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dimanche 17 mars 2013

Les Dix Commandements - The Ten Commandments, Cecil B. DeMille (1923)


Dans sa première partie, le film raconte l'épisode biblique de la captivité des Hébreux en Égypte à l)'époque du pharaon Ramsès II (Charles de Rochefort), leur exode vers la Terre Promise, la traversée de la Mer Rouge, Moïse (Theodore Roberts) recevant les tables des Dix Commandements.
La seconde partie se situe dans les années 1920. Elle relate l'histoire des deux fils d'une femme bigote (Edythe Chapman), l'un mauvais garçon (Rod La Roque), l'autre sérieux (Richard Dix), qui convoitent tous deux la même jeune femme.

Si l’on ne retient aujourd’hui de Cecil B. DeMille que l’image du réalisateur de monumentales fresques religieuses, il n’en fut pas toujours ainsi. Sa première incursion dans le gigantisme fut un échec commercial avec son Jeanne d’Arc réalisé en 1917. DeMille rencontre ses premiers succès au début des années 20 avec des comédies de mœurs caustiques et irrévérencieuses annonçant la screwball comedy des années 30 et dont l’audace est à peine atténuée par la morale finale comme Le Détour (1922) ou Le Réquisitoire (1922). 

Le DeMille pieux et adepte du gigantisme nait donc réellement avec Les Dix Commandements,  première version muette de l'épopée biblique qu’il remakera en 1956 dans son film le plus célèbre. Bien différente de la seconde version essentiellement consacré au destin de Moïse, DeMille adopte ici une construction à la manière de Griffith dans Intolérance (1916) qui superpose les époques. La partie péplum constitue en fait un long prologue de 48 minutes avant d'embrayer sur un récit contemporain où après avoir assisté à leur édification pleine de bruits et de fureur on verra la difficile application de ses des Dix Commandements à l'ère moderne.

Dans un premier temps on assiste donc à l'histoire bien connue de Moïse dans un format plus resserré que la version de 56 à laquelle il fallait presque 4 heures pour tout raconter.  Les situations défilent trop vite, on s'attache peu aux personnages qui ne dépasse jamais leur archétype biblique (notamment le Moïse très théâtral incarné par Theodore Roberts) et l’ensemble constitue surtout un beau livre d'images où DeMille étale sa foi avec quasiment tous les intertitres étant issus du livre de l'Exode. 

Cependant on en prend plein les yeux et niveau gigantisme cette version n'a rien à envier à celle de 56 avec ses palais égyptien monumentaux, les figurants à pertes de vue et les fameux morceaux de bravoures que sont la traversée de la mer rouge (effets spéciaux épatants pour l'époque) ou l'écriture des tables de la loi, le tout débordants d'idées. 

Le côté sadique et libidineux de DeMille fonctionne à plein aussi entre les châtiments infligés aux israélites et surtout la scène du veau d'or tout aussi gratinée dans les deux versions avec orgies, beuveries et ambiance païenne offrant de saisissant tableaux. C'est aussi le seul moment où DeMille s'écarte du texte biblique en forçant le trait et infligeant la lèpre à une des pècheresses, fait qui se répercutera dans la partie moderne.

 On passe ensuite à la partie moderne avec la rivalité entre deux frères faisant un parallèle avec Moïse et Ramsès. L'un est un athée bien décidé à transgresser tous les commandements pour faire fortune tandis que l'autre pieux et réfléchi en reste à sa modeste condition. C’est  un moment de cinéma assez étonnant, le ridicule le plus désopilant côtoyant de pur moment de grâce. 

La mère des deux frères, vraie grenouille de bénitier sortant sa bible énorme et assénant les commandements à tout bout de champs amène pas mal de situations comiques illustrant le talent de DeMille dans la comédie à l'époque et le montrant capable de second degré en dépit de sa réputation. Les personnages sont bien plus intéressants avec ces deux frères se disputant l'amour d'une femme et lorsque la tragédie surgit à cause de la cupidité Dan (Rod La Rocque) le non croyant, l'émotion fonctionne vraiment,  pure et intense.

Si DeMille parvient enfin à nous impliquer émotionnellement dans cet épisode moderne, il a par contre la main bien lourde dans la diatribe religieuse. La lente et interminable déchéance de John où lui est rappelé chaque commandements qu'il a enfreint tout au long du film est des plus pénibles, provoquant presque l'effet inverse puisque même dans ces errements le personnages a au moins suivi une voie individuelle et autonome. Malgré l’indéniable puissance visuelle, on peut donc préférer la seconde version qui  sans être moins pieuse savait y mêler une dimension épique et grandiose parlant à tous. Il semble d’ailleurs que DeMille ait retenu la leçon après cette première tentative puisque toutes ses futures fresques religieuses sauront apporter un piquant supplémentaire bienvenu que ce soit la luxure Pré-code du Signe de la croix (mais aussi Cléopâtre - 1934) ou l’histoire d’amour de Samson et Dalila (1949).

Sorti en dvd zone 2 français et bluray en édition collector comprenant également la version de 1956.

2 commentaires:

  1. Ouh, ça donne envie, ça ! C'est facilement trouvable ? Merci pour ce billet.. :-D

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  2. Oui il suffit de prendre l'édition collector des Dix Commandements de 1956, cette version muette y est incluse. J'avais pu la découvrir en salle il y a quelques années à l'occasion de la rétro DeMille à la cinémathèque française avec accompagnement musicale ça faisait son petit effet.

    C'est tout aussi spectaculaire et impressionnant que la seconde version même si je préfère cette dernière.

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