Pages

dimanche 9 décembre 2012

Ça plane les filles - Foxes, Adrian Lyne (1980)


Quatre adolescentes désœuvrées de San Fernando Valley découvrent le monde du sexe, de la drogue et entrent en confrontation avec leurs parents.

Avant ses succès tapageurs des années 80 (Flashdance, Liaison Fatale, 9 semaines ½ ) signait ce superbe teen movie qui offre un des meilleurs rôles adolescents de Jodie Foster. Le style tape à l'œil et léché du réalisateur, mètre étalon d'une certaine esthétique 80's sert grandement le propos ici. La scène d'ouverture nous présente nos quatre héroïnes Jeanie (Jodie Foster) Annie (Cherie Currie), Madge (Marilyn Kagan) et Deirdre (Kandice Stroh) endormies après une folle nuit de fête. La caméra caresse amoureusement leurs courbes, le tout nappé dans une photo diaphane créant un climat de douceur et de sensualité pour une érotisation qui jure avec les visages poupins et juvéniles des demoiselles.

Toute la thématique du film se résume dans cette ouverture avec des héroïnes donnant l'illusion d'être adultes et aguerries pour voler de leur propre ailes mais en réalité encore fragiles et immatures. La trame s'attarde sur le quotidien peu reluisant de chacune, confrontée chacune à une situation familiale difficile. Jeanie voit peu son père promoteur de concert séparé de sa mère qui elle aligne les amants de passages. Annie suit une pente d'autodestruction sordide entre coucheries, drogues, un père policier violent et une mère déconnectée. Quant à Madge, sa famille est certes plus équilibrée mais elle vit une liaison inappropriée avec un adulte plus âgé (Randy Quaid).

Loin du côté propret et rétro d'un American Graffiti et pas encore phagocyté par le modèle John Hughes, Foxes s'éloigne du côté très conceptuel de ces deux visions du teen movie pour une narration plus libre et décousue où le drame vient s'inscrire progressivement dans une tonalité faussement légère. Contrairement au côté WASP propret de Hughes, nos adolescentes nettement plus délurées et couchent, fument et semblent totalement livrées à elles-mêmes tant les adultes semblent eux-mêmes névrosés (Sally Kellerman excellente en mère dépassée). La ville de LA constituent ainsi un personnage à part entière tant le cadre hédoniste et dangereux à la fois constitue un nid de tentation pour notre quatuor.

Lyne alterne ainsi les déambulations face à la pittoresque faune du Sunset Strip, les séquences nocturnes où cette ensemble peut devenir violent et cauchemardesque et une imagerie onirique à la photo voilée qui semble figer ces moments dans (rétrospectivement) une certaine nostalgie de ce que fut la ville à cette époque et une accompagne les rêveries de ce spleen adolescent. Le score de Giorgio Moroder renforce ces directions et le leitmotiv disco instrumental du On the Radio de Donna Summer (écrit précisément pour le film par Moroder) dévoile toute la mélancolie de la chanson avec cet arrière-plan dramatique.

 Ayant ainsi si bien posé l'ambiance, Lyne peut s'attarder sur les destins individuels. Jodie Foster, fragile et mature à la fois est formidable de justesse, seul soutien solide pour ses amies mais aussi perdues qu'elles. L'autre grande révélation est Cherie Currie en fille perdue qui joue là un rôle quasi autobiographique. Cherrie Currie fut en effet la chanteuse des Runaways, groupe rock adolescent précocement soumis aux dérapages en tout genre et certaines errances de son personnage furent également les siens. Cette fragilité et mimétisme se ressente dans sa prestation à fleur de peau et elle s'avère très touchante. Le reste du casting est constitué d'autres gloires plus ou moins éphémères de l'époque comme un très attachant Scott Baio ou encore des apparitions d'une Laura Dern débutante.

L'intrigue est un va et viens constant entre un trop précoce passage à l'âge adulte prenant un tour décalé avec une scène de dîner privé "comme les grands" qui vire à l'apocalypse, certaines rencontrant un bonheur inespéré ou se brûlant les ailes une fois de trop. Dernier rôle de Jodie Foster avant un hiatus de 4 an pour ces études universitaires, Foxes démontrait qu'il faudrait compter avec elle, tout comme Adrian Lyne même s'il n'a pas réellement confirmé cette belle entrée en matière.

Sortie en dvd zone 2 français chez MGM

1 commentaire: