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mardi 16 juillet 2019

Celebrity - Woody Allen (1998)


À travers l'histoire de deux personnages, la célébrité est abordée sous toutes ses formes, depuis la renommée nationale jusqu'à l'admiration locale d'un cercle restreint. Cette comédie est un regard amusé sur ce que les gens sont prêts à faire pour devenir célèbres ou le rester.

L’âge avançant, Woody Allen délègue son personnage dépressif et facétieux à d’autres acteurs. John Cusack ouvre le bal avec Coups de feu sur Broadway (1994) tandis que Kenneth Branagh lui emboîte le pas avec ce Celebrity (Jason Biggs suivra dans Anything else (2003)). Kenneth Branagh est notre guide dans cet Allen atypique en incarnant Lee Simon, journaliste mondain aux amours et ambitions artistiques contrariées. Woody Allen tisse une fable où se dessine en parallèle le destin de Lee et de son ex épouse Robin (Judy Davis). Le premier a préféré quitter leur vie de couple terne pour courir les célébrités tandis que la seconde se remet difficilement de cette rupture.

Leur évolution sert de fil rouge à une suite de portraits mordants où Allen se moque des affres de la renommée, du narcissisme qu’elle suscite pour ceux qui en vivent et d’autres qui en rêve. La photo noir et blanc de Sven Nykvist donne à l’ensemble un contour glamour qui jure avec les comportements pathétiques et détestables observés. La persona publique des stars vole en éclat à l’abri des regards (magnifique séquence où le discours chaste et humble de Melanie Griffith s’oppose à la séduction agressive de Lee), la promiscuité qu’elles nous laissent entrevoir s’estompe dès que cette fameuse image est menacée (le mannequin joué par Charlize Theron laissant Lee en plan suite à un accident de voiture synonyme de mauvaise publicité).

Les identités se noient dans la course à la notoriété telle ce moment tordant où les participants hétéroclites (membres du Ku Klux Klan, néo-nazi, rabbin, évangéliste noir)  d’un talk-show racoleur partagent une surprenante camaraderie, habitués qu’ils sont à se retrouver sur les plateaux tv. Le vide de la pensée est un prérequis nécessaire où ne demeure que l’attitude destructrice (savoureux Leonardo Di Caprio en caricature du minet qu’il était aux yeux du grand public à l’époque) chez les nantis, et une absence d’attache impitoyable avec le personnage de Wynona Ryder. 

Les aspirations de Lee ne s’inscrivent que dans cet égo plutôt qu’une vraie volonté artistique, et ses discours creux ainsi que ses nombreuses mésaventures en sont le reflet. A l’inverse ce monde vient à Robin plutôt que l’inverse et ses hésitations constantes face à cette lumière rendent le personnage bien plus touchant - et le propos du film moins binaire avec cette intellectuelle désintéressée s'épanouissant dans ce clinquant, où elle peut enfin lâcher prise. Son nouveau compagnon Tony (Joe Mantegna) en mettant sa notoriété plus racoleuse au service du bien-être de sa nombreuse famille donne ainsi un pendant plus altruiste et moins égocentrique de la réussite. Le film amuse et séduit par ce mélange de satire et de vraie mélancolie, notamment la belle conclusion sur un Kenneth Branagh (excellent bien que singeant un peu trop le phrasé de Woody Allen) plus perdu que jamais. Sans en égaler la profondeur, Allen creuse avec brio le sillon de son Stardust Memories (1980).

Sorti en dvd zone 2 français chez TF1 Vidéo

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