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lundi 17 septembre 2012

Quand la marabunta gronde - The Naked Jungle, Byron Haskins (1954)


L'histoire du film se déroule en 1901. Joanna (Eleanor Parker), une femme de la Nouvelle-Orléans, arrive sur une plantation de cacao, située sur les bords du Rio Negro au Brésil. Elle doit y rencontrer son nouveau mari, Christopher Leiningen (Charlton Heston), propriétaire de la plantation qu'elle a épousé par procuration. Leiningen la reçoit plutôt froidement et repousse toutes ses tentatives pour devenir plus intime.

The Naked Jungle nous offre un des meilleurs films d'aventures des années 50, romanesque et spectaculaire. Le romanesque est à chercher dans le curieux lien entre Joanna (Eleanor Parker), belle citadine de la Nouvelle-Orléans et le riche propriétaire Leiningen (Charlton Heston) régnant en maître sur des terres hostiles aux confins de l'Amérique du Sud. On apprendra ainsi que Leiningen soucieux de léguer à un héritier ce domaine qu'il a élevé à la force du poignet s'est "commandé" une épouse par procuration rigoureusement sélectionnée avec Joanna et que tous deux vont donc se rencontrer pour la première fois.

Ce postulat de départ quelque peu machiste se voit confirmé lorsque les époux se découvrent, Leiningen s'avérant un détestable tyran, d'autant plus irrité quand il découvre qu'il n'est pas le premier homme de la belle Joanna. Cette dernière, isolée dans ce cadre hostile face à un homme qui la méprise semble donc être une proie facile. Sauf qu'il n'en est rien, le plus faible n'étant pas forcément celui que l'on croit et que l'on n'a pas affaire à n'importe quelle femme avec Eleanor Parker.

Dès les premiers instants, le film n'a de cesse de magnifier sa terrassante beauté et il n'y bien que dans Scaramouche où sa flamboyante chevelure rousse étincelle plus de mille feux par la grâce du technicolor. Le film fonctionne de manière fort audacieuse sur l'apprentissage de l'amour et la tension sexuelle. Heston ayant vécu très jeune en autarcie ne sait comment se comporter avec les femmes et troublé par la beauté de sa femme (avec une apparition absolument ravageuse d'Eleanor Parker en déshabillé affriolant) ne trouve que l'agressivité pour faire bonne figure.

Eleanor Parker a pourtant deviné la sensibilité de cet homme sous ses manières rustres et va l'aider dans son éveil des sens et de la connaissance des femmes. L'actrice délivre une prestation époustouflante en amoureuse déterminée et Heston (très bon également) a beau serrer les deux et vociférer elle le domine lors de chacune de leur scènes commune, signifiant le rapport de force inversé en dépit des apparences. Elle parvient à éteindre sa brutalité par son calme (cette agression nocturne où elle lui signifie qu'il n'a pas besoin d'employer la force pour ce qui lui est dû) ou encore cet affolant moment où elle lui chamboule l'esprit en lui faisant passer de la crème sur le corps.

Le salut du couple viendra finalement de la plus grande menace qui pèse sur eux, cette fameuse marabunta. Evoquée du bout des lèvres par différents protagonistes apeurés dans la première partie du film, menace sourde et lointaine signifiée de manière symbolique (la fuite des oiseaux sauvages et le perroquet demeurant muet, les tambours dans la jungle) dont on ne saura rien jusqu'au final impressionnant.

La marabunta c'est donc une nuée de fourmis surgissant tel un fléau divin pour ravager la région, les assauts étant entouré de superstitions. George Pal à la production, Byron Haskins à la réalisation soit le duo qui offrit l'excellente version de La Guerre des mondes l'année précédente s'y entend pour en mettre plein la vue et après une première intimiste laisse éclater les morceaux de bravoures sans discontinuer. Les effets spéciaux sont remarquables pour illustrer l'aspect grouillante et inarrêtable des fourmis, nuée noires qui envahi progressivement le moindre recoin de décors.

Les scènes d'attaques mettent bien mal à l'aise lorsqu'elles s'en prennent aux humains, et malgré une amplification nécessaire pour le cinéma leur fonctionnement est plutôt bien vu comme lorsqu’elles ont l'intelligence d'user de feuilles pour traverser un fleuve.

Ce n’est que lorsqu’il sera sur le point de tout perdre face à ce danger que Leiningen saura admirer le courage de sa femme et enfin l’aimer sans réserve. Les flammes et la grande marée finale venant balayer les insectes font donc office de recommencement pour le couple lors d’une poignante conclusion.

Sorti en dvd zone 2 français chez Paramount

Extrait

2 commentaires:

  1. Ah j'aime beaucoup "La Piste des éléphants" aussi, c'est vrai que les deux films sont très proche avec ce mélange de romantisme, exotisme et menace naturelle impressionnante. J'aurai bien du mal à choisir entre les deux même si la tension érotique est clairement plus puissante dans le Haskins.

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  2. J'avais d'ailleurs déjà parlé du Dieterle sur le blog ici

    http://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.fr/2011/10/la-piste-des-elephants-elephant-walk.html

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