Appréhendé pour de nombreux méfaits, le
gangster Tom Connors est incarcéré à Sing Sing et condamné à y purger
une peine de détention à vie. Il est persuadé cependant qu'il en sortira
très vite, grâce aux relations politiques qu'entretient Finn, son
associé. Celui-ci échoue toutefois dans sa tentative de soudoyer le
directeur de la prison, M. Long, homme intègre et réfléchi. Décidé à
jouer les "fortes têtes", Tom refuse de porter l'uniforme et ne veut à
aucun prix accomplir les besognes réservées aux prisonniers. M. Long
accepte ses exigences mais lui fait subir, en contrepartie, les
conséquences de son attitude.
20,000 Years in Sing Sing perpétue le sous-genre du film carcéral initié cette même année avec le succès de Je suis un évadé
de Mervyn Leroy. La Warner exploite donc ce nouveau filon qui s'inscrit
néanmoins dans la veine sociale qui caractérise le studio. Le film
adapte le roman éponyme de Lewis E. Lawes, ancien directeur du
pénitencier de Sing Sing. Ancien gardien ayant gravit les échelons
jusqu'aux plus hautes fonctions, Lawes eut ainsi le loisir d'étudier au
plus près la psychologie du prisonnier et les méthodes pour qu'il
ressorte meilleur de sa détention. Véritable "star" de son corps, il
publia ainsi de nombreux ouvrage et s'exprima souvent dans la presse sur
la nécessité de réelles méthodes de réinsertions pour les criminels. Il
y aurait sûrement eu un film captivant à produire consacrée à sa seule
personne mais le film choisit un autre angle, croisant le film de
gangster à la James Cagney (initialement envisagé pour tenir la vedette
mais alors en pleine renégociation salariale avec le studio) et le
mélodrame plutôt que la vraie étude de mœurs en prison.
Tom
Connors (Spencer Tracy) un gangster incarcéré à Sing Sing pour une
longue peine. Un sort qu'il pense provisoire grâces à ses relations haut
placées, la scène d'ouverture montrant Connors tout en fanfaronnades
sous le feu des projecteurs soulignant bien cela. C'est par ce même
bagout qu'il compte se mettre Paul Long (Arthur Byron), le directeur de
la prison, dans la poche. Ce dernier incorruptible et fin psychologue va
pourtant peu à peu canaliser le chien fou qu'est Connors. Le film à
cause de sa narration trop rapide mais aussi de la bonhomie de Spencer
Tracy (convaincant mais jamais complètement intimidant comme pourrait
l'être un Cagney au grain de folie omniprésent même dans la légèreté)
échoue cependant à traduire la pédagogie que préconise Lawes.
Ce dernier
eu un droit de regard sur le scénario et le montage final (en échange
d'un tournage dans la vraie prison de Sing Sing) ce qui peut sans doute
expliquer le côté un peu simpliste de certaines situations, notamment
Connors devenant docile après quelques semaines d'isolement. Même si à
l'inverse nous verrons quelques irrécupérables (la scène d'évasion) tout
cela s'enchaîne bien trop vite et sur ces thèmes Le Prisonnier d'Alcatraz (1962) voire plus proche Le Bataillon des sans-amours (1933 traitant lui des maisons de corrections) seront beaucoup plus
juste et approfondi. Le polar et le mélo amènent ainsi deux gros
rebondissements mettant à l'épreuve les méthodes du directeur et
prouvant que Connors a changé, mais tout cela est trop précipitamment
amené l'efficacité ayant été préférée à l'immersion.
La mise en
scène de Michael Curtiz rattrape cependant grandement ces défauts
narratifs. Sa manière de filmer la prison de Sing Sing est ainsi un
surprenant mélange de réalisme et stylisation. Le film s'ouvre sur une
merveilleuse idée visuelle avec ce plan d'ensemble des détenus, foule
anonyme simplement résumés par la durée de leur peine qui s'affiche
au-dessus d'eux. L'imagerie se fera oppressante et expressionniste par
les jeux d'ombres écrasants qui prolongent les barreaux et
l'architecture carcérale dans l'espace, noyant un Spencer Tracy isolé
dans les ténèbres de sa cellule. Curtiz lâche aussi une fulgurante scène
d'action dont il a le secret avec la séquence d'évasion, brutale et
inventive. Pas tout à fait abouti mais intéressant donc.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
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