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vendredi 31 mai 2019

Capitaine Mystère - Captain Lightfoot, Douglas Sirk (1955)


Au début du XIXe siècle, au plus fort de la lutte opposant les Irlandais aux Anglais, Michael Martin quitte Ballymore pour Dublin, après avoir pillé l’intendant de lord Devereaux et s’être mis à dos les membres du comité. Poursuivi par les dragons britanniques, il est sauvé par John Doherty, le chef des partisans irlandais, et devient très rapidement son second…

Même s’ils représentent son genre de prédilection et lui vaudront de passer à la postérité cinéphile, les grands mélos hollywoodiens sont pourtant l’arbre qui cache la forêt chez Douglas Sirk. En tout bon employé de studio, Sirk aura finalement œuvré dans tous les genres durant sa carrière hollywoodienne, que cela soit western (Taza fils de Cochise (1954)), le film historique (le délicieux Scandale à Paris (1946), adaptation de la vie de Vidocq), ou encore le péplum avec Le Signe du Païen (1954). C’est d’ailleurs par ce biais qu’il rencontre son futur acteur fétiche Rock Hudson qu’il dirige dans la screwll comedy Qui donc a vu ma belle ? (1952). Il s’attaque au film d’aventures avec ce Capitaine Mystère qui, être un des fleurons du genre offre un vrai bon divertissement auquel il prête tout son savoir-faire avec brio.

Le ton décontracté et trépidant surprend, avec un Rock Hudson confirmant ses dispositions dans la comédie pure (confirmée plus tard dans le génial Le Sport favori de l’homme de Howard Hawks (1964)), plein d’allant en rebelle irlandais un peu plouc, totalement égaré dans un monde de complots et de faux-semblants. La distance que Sirk sait parfois faire prendre à ses intrigues mélodramatiques fonctionne à plein dans ce contexte plus décontracté, et la première partie réveille les plaisirs qu’ont pu provoquer la lecture des œuvres d’Alexandre Dumas. Le personnage d’Hudson n’est d’ailleurs pas sans évoquer un D’Artagnan, dans son côté fonceur et irréfléchi. Cela occasionne quelques moments très drôles et survoltés, comme lorsque Hudson est "testé", en étant contraint d’affronter une grosse brute irlandaise dans un hôtel, sans parler des mémorables disputes avec le personnage de Barbara Rush, dont une où, excédé, il finit tout simplement par lui flanquer une fessée.

Les qualités plastiques qui font le charme de ces mélos sont également de la partie, un scope somptueux magnifiant les extérieurs irlandais ( les tournages in situ n’étant pas encore si courante à l’époque), des cadrages bourrés d’idées et une photo de toute beauté, même si l’approche flamboyante et irréelle de Russel Metty, son chef opérateur habituel ne participant pas au film. Finalement, très peu d’action pure (même si une haletante scène d’évasion en conclusion), mais tellement entraînant et bien mené que l’on ne voit pas le temps passer, le tout se terminant sur un modèle de scène romantique. Douglas Sirk fait donc montre ici d’une versatilité efficace même si sans génie. 

Sorti en dvd zone 2 français chez Carlotta 

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