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lundi 14 novembre 2016

Le Convoi Maudit - The Outriders, Roy Rowland (1950)

En 1865, trois soldats confédérés, Will (Joel McCrea), Jesse (Barry Sullivan) et Clint (James Whitmore) s’évadent d’un camp de prisonniers nordiste dans le Missouri. Poursuivis par les troupes Yankees, ils tombent nez à nez avec un groupe de francs-tireurs dévoués au fameux Quantril. Dirigés par le sanguinaire Keeley (Jeff Corey), sous prétexte d’aider les troupes sudistes en difficulté et de continuer à lutter pour cette cause, ces hommes assassinent impunément civils et militaires. Leur devant néanmoins la vie et étant en principe du même bord, nos trois fuyards acceptent une mission qui leur est alors confiée, celle de conduire un convoi partant de Santa Fé et transportant secrètement de l’or jusqu’à Saint Louis.

Le Convoi maudit constitue une des premières incursions réellement marquante de la MGM dans le western. C'est la première incursion dans le genre pour Roy Rowland, qui signer également le plaisant L'Aventure fantastique (1955) mais qui est surtout passé à la postérité pour l'envoutant Les 5 000 doigts du Dr. T (1953) à la féérie bien éloigné du western. Il y montrera cependant une vraie aisance et efficacité, porté par le remarquable scénario de Irving Ravetch responsable en tant qu'écrivain et scénariste de réussites comme Hombre (1967) ou A l'ombre des potences (1955). Le film croise des éléments très classiques du western tout en se montrant très original sur d'autres et en anticipant même certaines innovations à venir. L'ouverture donne le ton avec cette Guerre de Sécession où se disputent la lassitude des soldats et la fidélité à la cause. Ce sont les sentiments contradictoires qui animent les trois soldats confédérés, Will (Joel McCrea), Jesse (Barry Sullivan) et Clint (James Whitmore) qui s'évadent d'un camp nordiste. Les mauvais traitements des nordistes se devinent avec cette scène de bain autorisée par la simple crainte de maladie, mais aussi la hargne contenue des sudistes révélée par la brutalité avec laquelle est tué un jeune soldat nordiste lors de l'évasion.

 Ce climat de haine se poursuit lors de la cavale où la bienveillance d'une famille succède à la délation dès lors que les fugitifs auront été démasqués. On ressent des aspirations et tempéraments contradictoires entre Will usé et rêvant d'une vie plus paisible, Clint suivant fidèlement la cause et Jesse plus sournois et moralement instable. L'expression extrême de cette tendance s'illustrera avec le sanguinaire Keeley (Jeff Corey) assouvissant ses bas-instincts sous prétexte de la cause et qui va charger le trio d'escorter un convoi transportant de l'or. La trogne intimidante de Jeff Corey et la simple évocation de ses méfaits (le pillage et l'assassinat de masse d'une ville n'étant même pas un bastion militaire) suffit à exprimer un climat de violence qu'un Clint Eastwood abordera plus frontalement dans son Josey Wales (1976) avec les visions sanglantes des exactions de ce type de francs-tireurs (côté nordiste).

Le film n'invente rien au niveau des épreuves et antagonisme pouvant se développer dans un film de convoi mais néanmoins le mélange de conflit idéologique et de rivalité amoureuse entre Will et Jesse annonce déjà le Vera Cruz (1954) de Robert Aldrich. Joel McCrea constamment hésitant face à sa funeste mission est très touchant dans l'expression de son attachement progressif aux membres du convoi, notamment la belle veuve Jen Gort (Arlene Dahl). C'est par elle que naît la rivalité entre les deux hommes et notamment une fabuleuse scène chargé d'érotisme. Les hommes du convoi avinés exigeant une présence féminine pour une danse, Arlene Dahl quitte son austérité de veuve pour une saisissante apparition où elle est sublimement capturée par Roy Rowland et magnifiée par le Technicolor en pénombre de Charles Edgar Schoenbaum.

La scène se déroule dans un ton à la fois festif et chargé tension sexuelle où Jen oscille entre celui souhaitant la posséder de force (Jesse) et celui qui sous ses airs distant "la désire le plus" (Will). Toutes les péripéties découlent de cet antagonisme où par amour Will ne souhaite mener à bien sa tâche alors que le dépit amoureux (et l'appât du gain) pour Jesse à aller jusqu'au bout. Ce sera le cas avec une haletante traversée de rivière en crue filmée au cordeau par Rowland et à l'issue funeste inattendue. Le personnage tout en bonhomie de James Whitmore est également très attachant, la cause s'arrêtant toujours là où débute l'humanisme dans ses attitudes, notamment lors d'une révélation finale où tomberont les masques.

Roy Rowland propose une mise en scène remarquable tant dans la tension et l'action où il use de son entrée en matière brutale pour maintenir un climat oppressant (les jeux d'ombres inquiétant durant l'orage et le tour de garde du jeune Claude Jarman Jr.) que des instants plus contemplatifs. Les compositions de plan et la magnificence du Technicolor mettent superbement en valeur les paysages de L'Utah avec quelques images marquantes comme ces quatre cavaliers arpentant une colline masquant le soleil couchant. Une belle réussite donc, prenante et bien menée de bout en bout.

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner 

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