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mercredi 4 février 2015

The Street Fighter - Gekitotsu! Satsujin ken, Shigehiro Ozawa (1974)

Le mercenaire Takuma Tsurugi organise l’évasion d’un karatéka condamné à mort grâce à un subterfuge. Mais les commanditaires, le frère et la sœur de l’évadé, n’ont pas les moyens de payer le truand. Ni une ni deux, Tsurugi tue le frère par accident et vend la sœur comme prostituée. Par la suite, Tsurugi refuse la proposition de l’organisation des Cinq Dragons de Hong-Kong d’enlever la jeune héritière d’une société pétrolière. Dès lors, les Cinq Dragons n’ont d’autre choix que de l’éliminer pour ce qu’il sait.

L’espace d’une carrière fulgurante et d’une mort mystérieuse, Bruce Lee se sera élevé au rang de mythe du cinéma d’arts martiaux et devenu une icône pop. Bien qu’il ne compte qu’un seul vrai bon film à sa courte filmographie (l’excellent La Fureur de vaincre (1972) de Lo Wei), il aura su révolutionner le genre par son charisme et sa présence animale en faisant un chien fou loin des canons chevaleresque d’alors. Il signait pour un temps la fin du film de sabre et ranimait le kung fu pian (film de kung fu) qu’il inscrivait dans un contexte contemporain. Sa mort prématurée (alors que s’amorçait de vrais projets ambitieux) aura laissé un grand vide, les clones médiocres affluant par la suite dans une série de films décalques qui donneront le sous-genre nanardesque de Bruceploitation.

Le phénomène s’étendra à l’Asie entière où chaque pays tentera lancer son équivalent au Petit Dragon. C’est dans ce contexte que naîtra au Japon la saga Street Fighter avec Sonny Chiba. Que ce soit au niveau des compétences martiales de Sonny Chiba, des chorégraphies ou de la mise en scène des combats, on est pourtant bien en dessous des films de Bruce Lee. Le charisme et les combats féroces transcendait les films les plus faibles de Bruce Lee, Sonny Chiba en est loin et en donne plutôt un pendant dégénéré. 

Le plaisir est ailleurs et repose entièrement sur le numéro de Sonny Chiba qui offre une performance assez ahurissante avec ce personnage haut en couleurs qu’est Takuma Tsurugi. On reste totalement effaré par l'immoralité totale du héros uniquement motivé par l'argent (qui revend une jeune fille comme prostituée car incapable de lui régler ses services) même si une explication sur son enfance (flashback assez réussi au moment où il est introduit dans un style très japanimation) et son rapport à son acolyte Chameau l'humanise quelque peu.

Les scènes de combats fonctionnent selon le même grand écart avec un Shiba qui accumule les poses ridicules et les grimaces cartoonesque (difficile de contenir les éclats de rire dans ses imitations grotesques de Bruce Lee) et une violence outrancière riches en débordements: parties génitales arrachées, dentition explosée, yeux crevés et autres joyeusetés. Il n'y a que sur le sexe que le film met étonnement la pédale douce (surtout par rapport aux autres productions  japonaises de de série B à l'époque). Problème, dans les 70’s le cinéma d’exploitation japonais vit une sorte d’âge d’or où les pitch les plus fous et les postulats les plus tordu se voient doté d’une esthétique pop et d’une mise en scène inventive de la part d’artistes surdoués et audacieux. 

On pense à la saga de La Femme Scorpion ou du genre Pinku Eiga proposant nombres de perles sous des arguments racoleurs. Ozawa malgré quelques idées amusantes (les plans de radio d'os brisés après les coups dévastateurs de Tsurugi) offre une réalisation très plate, et dénuée de la folie qu’aurait méritée son génial héros. Finalement c’est une série B de baston parmi tant d’autres passée à la postérité pour ses dérapages violent et son héros haut en couleurs plus que pour ses qualités cinématographiques. Le film a quand même ses fans dont Tarantino qui offrira même un rôle à Sonny Chiba dans son Kill Bill. Street Fighter connaîtra deux suites pas bien meilleures et où en plus Tsurugi est adouci et édulcoré ce qui casse le seul vrai intérêt de la chose.

La saga entière est sortie en coffret chez HK Vidéo

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