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mardi 15 janvier 2013

L'Enfer est pour les héros - Hell is for Heroes, Don Siegel (1962)


Dans les Ardennes, en 1944, des soldats américains se heurtent à la résistance d'un blockhaus allemand.

Don Siegel réalise un saisissant film de guerre, au croisement des œuvres désespérées des années 50 et d'une modernité apportée celle des années 60. Durant les années 50 en traitant directement où en s'inspirant du contexte de la Guerre de Corée des films comme La Gloire et la peur de Lewis Milestone ou Attack de Robert Aldrich oubliaient le patriotisme de rigueur pour se pencher sur l'humanité et les tourments intérieurs de ces soldats envoyés au front pour une cause floue, chair à canon de politiques insouciant de leur sort ou d'officiers ambitieux. Le script de Robert Pirosh reprend cette idée en présentant longuement dans son introduction les différents membres d'une section démobilisés dans leur tête car pensant bientôt rentrer au pays. Il n'en sera rien puisqu'on leur attribue une mission périlleuse où une poignée d'entre eux devront maintenir la garde face à un bunker allemand bien plus fourni en armes et en hommes en attendant des renforts.

L'ambiguïté naît de l'apparition d'un nouveau membre dans l'escadron, Reese (Steve McQueen). Lui est tout l'inverse de ses camarades, taciturne, éteint et autodestructeur hors de la zone de combat, il est dans son élément et tous les sens en alerte dès que les balles sifflent la guerre étant son terrain de jeu. Steve McQueen est d'un magnétisme glaçant en machine à tuer glaciale, c'est vraiment un fauve en liberté profitant de la guerre pour assouvir ses pulsions violent (cette scène où il trucide longuement un ennemi avec son poignard de boucher...). Siegel l'isole constamment par rapport à ses camarades, par le montage, le cadrage où sa différence est marquée par rapport aux autres (le plan d'ensemble dans l'église où chacun prépare ses bagages quand lui fignole son arme) ou encore lorsque la caméra suis le visage anxieux des autres soldats assis dans le camion avant de s'arrêter sur le sien impassible.

Le film annonce ainsi le message contenu dans un film comme Les Douze Salopards d'Aldrich où la guerre est l'affaire de types peu recommandables mais nécessaires (en plus léger on peut penser au Eastwood de Quand les aigles attaquent qui prend un malin plaisir à décimer des hordes de nazi à la mitraillette l'air détaché) pour le sale boulot. Tout le film semble alors le mettre en valeur, justifier ses écarts de brutalité et son insubordination jusqu'à un rebondissement final étonnant qui l'humanise et le montre rongé par le remord après la mort d'un compagnon suite à une de ses initiatives. Le final joue ainsi d'un habile entre deux en le sacrifiant et en en faisant un héros dans le même temps.

Siegel explore toutes ces idées avec l'efficacité qu'on lui connaît, la tension est à son comble avec un rien : ennemi quasi invisible (le Baïonnette au canon de Fuller n'est pas loin dans l'esprit), terrain d'affrontement ouvert et mortel et certaines séquences haletante tel cette traversée d'un champ de mine suffocante. Grand film de guerre !

Sorti en dvd zone 2 français chez Paramount

4 commentaires:

  1. C'est vrai, il y a une parenté avec "Fixed Bayonets". Je préfère ce Siegel (même si j'aime énormément le Fuller). Merril's Maraudeurs restant mon préféré parmi les films de guerre avec "Objectif Burma" de Walsh. J'aimerais bien revoir "Un Château en enfer". Mais au cinéma. Je ne l'ai vu qu'à la télé et les 2 fois je me suis ennuyée et endormie, alors que j'ai adoré le roman foldingue de Eastlake ! Bon, à part ça, j'aime pas Amélie Poulain. Je te l'ai déjà dit...?
    Lisa Fremont.

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  2. "Un château en enfer" c'est formidable mais assez particulier il faut rentrer dans l'ambiance quand le film de guerre rencontre le cinéma psychélique et quasi expérimental par instant en tout cas ça reste très impressionnant. C'est vraie qu'une ressortie serait bienvenue ça doit faire son effet en salle, j'ai le souvenir d'une destruction d'église assez autre (et Pollack assez sobre d'habitude dans sa mise en scène se lâche carrément pour le cou).

    Le Siegel est plus impressionnant et efficace que le très bon Fuller un eu fauché malgré le savoir faire de Fuller et uis Steve McQueen quel charisme ça fait un atout supplémentaire de taille !

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  3. Oui, ça lui va bien, à McQueen, ce rôle de bifteck froid. Siegel l'a bien choisi.

    Le bouquin "Un château en enfer" de William Eastlake est, lui, carrément excellent. Je pense que les aspects réussis du film lui doivent beaucoup.

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  4. Tiens il semble que mon clavier avait un problème avec le p dans mon message précédent ^^. Je tenterais le livre à l'occasion alors, ça m'avait pas mal rappelé un film postérieur "La Neuvième configuration" de William Peter Blatty au niveau de l'atmosphère mêm si là on cause plus de vétérans internés mais il y a des liens dans le rapport à la guerre, le cadre assez particulier dans un château aussi qui joue sur les comportements des protagonistes... Peut être que le film de Pollack en a été une des inspirations.

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