Tromperie, vol, malhonnêteté... Ils
peuvent vous mener tout droit en prison comme être la clé de votre
réussite professionnelle ! Danny Kean, escroc tout juste sorti de Sing
Sing, use de son talent criminel pour se faire embaucher par le virulent
et racoleur tabloïd Picture Snatcher. Appliquant ses méthodes louches à
son nouvel emploi, il devient un photographe sournois et insaisissable.
Obtenant le cliché secret et interdit de l'exécution d'une meurtrière,
il parvient à la faire publier dans la presse...
James
Cagney en ce début des années 30 se spécialise dans les rôles de
canailles, dangereuses et brutales dans les films de gangsters (L'Ennemi public (1931) plus tard Les Anges aux figures sales (1938) et Les Fantastiques années 20 (1939) et attachantes en dépit de leur mauvais penchant dans les films Pré-Code plus sociaux (Hard to Handle (1933) ou Le Bataillon des sans-amour (1933)). Picture Snatcher
se situe dans la seconde catégorie, Lloyd Bacon nous dépeignant avec
entrain et efficacité la rédemption de Danny Kean (James Cagney).
Le
début du film déploie tout une imagerie associée au film de gangster
avec de prendre un virage surprenant. Danny Kean fraîchement sorti d'une
peine de trois ans de prison est chaleureusement accueilli par ses
anciens acolytes avec forte dose de luxe, filles et bénéfices accumulés
en son absence. Kean va pourtant les cueillir à froid en annonçant son
retrait du monde du crime pour celui du journalisme où on lui a proposé
une place. Malheureusement ses mauvais penchants de gangsters lui
serviront bien plus dans son ascension que ses talents de rédacteurs.
En
vrai dur à cuir essuyer les coups de feu en zone dangereuses ne lui
fait pas peur et l'ancien escroc n'a aucun scrupule à duper les témoins
pour une photo à scandale lucrative et va ainsi devenir le parfait
"picture snatcher". Kean n'a pas changé de mentalité mais seulement de
milieu même s'il ne s'en rend pas encore compte. Le bagout de James
Cagney rend le personnage attachant en dépit de ses actes répréhensibles
toujours tournés vers la dérision (le pompier trompé) jusqu'au moment
où il ira trop loin et se mettra son entourage à dos. C'est dans son
rapport aux autres que Kean va prendre conscience de son attitude, par
la romance assez conventionnelle avec la jeune Pat Nolan (Patricia
Ellis) et surtout à travers l'amitié attachante avec son rédacteur en
chef alcoolique McLean (Ralph Bellamy) et l'étonnante relation
amour-haine avec le policier qui l'arrêta jadis.
Lloyd Bacon alterne
ainsi les joyeux moments de comédie néanmoins teintés d'une certaine
noirceur avant de boucler la boucle lors d'un final rédempteur qui
retrouve la férocité du film de gangster avec un gunfight dantesque
confrontant Kean à ce qu'il ne souhaite plus être. Le scénario lui fait
cependant user de méthodes discutables pour parvenir à ses fins même si
l'investigation et le but final plus noble en font un vrai acte de
journaliste. Un bon point finalement puisque même avec un meilleur fond
le personnage n'est pas aseptisé et reste une teigne comme le montre un
épilogue romantique mais néanmoins brutal.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
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