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lundi 15 avril 2013

Other Men’s Women - William A. Wellman (1931)


Bill et Jack sont deux ingénieurs ferroviaires. Les choses se gâtent dès lors que premier commence à éprouver de l'attirance pour la femme du second...

Other men’s women est une grande réussite Pré-Code qui plus que par les audaces morales auquel on associe le genre brille surtout par une pureté narrative et émotionnelle donnant un récit à la fois poignant, juste et à la concision parfaite. Bill White (Grant Withers) est un agent ferroviaire jovial et attachant auquel il ne manque qu'un environnement idéal pour laisser s'exprimer ses qualités.

En attendant, il court plutôt les filles de mauvaises vies et accumule les dérapages alcoolisé dans une existence sans but sorti de son travail. Après l'écart de trop il est expulsé de sa résidence mais son ami et partenaire Jack Kulper (Regis Toomey) le récupère en le logeant chez lui. Là l'environnement paisible et surtout les attentions de Lily (Mary Astor) l'épouse de Jack en font enfin un autre homme mais au prix d'un désir coupable et de la mise en péril d'une belle amitié.

Wellman fige avec une belle cohérence les caractères de ses personnages, en fonctionnant constamment dans le contraste. La vision quasi documentaire du travail ferroviaire installe l'amitié solide entre Bill et Jack à travers leur complicité et la confiance mutuelle nécessaire à la synchronisation de leur tâche. Ils ne font qu'un alors que Bill sorti de ce cadre semble une âme perdue (la scène d'expulsion quelque peu alcoolisée et hilarante avec la logeuse bègue colérique), un enfant sans repère. Des repères qu'il va trouver dans le doux foyer tenu par Lily où tout évoque une pureté absente du monde extérieur.

La maison spacieuse toute blanche dans sa façade et ses intérieurs chaleureux s'oppose au bar de la gare encombré, les repas préparé avec amour par Lily sont bien plus appréciable que ceux quelconques dévorés en solitaire au comptoir. Et bien évidemment Lily est un pur pendant inversé de la vulgaire mais attachante Mary (Joan Blondell). Mary Astor mêle magnifiquement séduction et douceur qui font craquer dès sa première apparition où tout homme ne désirerait plus qu'être choyé par elle. C'est sa présence si douce qui permet à Wellman d'instaurer en quelques scènes à peine une inévitable tension érotique avec Bill qui n'a jamais connu tel quiétude.

L'adultère est amené avec une vraie retenue, aussi brièvement épanouissant que coupable aux regards des liens qu'a pris soin de tisser Wellman. Le drame s'instaure donc, ramenant chacun à une forme de statu quo qui ne peut plus être le même pour des raisons morales (Bill cédant à ses travers mais désormais rongé par la culpabilité), physique (Jack diminué) et en sentimentales avec Lily se sacrifiant au nom du devoir.

Le rebondissement final permettant de réunir les amants (et permettant de garder la morale sauve) parait facile sur le papier mais d'une telle force dans son spectaculaire accomplissement que l'on en oublie vite les ficelles tant la scène est touchante. L'épilogue use d'ailleurs d'une délicatesse et d'une finesse brillante pour contrebalancer, suspendant par un échange final des retrouvailles que l'on sait inévitable.

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner dans leur collection Forbidden Hollywood consacré aux films Pre-Code 

2 commentaires:

  1. Adjugé, vendu ! Merci pour le billet, qui m'a aidée à m'orienter dans les parutions "Forbidden Hollywood". (Nous adorons cette collection...)
    Quel effet cela fait-il d'être prescripteur ?

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  2. Warner fait vraiment du beau travail, entre les raretés "Trésor Warner" et cette collection Forbidden Hollywood avant il valait systématiquement se tourner vers le zone 1 et là toutes ces merveilles sont disponible chez nous. Sinon oui c'est très agréable d'être prescripteur et on me le rend bien aussi (c'est grandement grâce à vous que je suis un fondu des productions Gainsborough avec le coffret Granger et Margaret Lockwood !) !

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