Dans les Ardennes, en 1944, des soldats américains se heurtent à la résistance d'un blockhaus allemand.
Don
Siegel réalise un saisissant film de guerre, au croisement des œuvres
désespérées des années 50 et d'une modernité apportée celle des années
60. Durant les années 50 en traitant directement où en s'inspirant du
contexte de la Guerre de Corée des films comme
La Gloire et la peur de Lewis Milestone ou
Attack
de Robert Aldrich oubliaient le patriotisme de rigueur pour se pencher
sur l'humanité et les tourments intérieurs de ces soldats envoyés au
front pour une cause floue, chair à canon de politiques insouciant de
leur sort ou d'officiers ambitieux. Le script de Robert Pirosh reprend
cette idée en présentant longuement dans son introduction les différents
membres d'une section démobilisés dans leur tête car pensant bientôt
rentrer au pays. Il n'en sera rien puisqu'on leur attribue une mission
périlleuse où une poignée d'entre eux devront maintenir la garde face à
un bunker allemand bien plus fourni en armes et en hommes en attendant
des renforts.
L'ambiguïté naît de l'apparition d'un nouveau
membre dans l'escadron, Reese (Steve McQueen). Lui est tout l'inverse de
ses camarades, taciturne, éteint et autodestructeur hors de la zone de
combat, il est dans son élément et tous les sens en alerte dès que les
balles sifflent la guerre étant son terrain de jeu. Steve McQueen est
d'un magnétisme glaçant en machine à tuer glaciale, c'est vraiment un
fauve en liberté profitant de la guerre pour assouvir ses pulsions
violent (cette scène où il trucide longuement un ennemi avec son
poignard de boucher...). Siegel l'isole constamment par rapport à ses
camarades, par le montage, le cadrage où sa différence est marquée par
rapport aux autres (le plan d'ensemble dans l'église où chacun prépare
ses bagages quand lui fignole son arme) ou encore lorsque la caméra suis
le visage anxieux des autres soldats assis dans le camion avant de
s'arrêter sur le sien impassible.
Le film annonce ainsi le message
contenu dans un film comme
Les Douze Salopards d'Aldrich où la guerre est l'affaire de types peu recommandables mais nécessaires (en plus léger on peut penser au Eastwood de
Quand les aigles attaquent
qui prend un malin plaisir à décimer des hordes de nazi à la
mitraillette l'air détaché) pour le sale boulot. Tout le film semble
alors le mettre en valeur, justifier ses écarts de brutalité et son
insubordination jusqu'à un rebondissement final étonnant qui
l'humanise et le montre rongé par le remord après la mort d'un compagnon
suite à une de ses initiatives. Le final joue ainsi d'un habile entre
deux en le sacrifiant et en en faisant un héros dans le même temps.
Siegel explore toutes ces idées avec l'efficacité qu'on lui connaît, la tension
est à son comble avec un rien : ennemi quasi invisible (le
Baïonnette au canon de Fuller n'est pas loin dans l'esprit), terrain d'affrontement
ouvert et mortel et certaines séquences haletante tel cette traversée
d'un champ de mine suffocante. Grand film de guerre !
Sorti en dvd zone 2 français chez Paramount
C'est vrai, il y a une parenté avec "Fixed Bayonets". Je préfère ce Siegel (même si j'aime énormément le Fuller). Merril's Maraudeurs restant mon préféré parmi les films de guerre avec "Objectif Burma" de Walsh. J'aimerais bien revoir "Un Château en enfer". Mais au cinéma. Je ne l'ai vu qu'à la télé et les 2 fois je me suis ennuyée et endormie, alors que j'ai adoré le roman foldingue de Eastlake ! Bon, à part ça, j'aime pas Amélie Poulain. Je te l'ai déjà dit...?
RépondreSupprimerLisa Fremont.
"Un château en enfer" c'est formidable mais assez particulier il faut rentrer dans l'ambiance quand le film de guerre rencontre le cinéma psychélique et quasi expérimental par instant en tout cas ça reste très impressionnant. C'est vraie qu'une ressortie serait bienvenue ça doit faire son effet en salle, j'ai le souvenir d'une destruction d'église assez autre (et Pollack assez sobre d'habitude dans sa mise en scène se lâche carrément pour le cou).
RépondreSupprimerLe Siegel est plus impressionnant et efficace que le très bon Fuller un eu fauché malgré le savoir faire de Fuller et uis Steve McQueen quel charisme ça fait un atout supplémentaire de taille !
Oui, ça lui va bien, à McQueen, ce rôle de bifteck froid. Siegel l'a bien choisi.
RépondreSupprimerLe bouquin "Un château en enfer" de William Eastlake est, lui, carrément excellent. Je pense que les aspects réussis du film lui doivent beaucoup.
Tiens il semble que mon clavier avait un problème avec le p dans mon message précédent ^^. Je tenterais le livre à l'occasion alors, ça m'avait pas mal rappelé un film postérieur "La Neuvième configuration" de William Peter Blatty au niveau de l'atmosphère mêm si là on cause plus de vétérans internés mais il y a des liens dans le rapport à la guerre, le cadre assez particulier dans un château aussi qui joue sur les comportements des protagonistes... Peut être que le film de Pollack en a été une des inspirations.
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