1942. Alors qu’ils ont la retraite coupée par
l’avance des Japonais, le capitaine Langford et ses troupes britanniques
exténuées parviennent à prendre dans la jungle birmane un village tenu
par l’ennemi.
En 1958 la Hammer remporte un immense succès avec le film de guerre The Camp of Blood Island
réalisé par Val Guest. Le studio essuie néanmoins une vraie polémique
en raison de la complaisance des descriptions des exactions japonaises,
bien qu'il s'en défende en affirmant avoir adapté des faits réels. Les
dirigeants réfléchissent à une production qui éteindra cette polémique
et trouve la solution en adaptant la pièce télévisée Yesterday's Enemy,
diffusée sur la BBC en 1958. Le film se base sur un réel crime de
guerre commis par l'armée britannique en 1942 et va poser un regard
complexe sur les nécessités discutables en temps de conflit. C'est le
dilemme auquel se confronte les restes d'un bataillon britannique dans
la jungle birmane où, réfugié dans un village ils vont se trouver en
possession d’une information capitale sur une manœuvre japonaise à
venir.
Le capitaine Lagford (Stanley Baker), encerclé par
l'ennemi et observant l'épuisement de ses troupes est ainsi constamment
déchiré entre la raison de guerre et son humanité. Chaque décision se
doit d'être douloureusement pesée, que ce soit un maigre repos après les
rigueurs de la jungle, abandonner les blessés condamnés pour les biens
de la mission... Un moment clé du film sera lorsqu'il devra recourir à
une solution radicale pour faire parler un espion, sacrifier des
villageois pour obtenir des informations capitales. La prestation à la
fois tourmentée et déterminée de Stanley Baker fait ressentir toute la
criticité douloureuse de ses choix discutables, les personnages du
prêtre (Guy Rolfe) et du journaliste (Leo McKern) se posant en cautions
morales discutant ses options.
Le récit ne se montre pourtant jamais
manichéen, ce que l'humanisme réclame se trouvant contredit constamment
par la réalité de la guerre. Le recours radical à la violence est
douloureux et inéluctable, la dernière partie retournant la situation
avec cette fois nos héros à la merci des japonais. Cette péripétie a
pour rôle de remettre en perspective les questionnements moraux initiaux
tout en corrigeant le tir de The Camp of Blood Island en présentant cette fois un officier japonais réfléchi, respectueux de l'ennemi mais tout autant guidé par son devoir.
L'origine
"théâtrale" (l'histoire sera effectivement jouée sur scène l'année
suivante) privilégie les joutes verbale mais Val Guest n'en néglige pas
pour autant la dimension guerrière. La jungle de studio est
remarquablement réaliste grâce à la mise en scène de Guest qui parvient à
en traduire le côté étouffant et suffocant. Le jeu sur le hors-champ
rappelle le passif fantastique du réalisateur pour traduire le danger,
tandis que le jeu sur les cadrages et composition de plan joue sur le
suspense (tous japonais tapis en amorce dans le moindre recoin de
buisson ou fourré) mais aussi d'émotion lors de la dernière partie avec
cette fenêtre donnant sur le peloton d'exécution. Quant à la violence,
elle n'a pas de nationalité tant les élans les plus brutaux (et qui
détonnent pas mal dans le cinéma de guerre de l'époque) proviennent des
deux camps. Une très belle réussite et un grand film de guerre méconnu.
Sorti n bluray et dvd zone 2 anglais chez Indicator et doté de sous-titres anglais
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