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lundi 12 décembre 2016

The Small World of Sammy Lee - Ken Hughes (1963)

The Small World of Sammy Lee est une vraie œuvre de transition du cinéma anglais, partagée entre les audaces qu'autorise une censure plus souple et un récit dans une tradition sociale plus classique. Nous suivons la journée compliquée de Sammy Lee (Anthony Newley) bonimenteur dans un club de striptease de Soho et dont l'attrait du jeu va causer de sérieux problème. Le film s'ouvre d'ailleurs sur une partie de poker qu'il pousse une nouvelle fois trop loin pour sa perte. Un parrain local auquel il doit 300 livres lui envoie d'ailleurs deux hommes de main pour le faire payer. Après des négociations difficiles avec les deux brutes, il obtient cinq heures pour réunir la somme et commence donc une course contre la montre.

Ken Hughes s'était fait connaître par sa transposition en polar de Shakespeare avec Joe MacBeth (1955) et on retrouve ce talent à explorer les bas-fonds et les environnements urbains du quartier de Soho. Le réalisateur se déleste d'ailleurs de l'urgence attendue par la situation du héros pour s'attarder sur l'étude de mœurs et l'exploration de Soho à travers les pérégrinations de Sammy. On est ainsi plus proche d'une variation de Huit heures de sursis (1947) où la dette insurmontable de Sammy aurait remplacé la blessure mortelle de James Mason. Le parallèle est d'autant plus évident avec le caractère de Sammy, trop doux et pas assez impitoyable pour s'en sortir tout comme James Mason était dépourvu de cet instinct violent et en constante situation de faiblesse dans le classique de Carol Reed.

Sammy aura beau monter toutes les combines les plus douteuse, son humanité le trahira tant il n'osera franchir la ligne rouge morale pour s'en sortir. Que ce soit avec sa voisine prostituée prête à le dépanner où son frère commerçant, Sammy recule toujours avant de dépasser les bornes tandis que la journée avance cruellement et qu'il court à sa perte. L'interprétation d'Anthony Newley tout en désinvolture fataliste amène un capital sympathie certain au personnage, sa moue boudeuse acceptant la tournure tragique des évènements jouant beaucoup sur le ton relâché du film sous la noirceur. L'environnement glauque brisant des protagonistes trop tendre est au centre du récit, particulièrement avec l'oie blanche dévoyée Patsy (Julia Foster) confronté au sordide monde des peep-show.

Ken Hughes ose d'ailleurs des scènes de nudités à l'érotisme appuyé pour l'époque, rendues de plus en plus sordides au fil du récit notamment l'expérience de la "scène" de Patsy équivalent presque à un viol dans l'idée. Seule la monstruosité semble permettre de survivre dans ses bas-fonds (l'étonnant personnage de collecteur de dettes compréhensif), Sammy rencontrant les personnalités les plus pittoresque et intimidantes dans les bars enfumés. Le tournage studio ne se ressent pas dans les atmosphères urbaines et la population cosmopolite qui prolonge les tentatives d'un Basil Dearden. En dépit de quelques longueurs un film intéressant et atypique dans l'ensemble.

Sorti en bluray et dvd zone 2 anglais chez Studiocanal

Extrait
 

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