Un quiproquo fait penser à toute la
presse que la célèbre romancière féministe June Cameron est marié à Tim
Sterling, professeur à l'université.
Une délicieuse
screwball comedy qui trouve le ton juste entre progressisme et valeurs
traditionnelles par la grâce d'un script astucieux. June Cameron
(Loretta Young) est un écrivain féministe incitant les femmes à vivre
hors du joug masculin et à mener carrière. Son dernier ouvrage
rencontrant un succès important, elle est contrainte d'écourter ses
vacances et de rentrer à New York. Faute de moyen de locomotion, elle
s'impose dans la voiture du très soupe au lait Tim Sterling (Ray
Milland) aspirant professeur en université de médecine. L'antagonisme
entre l'indépendance de June et le caractère orageux de Tim se dessine
pendant le trajet par quelques échanges savoureux et préparant la
cohabitation forcée qui les attends arrivé destination. Suite à un
quiproquo ils sont pris pour de jeunes mariés et une lectrice trahie
aura fait remonter la rumeur jusqu'à New York. Seul moyen de s'en
sortir, simuler un vrai mariage le temps pour June de changer son fusil
d'épaule et de signer un ouvrage vantant la vie matrimoniale et de
divorcer à sa parution (quitte à en écrire un dépeignant les joies du divorce par
la suite). On appréciera la morale bienpensante d'alors où mieux vaut feindre un mariage que d'avouer un liaison de passage.
Le
script distille une habile opposition de caractères sources de joutes
tordantes et inventives (Milland répertoriant les objets de Lorreta
Young pour récupérer ses quatre dollars) tout en ne faisant pas des
personnages des figures figées à leur supposée idéologie. Ainsi le
supposé macho joué par Milland se montre fort soumis à sa vraie fiancée
Marilyn (Gail Patrick) et Lorreta Young n'a guère de scrupule à sauver
sa carrière en reniant sa philosophie tout en cédant là aussi à son
petit ami et éditeur (Reginald Gardiner). Ce n'est donc pas sur une
idéologie mais plutôt la peur de l'autre que repose leur opposition,
donnant un charme explosif à leur mariage/opposition qui tout en les
rebutant sert leurs intérêts. Chacun aura droit à son moment dominant
Milland envahissant avec jubilation l'intérieur cosy de son "épouse" de
ses attributs masculins dans les tiroirs, les armoires et même un
tableau d'anatomie en plein salon.
Le mariage n'est pas considéré comme
la normalité uniquement pour la femme, Milland accédant enfin au statut
de professeur grâce à nouvelle union qui le rend enfin suffisamment
"équilibré" pour enseigner (l'occasion d'une revanche tonitruante de
Loretta Young quand elle l'apprendra). D'ailleurs le monde universitaire
est croqué avec amusement durant une scène de réception entre érudits
discutant uniquement de trouble mentaux et son doyen dont un simple
raclement de gorge génère un silence poli. Une caricature excellent mais
pas suffisamment exploitée tant il y avait possibilité à des
atmosphères façon Boule de feu de (1941) Howard Hawks.
Ce
n'est finalement qu'en situation de crise, hors des carcans urbains que
le rapprochement pourra se faire tout en leur permettant d'assumer leur
personnalité et d'y adosser leur qualité. Le scientifique devient ainsi
le médecin prévenant qui va aider une femme à accoucher, la femme
indépendante une aide précieuse pour tempérer la crise (ne paraissant
jamais soumise même en effectuant des tâches d'intérieur) et les deux
peuvent enfin s'admirer mutuellement et s'aimer.
Le registre vachard
initial ne s'estompe heureusement pas mais se faisant dans la complicité
et plus dans l'affrontement, à l'image du stratagème génial de Loretta
Young pour empêcher Milland de se fiancer. Les deux acteurs sont
irrésistibles (et Loretta Young à croquer comme d'habitude), les seconds
rôles aussi surprenant qu'inventifs (les étudiants pratiquants de
football américains bas du front) et l'ensemble mené tambour battant par
Alexander Hall. Très bon moment !
Sorti en dvd zone 1 chez Columbia et doté de sous-titres anglais
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