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lundi 12 novembre 2012

Mr. & Mrs. Smith - Alfred Hitchcock (1941)


Le mariage de David Smith et d'Ann Krausheimer Smith est régi par une suite de règles fixes. Un jour survient cependant une toute nouvelle règle qui pourrait bien compromettre leurs vœux de mariage.

Si les moments de comédies légers et piquant n'ont jamais manqués dans les films d'Alfred Hitchcock, ils ne servaient que de respiration dans des intrigues à suspense ou s'accompagnait d'un humour noir typique du réalisateur. Mr. & Mrs. Smith f ait figure de réelle exception puisque c'est la seule authentique comédie de la carrière du Maître du Suspense, aucun élément de thriller ne venant entraver cette comédie du remariage réalisé par amitié pour Carole Lombard. On navigue d'ailleurs dans la loufoquerie typique du genre dès l'ouverture étrange avec cette maisonnée dont l'activité est paralysée par ses époux enfermés depuis cinq jours dans une chambre dévastée. C'est que chez les Smith, le couple fonctionne selon des règles immuable comme celle ici de ne jamais se séparer après une dispute jusqu'à la réconciliation quel que soit le temps requis, David (Robert Montgomery) et Ann (Carole Lombard) finissant cette fois avec une barbe de trois pour lui et une coiffure ébouriffée chez elle avant de faire la paix

Le couple génialement mal assorti est campé par un duo au sommet de sa forme. Carole Lombard est ici une enquiquineuse de premier ordre truffant le quotidien du couple de règles diverses pour s'assurer de la flamme intacte d'un Robert Montgomery à l'inverse placide et toujours content de lui. Un évènement inattendu vient pourtant perturber l'équilibre des Smith, une erreur administrative révélant que leur mariage n'est pas officiel et qu'il doive remettre le couvert pour une nouvelle cérémonie.

Une formalité en apparence qui va prendre des proportions étonnantes. Suivant une autre règle de franchise absolue de Mrs Smith, Mr Smith aura avoué un peu plus tôt à son épouse que bien qu'il l'aime de tout son cœur s'il avait pu tout recommencer à zéro il n'est pas certain qu'il se serait marié. Aveu anodin qui va jeter le trouble lorsqu'il tardera trop à refaire sa demande et irritera une Mrs Smith humiliée qui va le chasser du foyer. Commence alors une longue et laborieuse entreprise de reconquête.

La complicité entre Robert Montgomery et Carole Lombard est parfaite avec son lot d'échange vachard dont un où à bout de ressources Mr Smith ne trouve rien de mieux que la menace machiste de couper les vivres à Mrs qui lui rit au nez en se rendant à l'emploi qu'elle n'a pas manqué de se trouver pour parer à cette éventualité. Il y a d'autres moments amusant de ce type mais le film ne décolle jamais complètement. Handicapé par le script trop timoré de Norman Krasna, Hitchcock pourtant capable de toutes les audaces et dérapages dans ses thrillers est étonnamment sage malgré le potentiel de son intrigue. Alors que la screwball comedy est un genre se prêtant idéalement aux rebondissements et situations les plus loufoques, tout passera ici le plus souvent par de long tunnel de dialogues poussifs plutôt qu'à de vrais retournements de situations.

Cela manque de folie alors que Carole Lombard (capable de prestations diablement  azimutées comme dans Mon homme Godfrey) et Robert Montgomery (dont la jovialité fait merveille dans Le Défunt récalcitrant son rôle le plus célèbre sorti la même année) sont les candidats idéal pour se laisser embarquer dans plus d'extravagance. Les tentatives de titiller la jalousie de l'autre au restaurant, la fausse maladie de Robert Montgomery ou la réconciliation finale au chalet, rien ne décolle jamais vraiment.

Même si c'est un des moteurs de l'intrigue, la désolante normalité de Gene Raymond (et surtout la platitude de sa prestation car sa sobriété offrait un pendant parfait au plus sanguin Robert Montgomery) n'en fait jamais un rival sérieux dans le triangle amoureux du film. C'est définitivement les acteurs qui nous emportent, que ce soit la malice finale de Montgomery ou une craquante Carole Lombard qui n'ose s'avouer sa tristesse à voir son homme définitivement abandonner la partie. Pas un ratage mais pour un Hitchcock romantique et enlevé, on préfèrera aisément revoir La Main au collet.

Sorti en dvd zone 2 aux Editions Montparnasse dans la collection RKO ou en zone 1 chez Warner avec un intéressant making of. 

Extrait

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