Avec l'aide de sa famille et de ses
domestiques, un vieil Anglais excentrique, Sir Henry Rawlinson, essaie
d'exorciser le fantôme de son frère, Humbert.
Sir Henry at Rawlinson End
est un véritable ovni du cinéma anglais issu de l'esprit fou de Vivian
Stanshall. Ce dernier est un artiste aux talents multiples (musicien,
peintre et écrivain) se fit connaître notamment en faisant partie du
groupe d'avant-garde Bonzo Dog Doo-Dah Band, célèbre à la télévision
britannique et composé des futurs Monty Python Eric Idle ou Michael
Palin. Sir Henry at Rawlinson End est à l'origine une création radiophonique de Vivian Stanshall à la BBC et diffusée entre 1975 et 1991 sous le titre Rawlinson End Radio Flashes. L'auteur y développe ainsi son personnage de noble excentrique et sa famille déjantée, qu'il exploitera aussi sur son album Sir Henry at Rawlinson End (recording).
La popularité du personnage et de son univers incitera donc à une
adaptation au cinéma en 1980, écrite et mise en musique par Vivian
Stanshall qui y tient également un rôle tandis que Steve Roberts
réalise.
Le résultat ne ressemble effectivement à rien de connu
si ce n'est les facéties des Monty Pythons. Vivian Shall
réunit et exacerbe là tout ce qui constitue l'excentricité de l'identité
anglaise. Le noir et blanc sépia, le cadre rural où trône le domaine de
Rawlinson End ainsi que la voix off décalée semble déjà situer
l'ensemble dans une sorte de réalité alternative. Dès lors nous
découvrons la folle famille Rawlinson dominée par Sir Henry (Trevor
Howard que l'on a rarement vu aussi déjanté) noble bougon plus qu'à son
tour et convoquant domestique au petit matin à coup de fusil au plafond.
Le reste autres membres sont à l'avenant et les séquences surréalistes
s'enchaînent sous nos yeux ébahis : Sir Henry travesti en indigène
faisant du monocycle pour guérir son lumbago, son frère sonnant la
charge à cheval dans les couloirs du domaine, un camp de prisonnier allemand dans son jardin par nostalgie... Le semblant de trame
tourne d'ailleurs autour du fantôme du frère tragiquement décédé (le
flashback de sa mort ridicule vaut son pesant de cacahouètes) sans
pantalon et qui ne peut trouver la paix face à telle infamie. Sir Henry
va donc engager le prêtre défroqué Slodden (Patrick Magee) pour
exorciser le château, avec des conséquences dramatique. Paillard,
grotesque et halluciné le spectacle s'avère rapidement incompréhensible
dans sa surenchère bouffonne et en fera décrocher plus d'un ne rentrant
pas dans le "trip".
Le problème du film et qui le l'éloigne du génie des
Monty Python est de ne pas choisir entre une trame digne de ce nom et
le vrai film à sketches. Les Monty Pythons surent dans leur film poser
un fil conducteur thématique qu'il mettait au service d'un vrai récit
certes nourri en dérapages en tous genres (Sacré Graal (1975) et le grandiose La Vie de Brian (1979)) ou alors oser le film à sketches à la vraie cohérence dans Le Sens de la vie (1983). Sir Henry at Rawlinson End
ne choisit pas et part dans tous les sens, finissant par lasser dans sa
surenchère même si les séquences "autres" ne manquent pas comme une
cérémonie de paganisme digne de The Wicker Man (1973). Reste donc une vraie curiosité (et film culte du cinéma anglais) même si un peu indigeste.
Sorti en dvd zone 2 anglais et sous-titré anglais
Extrait
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