie (justifiée) de Joyce.
La mémorable scène d'ouverture les voyant interpréter sur scène le dernier acte de Roméo et Juliette donne le ton avec notre couple échangeant phrases assassines en douce et se déstabilisant mutuellement afin d'être l'attraction principale. Pourtant dans le public, une spectatrice vit le moment intensément tant elle est folle d'amour pour Basil, c'est la jeune Marcia (Olivia de Havilland) qui ira même lui déclarer sa flamme en coulisse. Tout cela au grand désarroi de son fiancé Henry qui va solliciter Basil afin qu'il dégoute Marcia de ses charmes. Ne reculant jamais devant la performance et souhaitant s'absoudre de ses infidélités passée avant une énième demande en mariage à Joyce, Basil accepte le défi et s'invite pour le weekend dans la richissime famille de Marcia.
Le potentiel de ce pitch prometteur sera génialement exploité grâce à l'abattage des acteurs du scénario à rebondissement de Casey Robinson et du rythme effréné qu'instaure Archie Mayo. Leslie Howard jusque-là cantonné aux rôles de dandy romantique et d'intellectuel délivre là une prestation comique de haut vol. Il incarne là l'acteur narcissique dans toute sa splendeur, soliloquant du Shakespeare à toute occasion et en recherche constante de l'attention générale. On peut d'ailleurs y voir un second degré réjouissant sur lui-même puisqu'il jouait l'année précédente dans une adaptation de Roméo et Juliette signée George Cukor au côté de Norma Shearer.
Le voir ainsi tirer vers l'exagération ridicule les poses de héros romantique torturé est donc d'autant plus savoureux. Il retrouve ici Bette Davis avec laquelle il tourna L'Emprise (1934) et La Forêt pétrifiée (1936). Réticente au départ et n'ayant accepté que sur l'insistance du producteur Hal B. Wallis, cette dernière rayonne en actrice versatile,féroce puis radieuse, capricieuse puis jalouse et offre un répondant intense à Howard toutes leurs scènes communes étant chargée d'électricité. Enfin Olivia de Havilland en ingénue se pâmant d'amour est parfaite, maniant la niaiserie de son personnage juste ce qu'il faut pour le rendre drôle sans le ridiculiser. Tous trois sont au diapason en poussant loin la caricature mais réussissant à rester attachant (notamment la faiblesse toute masculine d'Howard sous l'arrogance) et maintenir l'intérêt pour les enjeux.
Rien ne se passe ainsi comme prévu, Howard malgré ses bonnes intentions n'étant pas insensible au charme d'une Olivia de Havilland (les deux se retrouveront bien sûr en Ashley et Mélanie dans Autant en emporte le vent) à croquer de charme sous l'œil courroucé du fiancé (Patric Knowles un peu transparent au sein de la folie ambiante). On rit franchement plus d'une fois devant les attitudes odieuses de goujateries d'Howard en roue libre (l'arrivée nocturne bruyante dans la maison, le petit déjeuner épique) et une De Havilland énamourée qui lui pardonne tout à son plus grand désespoir.
Le meilleur moment reste lorsqu'il s'introduit dans la chambre de la jeune femme et qu'il se montre très entreprenant afin de l'effrayer et qu'au contraire elle s'avère encore plus pressante que lui. Mayo s'avère particulièrement inventif pour tirer ses situations loufoques dans leurs derniers retranchement notamment grâce au majordome déjanté de Basil génialement joué par Eric Blore tel cette scène où il imite sans succès tous les chants d'oiseaux possible pour prévenir son maître en fâcheuse posture (pas de chance une voilière se trouve juste à côté) de l'arrivée de Bette Davis.
Porte qui claquent, quiproquos en pagaille et gags s'enchaînent donc joyeusement jusqu'à un final où la morale bien malmenée jusque-là (De Havilland attendant Howard dans sa chambre d'hôtel) sera finalement sauve. Basil jamais aussi charmant que face à une partenaire le malmenant peut retrouver Joyce tandis que Marcia semble enfin avoir ouvert les yeux sur la mentalité des "acteurs". Et cette réplique de nous achever définitivement, Marcia s'avérant guérie de son amour pour Basile et lui un peu moins de son amour pour lui-même.
Marsha : '' I was in love with Clark Gable last year. If I can get over him, I can certainly get over you !''
Basil : ''Who's Clark Gable?
Tordant !
Sorti en dvd zone 1 chez Warner dans la collection Warner Archives et donc sans sous-titres.
Rigolo, n'est-il pas ? ;-D
RépondreSupprimerOh oui merci de la recommandation ça faisait longtemps que je n'avais pas ri aussi franchement d'un bout à l'autre d'un film. Ca ne s'arrête jamais, Leslie Howard m'a plié plus d'une fois quel acteur ! C'est vraiment un mystère que le film demeure si méconnu c'est aussi bon qu'un Hawks ou Lubitsch en pleine forme.
RépondreSupprimerOui, je trouve... Mais c'est quand même joué dans un esprit plus absurde, je pense.
RépondreSupprimerUne des remarques que j'adore, c'est celle sur les fleurs sans odeur, quand Basil fait irruption chez lez West. En tant que spécialiste du faux, ce jugement sur les apparences est assez tordante.
Jolie réplique de Mélanie Hamilton !
RépondreSupprimerDeux autres répliques récentes de mes visionnages où Hollywood se plait à admirer son reflet devant le miroir :
"At leat, I have one consolation. If I were Ava Gardner, you’d still spend the night in this hogpen." (State Fair, Jose Ferrer 1962)
"How come every time you wake me up I have a date with Ann Sheridan? " (Desperate Journey, Raoul Walsh 1942)
Screwball inconnue de mon côté. De Mayo, je n'ai seulement vu les films typiques de l'époque Warner : The Doorway To Hell, Mayor To Hell, Gambling Lady, Black Legion...
C'est inconcevable que ces films soient totalement abandonnés sans sous titres sur Warner Archives !! J'ai vraiment la haine contre la Warner.
RépondreSupprimerhttp://hollywoodclassic.hautetfort.com/
Sinon bravo pour ton blog ! C'est une mine incroyable. ^^
Amicalement.
Stéphane.
On ne peut pas totalement en vouloir à Warner, les dvd de vieux films ne se vendent pas énormément semble t il et ça leur coute cher pour en faire des éditions standard correcte avec sous-titres. Avec cette solution ils sortent plein de films qu'ils auraient gardés dans leur tiroir autrement et qui deviennent disponible malgré tout même si c'est vrai que c'est rageant l'absence de sous-titres si on maîtrise mal l'anglais.
RépondreSupprimerMais en France depuis peu il y a la collection Trésors warner où ressortent certain Warner Archives avec VOSTF, les éditions sont un peu cher mais au moins c'est disponible ici.
Et merci pour le blog, à presque un film par jour depuis deux ans il commence à y avoir une sacrée matière oui ^^
Ah et je viens de lire ton billet sur ton blog, une solution pour éviter les frais de douanes achète tes Warner Archives via amazon UK ;-)
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