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dimanche 14 octobre 2012

Otaku No Video (1991)


Kubo mène une vie tranquille à l'université, avec sa petite amie. Mais quelque chose le gène, jusqu'à ce qu'il rencontre un de ses anciens camarades de lycée, Tanaka, qui l'introduit au monde des otakus. Kubo se découvre alors un nouveau but dans la vie : devenir l'Otaking, le roi des Otakus. Tout sera bon pour ça : le cosplay, créer des maquettes, puis le magasin, puis les chaînes de magasins les commercialisant, jusqu'à créer son propre dessin animé et construire son propre parc d'attractions réservé à l'amusement des Otakus.

Aujourd’hui récupéré à toutes les sauces, la figure du « geek », ce passionné maladif féru d’univers imaginaire (Science-fiction, heroic fantasy, jeux de rôle…) et d’informatique tend à se diluer. Autrefois minoritaire, mal vue mais authentique, cette communauté s’est vue amplifiée et devenir une sorte de norme « cool » avec l’arrivée dans la vie active  d’une nouvelle génération restée dans la nostalgie  de ses passions adolescentes. Le terme geek en  perdu de sa valeur et les vrais mordus laissent désormais place à des poseurs branchés. Ce genre de dégringolade n’a pas encore atteint le Japon où on emploierait pour les désigner le terme « Otaku », la définition portant ici plus particulièrement sur les fans d’animations, d’Idol (ces chanteuses pop japonaises adolescentes) ou de manga.

Le phénomène otaku connu une ampleur sans précédent au Japon dans les années 80/90 et notamment dans ses dérives que ce soit le caractère asocial de plus en plus  prononcé de certains otaku (ne sortant plus de chez eux pour s’adonner à leur passion) ou encore les trouble psychologique ou la différence avec le monde réel ne se fait plus. Perfect Blue, premier film magistral du regretté Satoshi Kon se pencha sur la question le temps d’un remarquable thriller hitchcockien où une Idol se voyait traquée par un dangereux admirateur.

Plus récemment la série Genshiken portait un regard attachant et moqueur sur la communauté otaku. Le vrai précurseur de ce miroir tendu à leur fans par les créateurs vient cependant des 2 oav*  du studio gainax (temple otaku s’il en est avec leur série culte Evangelion ou Nadia) de 1991 qui se penche comme rarement d'autres animé ont pu le faire sur le phénomène otaku. On suit le parcours de Kubo jeune étudiant à la vie rangée qui suite à la rencontre avec un camarade de lycée otaku sévèrement atteint, va se découvrir une vraie passion pour cet univers. 

La première oav nous décrit ainsi sa découverte du monde des otakus, l'animé ayant une vraie fonction pédagogique en nous décrivant les différents type d'otakus à travers les membres de la bande de mordus respectivement d'animé, de figurines, d'armes ou encore d'effets spéciaux, ainsi que leurs différentes manifestation tel le cosplay (ces assemblées où chacun vient déguisé comme ses héros favoris avec souvent un sens du détail impressionnant) et leurs bible avec des revues comme Animage ou Newtype. Aujourd'hui où tous ces comportements est bien implanté en occident aussi cela semblera sans doute trop explicatif mais la démarche à l’époque faisait preuve d’une vraie originalité notamment par l’usage  de vrais/faux reportages en images live entrecoupant l'intrigue de l'animé avec le portrait d'authentique otakus. 

Portait d’ailleurs assez vaste puisqu’allant de personnes rangées ayant un certain recul sur leur passion, d'autres n'assumant pas leurs déviance passée, des types normaux en passant par des individus réellement inquiétant et déviant. Le détail se fait également sur les différents types d'otakus moins connu comme les fondus d'informatiques ou les amateurs de garage kit, et en dévoilant des chiffres et des études sur leur comportement.

Le 2e oav voit Kubo suite au rejet qu'il a subit pour son statut (en se faisant larguer par sa copine) tenter de devenir l'otaku ultime, "l'otaKing" et vivre de sa passion en gravissant lentement les échelons et devenir un vrai chef d'entreprise. La petite chronologie des évènements qui agitent le Japon au même moment contextualisent bien l'histoire et ainsi les différentes mode de la communauté otaku, nos héros faisant tout d'abord fortune grâce au garage kit (qui consiste à monter et peindre soi-même ses figurines) au milieu des 80's avant de se relancer au début des 90's avec l'explosion de la vidéo d'animation et en créant leur propre personnage et série.

On y trouve certainement et une bonne part d'autobiographie, les fondateurs de Gainax étant des otakus autodidacte qui ont fait de leur passion leur métier (et faisant part de pas mal auto dérision en revenant sur leurs débuts) et peuvent ainsi en illustrer les penchants négatifs (perdre pied avec le réel, s'isoler) comme positif (se constituer une communauté d'amis animé de la même passion).
L’équilibre en récit et analyse est moins tenue dans cette deuxième partie et portraits réels d'otaku ralentissent pas mal l'histoire même si l’ensemble demeure captivant. La toute dernière scène, ode à l'imagination et au rêve quoiqu'il advienne et le temps qui passe est des plus brillantes.  L’anime ayant déjà 20 ans, les références restent ancrés à cette période et les trentenaires ayant grandis avec Récré A2 et autres Club Dorothée s’amuseront des scènes de cosplay où défile les déguisements de Cobra, Lamu, X-Or ou des mordus de Macross/Robotech. Il serait d’ailleurs intéressant de faire une suite aujourd’hui vu que le phénomène a dû prendre une autre ampleur encore avec l’explosion d’internet et plus généralement de la culture Japonaise dans le monde qui a permis d’exporter ce type de comportement plus local.

*produits d’animation destiné à la vidéo plus soigné que les séries tv et très en vogue au Japon dans les 80/90’s

Sorti en dvd zone 2 français chez Dybex


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