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jeudi 27 juin 2013

Before Midnight - Richard Linklater (2013)


Une île grecque, une villa magnifique, en plein mois d’août. Céline, son mari Jesse et leurs deux filles passent leurs vacances chez des amis. On se promène, on partage des repas arrosés, on refait le monde. La veille du retour à Paris, surprise : les amis offrent au couple une nuit dans un hôtel de charme, sans les enfants. Les conditions sont idylliques mais les vieilles rancoeurs remontent à la surface et la soirée en amoureux tourne vite au règlement de comptes. Céline et Jesse seront-ils encore ensemble le matin de leur départ ? 

18 ans après Before Sunrise et 9 ans après Before Sunset, le fameux diptyque romantique de Richard Linklater devient trilogie avec de nouveau Ethan Hawke et Julie Delpy également impliqués au scénario. Before Sunrise était un vrai idéal de comédie romantique alliant le charme et la candeur des premières fois, la justesse du propos et l’originalité du procédé avec cette romance en temps réel entre le touriste américain Jesse (Ethan Hawke) et l’étudiante française Céline (Julie Delpy) avec Prague comme cadre idéal. Le second volet Before Sunset montrait cette innocence initiale embrumée par les premières souffrances de l’âge adulte lorsque les amoureux se retrouveraient à Paris, conscient que la nuit passée ensemble 9 ans plus tôt constituaient ans doute le moment le plus romantique de leur vie. Le couple allait ainsi se confronter à ces nouvelles fêlures tout en retrouvant la complicité d’antan en discutant et déambulant dans les rues d’un Paris de rêve. Le film s’achevait sur une magnifique fin ouverte où l’on supposait que tout pouvait recommencer. Nous retrouvons donc Céline et Jesse désormais en couple et parents de jumelles.

Le charme des deux premiers films résidait grandement dans le mélange de nonchalance (deux personnages qui marchent et qui parlent pour l’essentiel) et d’urgence avec la narration en temps réel (plus diffuse dans Before Sunrise et plus concrète dans Before Sunset se déroulant sur une après-midi) faisant des moments passés ensembles des instants fugaces et précieux dont  chaque échange s’imprégnait durablement car destiné à être éphémère. Before Midnight, avec son couple installé et son cadre de vacance relâché semble donc au départ perdre des atouts précieux des épisodes précédents. En s’arrêtant à cela on passe à côté de la grande thématique de Before Midnight, l’ultime épreuve à l’amour de Jesse et Céline sera de résister à l’usure, à la routine du temps qui passe, en un mot à la vie.

Ainsi chaque moment qui semble retrouver la légèreté des deux premiers  volets se voit brutalement rattrapé par la réalité. La longue séquence en voiture avec ses échanges piquants, ses apartés amusant est brusquement assombrie lorsque la discussion vire sur la situation compliquée de Jesse souffrant de vivre loin de son fils et Céline pas prête à renoncer à sa vie pour réunir la famille aux USA. Plus tard un simple coup de fil interrompra la soirée romantique (et la scène de sexe la plus crue des trois films renforçant l'ancrage dans le réel et la proximité entretenue par les personnages) prévue et conduira à la longue dispute/confession finale où l’avenir du couple est mis à mal. Ce moment seul à seul concocté par leurs amis retrouve d’ailleurs presque la dimension exceptionnelle des films précédents, pas par la rencontre impromptue mais car comme le soulignera un dialogue c’est une de leurs rares occasions désormais de se trouver en tête à tête et d’échanger de tout et de rien comme avant.

Céline et Jesse se raccrochent désespérément à la magie initiale que furent leur rencontre et  retrouvailles et ne la retrouvant pas dans un quotidien loin de leurs rêves (la longue complainte de Céline choquée de se découvrir femme d’intérieur) font ressurgir toutes leurs frustrations lors de la dispute finale. Le ton est donc nettement plus âpre que dans Before Sunrise et Before Sunset par ce retour douloureux au réel.

Miraculeusement la drôlerie et le côté enlevé demeurent pour exprimer ces questions pourtant  peu joyeuses notamment par le radieux cadre grec ensoleillé. Les répliques vachardes fusent entre Hawke et Delpy (la patte de cette dernière au script se ressentant avec les élans de Woody Allen vus dans ses propres réalisations comme Two Days in Paris) et ont ri plus d’une fois même si à nouveau cela sert un récit acide et doux-amer. Un moment de grâce se dégage néanmoins avec cette longue scène de repas ou différentes idées, générations et proposition de couple se confrontent à nos héros, formant un reflet de ce qu'ils sont (le couple grec rigolard sensiblement du même âge qu'eux) ce à quoi ils aspirent (la sérénité de leur hôte quand il évoque son épouse défunte) et ce qu'il furent avec leur pendant moderne pour ces deux jeunes gens s’endormant ensemble sur Skype.

Même si on peut préférer l’insouciance des deux premiers volets, la justesse des situations et des dialogues offrent un prolongement idéal à la destinée des personnages qu’on a eu tant de bonheur à suivre. On retrouve d’ailleurs cette légèreté dans les tous derniers instants, lorsque le couple se sort de cet impasse douloureuse par une complicité ludique prouvant qu’ils ont un avenir. La fin ouverte (une fois de plus) paraîtra plus apaisée qu’incertaine dans cet ultime ( ?) volet les montrant capable de peut-être vieillir ensemble.

En salle en ce moment

6 commentaires:

  1. Merci pour ta critique, j'ai hâte de le voir en salles lors de mon prochain séjour à Paris! Toujours du bien de retrouver le duo d'acteurs pour un troisième volet et je veux toujours en savoir plus sur ce couple de personnages pour les 20-30 prochaines années. J'avais adoré le 1er épisode, complètement fou où elle le suit en descendant du train à Vienne, et ils passent une journée à se parler et à se découvrir! C'est à cause de films pareils et des comédies à la Woody Allen (en passant un peu par Quand Harry rencontre Sally) que j'ai vraiment apprécié les dialogues dans les films romantiques car je reste persuadée que ces tirades incessantes, ces vas et vient sont la forme de séduction la plus sophistiquée et hypnotisante que j'ai jamais vues à l'écran (et que j'espère retrouver dans ma vie amoureuse). Hate de revoir ce volet alors! Pourrais tu critiquer le Say Anything de Cameron Crowe? C'est l'un de mes films romantiques d'été préférés! Merci!

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  2. Pas vu le Cameron Crowe mais je viens de voir le pitch ça donne envie j'essaierai de le voir. J'aime beaucoup ce que fais Cameron Crowe même ses derniers films sont plutôt décevants...

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  3. J'ai seulement vu Say Anything, Almost Famous et Jerry Maguire de Cameron Crowe, bref, ses plus connus! Je les adore tous les 3 mais les suivants me donnent pas trop envie, en effet :) Gatsby commence à me manquer, je pense le revoir en fin de semaine. Avez-vous vu le nouveau Winterbottom avec Steve Coogan, "The Look of Love"? J'ai hâte de le voir à Paris, il est pas encore sorti chez moi! J'avais adoré leur collaboration dans "Tournage dans un jardin anglais"!

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  4. Singles est très bon aussi en Cameron Crowe, pas encore vu le Wnterbottom mais je tenterais certainement j'avais bien apprécié Tournage dans un jardin anglais. A propos de ce dernier le bouquin adapté dans le film dans le film "Tristram Shandy" vient enfin de paraître en traduction française...

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  5. Merci pour la recommandation de Singles, je vais la regarder cet été. Merci pour le bouquin, je le lirai un jour, c'est dans ma liste! Merci encore pour ton blog, c'est une vraie mine d'infos! On pourrait discuter en MP pour poursuivre la conversation sur le ciné?

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  6. Oui bien sûr il y a mon adresse mail en haut sur la page d'accueil du blog ;-)

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