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jeudi 17 octobre 2013

Jeux Pervers - The Magus, Guy Green (1968)


Acceptant un poste de professeur sur une petite île grecque, Nicholas Urfe fait la rencontre d'un homme que l'on dit mort depuis des années.

Une sacrée bizarrerie 60's où l'on a aucun mal à deviner la présence de John Fowles au script (adaptant son roman The Magus) tant les enchevêtrements narratifs étranges sont typique de l'auteur de La Maîtresse du Lieutenant Français. Cela démarre de manière relativement sobre avec l'arrivée de Nicholas Urfe (Michael Caine) sur une petite île grecque où il a accepté un poste de professeur. On devinera au fil de flashbacks que notre héros s'est isolé là afin de fuir l'amour passionné d'Anne (Anna Karina), amante française avec laquelle il entretient une liaison tumultueuse.

Il va bientôt rencontrer un étrange et richissime personnage possédant une villa dans les environs, Maurice Conchis (Anthony Quinn). Celui-ci va avoir un comportement énigmatique et manipulateur envers lui, poursuivant un objectif nébuleux dont Nicholas est le pivot. La situation va encore se compliquer avec l'arrivée de la séduisante Lily (Candice Bergen), dont la nature indéfinie amorce les ruptures de ton du récit.

Lily est d'abord présentée comme un fantôme et amour de jeunesse de Conchis que seul lui-même et ses pouvoirs de médium est capable de voir ainsi que Nicholas. L'ambiance se fait donc étrange, onirique et laisse à Guy Green le loisir de s'adonner à diverses expérimentations visuelles plus ou moins réussies avant de démentir cette piste initiale. On est progressivement perdus dans les multiples twists, retournement de situations et changement d'identités et de fonctions des protagonistes, la réalité s'altérant peu à peu pour nous faire naviguer entre rêve et cauchemar.

Les enjeux sont tout aussi incertains, on ne sait si c'est l'apaisement intérieur du torturé Nicholas qui se joue (et l'aveu de ses sentiments envers Anna), le passé douloureux de Conchis sur cette même île durant la guerre et l'occupation allemande voire même une réflexion métaphysique sur le cinéma et la fiction.

On sera au choix ou alternativement fasciné puis agacé par l'ambiance très spéciale (on n’est pas loin du Prisonnier) où Guy Green est capable de littéralement envouter et émouvoir (toute les scènes avec Anna Karina sont très touchantes dans leurs déchirements amoureux) pour sombrer dans le ridicule dans la minute suivante notamment lors de séquences érotiques supposées audacieuses.

C'est à cause de son absence de réelle vision que le film est si inégal et la prestation des acteurs s'en ressent. On ne sait au final jamais si l'on doit détester ou apprécier Michael Caine, à tout miser sur son mystère et charisme Anthony Quinn est tout aussi difficile à cerner (hormis lors d'un des flashbacks tardif), Candice Bergen reste un bel objet jusqu'au bout et finalement seule Anna Karina tire son épingle du jeu car extérieure au jeu de dupe des autre personnages.

Entre d'autres mains le potentiel était sans doute là pour une plus grande réussite mais The Magus est si surprenant par son ton psychédélique et ses ruptures de ton qu'il demeure une curiosité valant le détour et visuellement soignée (superbe photo de Billy Williams magnifiant autant les paysages grecs que les décors étranges aux effets poupées russes toujours surprenant).

L'accueil critique sera en tout cas catastrophique, Caine en faisant son pire film avec L'Inévitable Catastrophe et Ashanti (sans doute n'avait-il pas encore tourné Les Dents de la mer 4 quand il déclarait cela) tandis qu'il nous vaudra cette sortie hilarante de méchanceté de la part de Woody Allen : If I had to live my life again, I'd do everything the same, except that I wouldn't see "The Magus".

Sorti en dvd zone 1 chez Fox doté de sous-titres anglais et d'une vf

Extrait bien grâtiné

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