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vendredi 19 avril 2013

Predator - John McTiernan (1987)



Parti à la recherche d'une équipe de conseillers militaires américains dans la forêt équatorienne, un commando de mercenaires dirigé par Dutch Schaefer est attaqué par un ennemi invisible et indestructible.

John McTiernan signe son premier classique avec cette grandiose relecture des Chasses du Comte Zaroff. Le chasseur vient cette fois d’un autre monde traquer la proie la plus dangereuse de la galaxie, l’Homme. Un peu à la manière du Aliens (1986) de James Cameron où les fanfaronnades des militaires étaient éteintes par les assauts imprévisible des aliens, McTiernan procède ici par étape. Le début est presque un cliché du film de commando ici hypertrophié à l’aune de l’actionner bourrin des 80’s. 

Muscles saillants, armes à feu (le petit pépère) et poignards aux proportions démesurées symbolisant la toute-puissance sexuelle de ces soldats caractérisés comme des demi-dieux, le réalisateur y va fort. Les aléas même du tournage servent cette vision avec une première scène d’action efficace mais grotesque (car signé par la 2e équipe dont le réalisateur officiait surtout sur des séries comme L’Agence tous risques) où notre équipe de sauvetage prend l’assaut d’un village.

L’évolution des individus et leur imprégnation dans leur environnement est au cœur de l’œuvre de McTiernan et s’exprime déjà brillamment dans ce second film (après le méconnu Nomads). Schwarzenegger et ses acolytes semblent tout d’abord dominer cette jungle touffue du haut de leurs carrures démesurée, rompus qu’ils sont à ces missions à haut risque et les acteurs étant particulièrement crédibles dans les manœuvres militaires après un entraînement intensif. Les rares moments où ils semblent finalement dominés par la jungle et vulnérables, c’est à travers le regard infra-rouge et omniscient du Predator, seul être plus féroces qu’eux en ces lieux.

McTiernan inverse donc progressivement le rapport à cette jungle pour le commando, peu à peu chétif et exposés par la menace sourde et inconnue du Predator. Les mastodontes sont mis à mal et rongés par le doute et la peur (rendant d’autant plus forte le contraste avec l’introduction où ils font figures de brutes épaisses) et les assauts chirurgicaux du Predator dégage un mystère et une précision fascinante notamment par l’usage de son arme de camouflage. McTiernan l’introduit subtilement, vision subjective étrange en infra-rouge où il « étudie » ses proies, silhouette furtive puis imposante au look sauvage et véloce (dû à Stan Winston et officieusement à James Cameron qui dépanna son ami après un premier design catastrophique qui fit interrompre le tournage). 

Trop faible, trop soumis à ses émotions et ses armes, l’Homme ne peut que chuter face aux assauts du chasseur glacial qu’est le Predator et ce qui faisait figure de démonstration de force dans la première partie devient alors de terribles aveux d’impuissance avec ce vidage de mitrailleuse rasant un pan entier de jungle. Les morts sont brutales, sanglantes et rituelles, le Predator arborant tel des trophées les organes de ses victimes. 

McTiernan atteint la quintessence de son art dans la dernière partie quasiment muette. La conquête de cet espace sauvage va se jouer entre le dernier des hommes et le Predator. Arnold Schwarzenegger conscient de ses limites dramatiques aura toujours su choisir intelligemment ses rôles en incarnant des forces de la nature, humaine (Conan le barbare), robotique (Terminator) ou imaginaire (Last Action Hero) mais servant toujours une imagerie de surhomme propre aux exploits les plus démesurés. 

Cela n’a jamais été plus vrai que dans Predator où toute cette masse physique impressionne tout en semblant chétive face à la présence indestructible du Predator. Pour reprendre possession de la jungle, il doit oublier tout ce qu’il sait pour régresser à l’état sauvage où seuls ses instincts guident ses actions. La musique martiale et tribale d’Alan Silvestri accompagne donc cette transformation filmée par un McTiernan en état de grâce, pour se conclure par un Schwarzenegger enduit de boue, les yeux fous et qui lâche un hurlement de défi à l’adresse de son adversaire. Ce cri n’a plus rien d’humain, c’est celui d’une bête, d’un homme revenu à l’âge de Neandertal.

La forêt perd toute topographie réaliste pour devenir un espace mythologique où s’affronte deux titans. Le combat impressionne et est truffé de rebondissement, la machine froide qu’est le Predator reconnaissant la valeur de son ennemi en abandonnant les armes pour le combattre à main nues et à visage découvert (ce qui occasionnera une réplique mémorable de Schwarzenegger). Sur le papier, un film d’action gros bras mâtiné de fantastique totalement transcendé par l’inspiration de son réalisateur qui signe là un très grand film. 

Sorti en dvd zone 2 français et en bluray chez Fox

 

4 commentaires:

  1. La réplique de Schwarzy mentionnée dans le dernier paragraphe est plus mémorable en français qu'en V.O. :"(Toi)T'as pas une gueule de porte-bonheur" adapté de la V.O. "You're very ugly".

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  2. La VO complète est géniale aussi "You're one ugly motherfucker" ^^ mais c'est vrai que c'est l'époque où l'on avait droit à des vf fleuries bien jubilatoires !

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  3. Bonjour, je revois souvent ce film très réussi qui n'a pas pris une ride. Et puis j'ai un gros faible pour le Prédator qui tue les gens armés. Bonne après-midi.

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  4. Voici une petite bande annonce d'une parodie du film Predator :
    https://youtu.be/eny3PN7CczM

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