Plume passionnée et érudite de la culture populaire appréciée dans quelques revues spécialisée comme Mad Movies, Fathi Beddiar se penche dans cet ouvrage sur la controversée figure du vigilante. Qu’est-ce qu’un vigilante ? C’est une forme de héros ambigu et violent reprenant dans un cadre urbain une autodéfense armée qu’on imagine plus ayant cours à l’époque de l’Ouest sauvage où le fusil faisait loi. L’insécurité galopante ayant cours aux Etats-Unis à partir des années 70 a contribué à l’incursion de ce type de personnage dans le cinéma américain. C’est l’ère des Inspecteur Harry et autres Justicier dans la ville à la schizophrénie passionnante qui partage le spectateur entre jubilation pour ces héros de western venant régler les problèmes et réelle frayeur face à la violence décomplexée dont ils sont capables. Le genre perdra d’ailleurs progressivement de son ambiguïté pour une dérive plus fun et décérébré dans les années 80/90.
Fathi Beddiar fait ici un remarquable panorama de cette culture de l'autodéfense dans l'histoire américaine amenant à cette réalité d’avoir des foyers abritant une arme à feu, « au cas où »… Cette approche sociologique se prolonge dans le cinéma avec nombres d’analyses intéressantes et approfondies, d’évocation de classiques, de perles obscures ou des pires nanars tous représentatifs de cette fascination et répulsion pour cette figure de « sheriff » armé et vengeur venant brutalement faire le ménage. En plus de ce recensement, l’auteur fait preuve d'un vrai point de vue et n'hésite pas à égratigner certains intouchables comme les deux premiers volets d’Un Justicier Dans la Ville justement, la série tv The Shield (« qui est ce que Rick Hunter est à Inspecteur Harry » comparaison cinglante et très drôle) ou le Vigilante de William Lustig symbole justement des dérives du genre dans les 80’s.
On aura également un des rares (le seul ?) texte
vraiment poussé sur le bouleversements des premiers Steven Seagal dans la nature
des héros de films d'actions et son rapport à la politique de Reagan. Pas des
grands films mais aux motifs significatifs d’une période donnée du pays quant à
la façon de justifier et mettre en scène les méfaits de son héros, Beddiar
détachant Seagal des musculeux plus populaire que furent Schwarzenegger et
Stallone (dont les différences de ton entre Rambo
et Rambo 2 illustrent bien la bascule
entre l’amertume des 70’s et le ton va t en guerre des 80’s). Dernier point
intéressant, l’évocation de quelques projets avortés qui aurait pu être
marquant comme cette adaptation du comics Punisher
(sachant que les trois existantes sont ratées) réalisé par Friedkin avec
Stallone dans le rôle-titre. Un seul reproche, l’étrange oubli du Pacha de
George Lautner lorsque Beddiar évoquera les incursions françaises dans le genre
alors que Gabin en flic vengeur y est assez inoubliable.
Edité chez Bazaar and Co
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