The Small World of Sammy Lee est une vraie œuvre de transition
du cinéma anglais, partagée entre les audaces qu'autorise une censure
plus souple et un récit dans une tradition sociale plus classique. Nous
suivons la journée compliquée de Sammy Lee (Anthony Newley) bonimenteur
dans un club de striptease de Soho et dont l'attrait du jeu va causer de
sérieux problème. Le film s'ouvre d'ailleurs sur une partie de poker
qu'il pousse une nouvelle fois trop loin pour sa perte. Un parrain local
auquel il doit 300 livres lui envoie d'ailleurs deux hommes de main
pour le faire payer. Après des négociations difficiles avec les deux
brutes, il obtient cinq heures pour réunir la somme et commence donc une
course contre la montre.
Ken Hughes s'était fait connaître par sa
transposition en polar de Shakespeare avec Joe MacBeth (1955)
et on retrouve ce talent à explorer les bas-fonds et les environnements
urbains du quartier de Soho. Le réalisateur se déleste d'ailleurs de
l'urgence attendue par la situation du héros pour s'attarder sur l'étude
de mœurs et l'exploration de Soho à travers les pérégrinations de
Sammy. On est ainsi plus proche d'une variation de Huit heures de sursis
(1947) où la dette insurmontable de Sammy aurait remplacé la blessure mortelle
de James Mason. Le parallèle est d'autant plus évident avec le
caractère de Sammy, trop doux et pas assez impitoyable pour s'en sortir
tout comme James Mason était dépourvu de cet instinct violent et en
constante situation de faiblesse dans le classique de Carol Reed.
Sammy
aura beau monter toutes les combines les plus douteuse, son humanité le
trahira tant il n'osera franchir la ligne rouge morale pour s'en
sortir. Que ce soit avec sa voisine prostituée prête à le dépanner où
son frère commerçant, Sammy recule toujours avant de dépasser les bornes
tandis que la journée avance cruellement et qu'il court à sa perte.
L'interprétation d'Anthony Newley tout en désinvolture fataliste amène
un capital sympathie certain au personnage, sa moue boudeuse acceptant
la tournure tragique des évènements jouant beaucoup sur le ton relâché
du film sous la noirceur. L'environnement glauque brisant des
protagonistes trop tendre est au centre du récit, particulièrement avec
l'oie blanche dévoyée Patsy (Julia Foster) confronté au sordide monde
des peep-show.
Ken Hughes ose d'ailleurs des scènes de nudités à
l'érotisme appuyé pour l'époque, rendues de plus en plus sordides au fil
du récit notamment l'expérience de la "scène" de Patsy équivalent
presque à un viol dans l'idée. Seule la monstruosité semble permettre de
survivre dans ses bas-fonds (l'étonnant personnage de collecteur de
dettes compréhensif), Sammy rencontrant les personnalités les plus
pittoresque et intimidantes dans les bars enfumés. Le tournage studio ne
se ressent pas dans les atmosphères urbaines et la population
cosmopolite qui prolonge les tentatives d'un Basil Dearden. En dépit de
quelques longueurs un film intéressant et atypique dans l'ensemble.
Sorti en bluray et dvd zone 2 anglais chez Studiocanal
Extrait
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire