Dans la Chine de 1895,
les Européens pratiquent une politique impérialiste qui leur vaut le
ressentiment de la population. En réaction, une société secrète, la secte du
lotus blanc, attaque régulièrement les Britanniques. Au point que ceux-ci
envisagent de dépêcher leur armée... Devant ce risque, Wong Fei-hung,
combattant sans pareil, met toute sa science des arts martiaux en œuvre pour
les protéger.
Tsui Hark avait brillamment réussit sa refonte de la figure
de Wong Fei-hung avec Il était une fois en Chine (1991) salué par un immense succès et un Jet Li s’appropriant le
rôle pour les nouvelles générations. Une suite s’imposait forcément et Tsui
Hark relèvera le défi avec La Secte du
Lotus Blanc aussi brillant que son prédécesseur. Le film part d’ailleurs
d’un réel exploit de Wong Fei-hung dont la réputation légendaire se fit en
défaisant seul 36 membres de la secte du lotus blanc, dérive fanatique du
bouddhisme et associée à nombre de soulèvements tout au long de l’Histoire
chinoise.
Le premier volet pouvait être interprété à tort comme
patriotique et anti occidental avec sa trame évoquant l’exode fatal de chinois
réduits en esclavage aux Etats-Unis - métaphore de l’exode hongkongais avec la
rétrocession à la Chine imminente en 1997. Mais Tsui Hark équilibrait cette
vision négative de l’étranger avec le personnage de Tante Yee (Rosamund Kwan)
symbole d’une Chine ouverte sur le monde (et du constant féminisme du
réalisateur) et bousculant le traditionalisme de Wong Fei-hung (Jet Li). Notre
héros se pose en fait en garant moral d’un peuple chinois qui se perd tout au
long de la saga, d’abord lâche dans le premier volet (avec le méchant miroir
négatif de Wong Fei-hung, un maître d’art martiaux se laissant corrompre) et
fanatisé dans La Secte du Lotus Blanc.
En voyage pour un congrès de médecine à Canton, Wong Fei-hung va ainsi se
confronter à la redoutable secte, véritable entité xénophobe semant la terreur
à la fois chez les étrangers mais aussi les chinois qui s’acoquinent avec eux.
Wong Fei-hung est davantage humanisé dans ce second opus, partagé entre grandeur
(ce sublime générique où il semble pensif scruter la Chine de toute sa hauteur
crépusculaire à travers la vitre d’un train) et candeur, que ce soit dans son
ignorance des mœurs étrangères et surtout sa maladresse dans la relation
amoureuse avec Tante Yee. Cela offre de beaux instants comiques où il est
ramené à la même gaucherie enfantine que son disciple Leung Fu (Max Mok
reprenant le rôle à Yuen Biao, le personnage n’étant plus qu’une caution
comique) qu’il rudoie pour donner le change à chaque moment gênant.
L’ensemble du film oppose donc Wong Fei-hung à la fois au
fanatisme xénophobe des siens, mais également à leur division et corruption.
Ces deux éléments sont les moteurs de chaque scène d’action notamment avec les
attaques de plus en plus menaçantes de la secte, nuée blanche indistincte qui
sème le chaos. L’autre élément critique du scénario sera l’usage politique du
pouvoir de la secte, la laissant mieux agir pour débusquer deux rebelles au
régime impérial. Tsui Hark rebondit d’ailleurs sur les vrais soubresauts de la
Chine d’alors puisque les deux opposants sont les futurs pères de République de
Chine Sun Yat-sen et Lu Haodong (joué par l’ancienne star de la Shaw Brothers,
David Chiang). Ce pouvoir calculateur est symbolisé par le redoutable chef de
police incarné par un Donnie Yen glacial. La blancheur immaculée teintée de
mystique maladive de la secte et la présence ténébreuse de la police se
conjuguent lors de l’attaque nocturne de l’ambassade anglaise par la secte
tandis que la police ne cille pas. On retrouve ici la facette rebelle de Tsui
Hark mais également la méfiance envers l’obscurantisme au cœur notamment de Green Snake (1993).
L’ambiguïté relative du premier volet s’estompe dans les
rapprochements possibles entre les peuples et cultures entraperçus plusieurs
fois durant le congrès de médecine et le secours de Wong Fei-hung envers les
blessés étrangers. La méfiance mutuelle s’estompe, signifiée par un Wong
Fei-hung plus ouvert et qui passe le film à accepter les aspects positifs de « l’autre »,
signifié par son usage du train en ouverture, de l’appareil photo de Tante Yee
qu’il sauve en plein tumulte et de sa réelle admiration pour la médecine
étrangère qui mêlées à sa science de l’acupuncture sauvera une vie. Jet Li
offre une prestation subtile, icône chinoise indestructible dans l’adversité et
redevenant vulnérable et emprunté au quotidien avec un rapport avec Tante Yee
plus attachant que jamais – le final est particulièrement touchant. Les scènes
d’actions chorégraphiées par Yuen Woo-ping sont une nouvelles fois fabuleuses
et inventives où deux grands moments se distinguent.
Ce sera d’abord lors de l’expédition
de Wong Fei-hung dans l’antre de la secte où par sa puissance il va dompter le
fanatisme de ses ennemis. La scène s’amorçant dans une atmosphère quasi fantastique
avant que la vélocité de corps et d’esprit de notre héros ne renverse la
situation dans un numéro d’équilibriste virtuose où le gourou est renversé de son piédestal.
Enfin le duel entre Jet Li et Donnie Yen constitue tout simple un des combats
les plus mythiques du cinéma d’arts martiaux. Après le final sur les échelles
du premier film, c’est cette fois au milieu d’une multitude d’échafaudages que
se déroule l’affrontement. La force brute et destructrice de Donnie Yen s’oppose
à celle bondissante de Jet Li, les joutes au bâton sont d’une rapidité
phénoménale et Wong Fei-hung en usant d’un bambou se pose en défenseur du
peuple dont Il utilise un des outils comme arme. Une grande réussite qui prolonge à merveille
les thématiques de son prédécesseur.
Sorti en dvd zone 2 et bluray chez Hk Vidéo
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