Alors que son père est dans le coma, Jin se
retrouve coincé dans une curieuse ville du Midwest renommée pour ses
immeubles disparates et modernes. Bien qu’il ne s’intéresse pas
particulièrement à l’architecture, Jin se prend d’amitié pour Casey, une
jeune femme pleine de vie travaillant à la bibliothèque municipale et
férue d’architecture, qui lui montre les merveilles de la ville. Avec
une intimité curieuse, Jin et Casey explorent tour à tour la ville et
leurs émotions conflictuelles...
Columbus
est un beau premier film qui travaille l'idée de l'écho entre notre
environnement et nos sentiments (et inversement) à travers
l'architecture. L'histoire se déroule dans la ville américaine de
Columbus, réputée justement pour sa tradition d'architecture singulière
entre vestiges passés et modernité. C'est à que vont se rencontrer la
jeune Casey (Haley Lu Richardson) et Jin (Cho). Elle vit à Columbus
quand lui y est de passage pour rester au chevet de son père hospitalisé
et dans le coma. Leur rapport à l'architecture servira de révélateur à
leur maux intime. Jin s'y désintéresse, cela reflétant les rapports
conflictuels avec son père éminence universitaire en la matière. A
l'inverse cette passion pour l'architecture est née chez Casey d'un
moment de sa vie difficile vis à vis de sa mère avec laquelle elle
entretient une relation fusionnelle. Ces informations se révèleront par
le dialogue quand les deux protagonistes se connaîtront mieux mais
Kogonada le laisse deviner bien avant par sa mise en scène, par le
rapport à l'espace des personnages.
Les plans fixes sur le
corridor de la maison de Casey montre le lien étroit, étouffant avec sa
mère, celle-ci n'ayant de cesse d'échapper à cet espace commun ou de s'y
introduire seulement quand sa fille en est absente. Jin loge dans la
chambre d'hôtel vacante de son père et semble étouffé par la
personnalité de l'absent qui baigne les lieux, et Kogonada le fait
plusieurs fois légèrement sortir du cadre pour laisser s'exprimer sa
personnalité (comme lorsqu'il passera un coup de fil professionnel et
que l'on ne verra que ses jambes). Ce rapport à l'espace (et donc aux
parents) évoluent lorsque Casey et Jin se lient d'amitié et qu'elle lui
fait découvrir ses bâtiments préférés de la ville. Dès la première scène
de ce type, c'est le lien émotionnel à la bâtisse qui s'impose.
Casey
débute un speech érudit façon guide touristique mais Jin l'interrompt,
lui demandant de lui dire ce qui la touche personnellement dans ce lieu.
La scène prend alors un tour plus abstrait, une musique planante et un
plan fixe sur Casey exprimant son intérêt suffisant grâce à ses
expressions pour faire comprendre ce qui l'émeut, ou en tout cas le fait
qu'elle soit émue par ce qu'elle voit. Chaque nouvel immeuble,
cathédrale ou autre école sera donc l'occasion de confessions de plus en
plus intimes, parfois de confits mais au final d'ouverture et de prise
de conscience de chacun au niveau de sa vie.
Kogonada façonne des
cadres minutieux jouant un constant va et vient entre gigantisme et
intimiste, entre Histoire des lieux et histoire des personnages. On
baigne dans une douceur contemplative et introspective où le travail sur
les silences est essentiel. La ville de Columbus est magnifiquement
mise en valeur, alternant l'imagerie traditionnelle à la Norman Rockwell
et une imposante modernité où s'invite aussi une poésie plus
naturaliste. La structure même de certains bâtiment sert la dramaturgie
du récit (cette baie vitrée où Casey espionne sa mère et la voit éviter
ses appels) où nourrit l'évolution et la réflexion des personnages comme
la tirade de Jin sur la structure d'un hôpital psychiatrique.
L'interprétation est au diapason avec John Cho tout en douleur contenue,
et surtout une lumineuse Haley Lu Johnson qui fissure subtilement son
allure première de jolie girl next door. Un très beau film qui rend
vraiment curieux de a suite de la carrière de Kogonoda.
Sorti en bluray et dvd anglais chez Netsowrk et doté de sous-titres anglais
Bonjour ! Ou peut on trouver ce film en français s'il vous plaît ? Il existe seulement en anglais ? 🙂 Merci
RépondreSupprimerBonjour, et non pour l'instant le film n'est pas disponible en français, seulement dans l'édition anglaise que j'ai évoqué. Mais "After yang" le nouveau film du réalisateur va bénéficier d'une sortie salle le 6 juillet et a plutôt l'air de bénéficier de bonnes critiques. Donc peut-être que ça incitera les éditeurs ou les plateformes française à rendre le film accessible ici eséprons !
SupprimerRe !
SupprimerOui j'en ai bcp entendu parlé ! Dommage que ce genre de film ne soit pas plus exploité en France ... Espérons oui 😉 merci en tout cas pour la réponse
Bonne nouvelle (peut-être si vous êtes su Paris) le film passe ce soir (le 9 juillet) au cinéma le Grand Action à 20h50
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