Pages

jeudi 25 mai 2017

Sauvez le tigre - Save the Tiger, John G. Avildsen (1973)

Harry Stoner est le patron d'une entreprise de prêt à porter au bord de la faillite. Il dresse alors un bilan de sa vie et se rappelle notamment son enfance perdue...

Save the tiger est le film qui valut son seul Oscar du meilleur acteur à Jack Lemmon (après celui du meilleur second rôle pour Permission jusqu'à l'aube de John Ford en 1956). Le film adapte le roman éponyme de Steve Shagan (qui en écrit également le scénario) et constitue un projet qui tenait vraiment à cœur de Jack Lemmon qui réduisit son salaire pour le mettre sur pied. L'intrigue suit la journée d'Harry Stoner (Jack Lemmon), patron d'une usine de prêt à porter au bord de la faillite. L'ensemble du film est traversé de la présence anxieuse et lasse de Stoner, écrasé sous les responsabilités tout en s'interrogeant sur le bien-fondé à se battre encore. Dans chaque instant du récit se déroulant sur une journée, Stoner semble vainement s'accrocher à maintenir les édifices de son existence sans y croire complètement.

L'ouverture morne dans villa de Beverly Hills le voit regretter de ne pas avoir fait l'amour une dernière fois avant le départ en voyage de son épouse (Patricia Smith) plus attristée qu'aimante. C'est cette même énergie du désespoir qui le voit céder aux méthodes les plus douteuses pour maintenir son usine à flot, incendie à l'assurance, proxénétisme au service d'un commanditaire et liaisons dangereuses avec la mafia. Chaque élément de sa vie qui sombre ramène Stoner à ses aspirations passées et ses ratés dans ce monde changeant. Ce sera pour l'intime l'éloignement de sa fille en pension et l'affection estompée avec son épouse et pour l'usine, l'idéal et la ferveur d'entreprenariat disparue.

John G. Avildsen ne lâche pas d'une semelle son acteur tout en capturant l'esprit de ce LA 70's dont la modernité contrebalance avec la nostalgie constante de Stoner. On ressentira cela surtout à travers les deux rencontres avec la marginale hippie peu farouche jouée par Laurie Heineman, seule respiration vers l'extérieur et le monde qui l'entoure pour notre héros. Ce sont pourtant bien les dialogues désabusés avec son associé Phil (Jack Gilford), la bande-son rétro et la constante évocation du passé qui marquent le personnage. Cette atmosphère dépressive est en contrepoint de l'atmosphère ensoleillée de LA et Avildsen distille progressivement par le dialogue, les situations (et ce bonheur d'antan toujours rattaché à la même période) la source de ce mal-être. Jack Lemmon fébrile et angoissé porte superbement le film sur ses épaules dans une de ses prestations les plus vulnérables avec Le Jour du vin et des roses (1962).

Sorti en dvd zone 2 français chez Paramount 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire