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lundi 16 novembre 2020

Les Griffes du cauchemar - A Nightmare On Elm Street 3: Dream Warriors, Chuck Russell (1987)

Kristen Parker, une adolescente, est internée dans l’hôpital de Westin, au sein d'une unité consacrée aux troubles suicidaires et troubles liés au sommeil. Elle s'attache au groupe d'adolescents qui éprouvent comme elle, des troubles liés à leurs cauchemars. Nancy Thompson, survivante des assauts de Freddy Krueger, intervient en tant qu'alternante au sein du service psychiatrique.

Si Les Griffes de la nuit (1984) avait amené un souffle nouveau au film d’horreur des 80’s, sa suite La Revanche de Freddy (1985) reçut assez injustement un accueil plus tiède malgré une tonalité surprenante teintée de culpabilité gay. New Line tente quand même de produire un troisième volet supposé conclure la franchise, mais le succès commercial immense va totalement relancer et réinventer la série. Wes Craven revient au chevet de son personnage en cosignant le script, il se verra d’ailleurs refuser le postulat de mise en abyme qu’il réutilisera  bien plus tard dans l’ultime volet Freddy sort de la nuit (1994). Le film est d’avantage une suite directe des Griffes de la nuit que La Revanche de Freddy, en faisant revenir Heather Langenkamp (héroïne du premier film) et en approfondissant l’univers du récit avec la révélation des sordides origines de Freddy Krueger.

 Après une ouverture classique mais saisissante où Freddy s’immisce dans les rêves de la jeune Kristen (Patricia Arquette), le postulat se renouvèle avec ce groupe d’adolescents coincés dans un institut psychiatrique cherchant  à soigner leurs troubles du sommeil. C’est l’occasion de matérialiser là un thème sous-jacent de la saga, la culpabilité des adultes et leur incompréhension des adolescents. Dans Les Griffes de la nuit, les crimes de parents rejaillissaient sur les enfants et La Revanche de Freddy montrait comment la différence (en l’occurrence l’homosexualité) vous stigmatisait à la fois dans l’environnement lycéen et au sein de la famille. Freddy était la manifestation de ces failles chez les adultes et il en va de même ici. La mère (Brooke Bundy) de Kristen est une nantie qui préfère déléguer plutôt que de comprendre les maux de sa fille qu’elle néglige. Au sein de l’institut le docteur Elizabeth Simms (Priscilla Pointer) balaie d’un revers de main les tentatives d’explications de ses jeunes patients sur leur terreurs nocturnes, et emploie précisément les méthodes qui en font des proies faciles pour Freddy Krueger. 

Les scènes de rêve des deux premiers films jouaient clairement la carte du malsain, notamment dans toutes la dimension attraction/répulsion du sexe de l’adolescence. Chuck Russell atténue ce côté glauque pour rendre les manifestations de Freddy plus spectaculaires et les teinter d’humour noir. Le film convoque donc toutes les possibilités d’effets visuels d’alors (stop-motion, maquillage, animatroniques) pour mettre en valeur les agressions de Krueger, avec une inventivité constante. Chacun est bien sûr punis dans ses peurs ou désirs secrets, et l’un des sommets du film est lorsque cet ado friand de marionnette en devient une animé par Freddy grâce au fil de ses tendons, et dont la mort façonne une image inoubliable avec le visage immense de Krueger se dessinant dans le ciel nocturne. L’autre séquence virtuose voit l’ancienne junkie Taryn (Jennifer Rubin) transpercée par les griffes de Freddy venant lui rappeler douloureusement ses addictions. 

Les concepteurs de la saga Insidious en plus de s’être largement alimentée de Poltergeist (1982) a très certainement pioché une part de leur inspiration ici, ce troisième volet jouant beaucoup plus la carte onirique avec ses personnages à la fois perdus et conscients, subissant ou altérant cet environnement rêvé. Russell joue moins sur la porosité avec le réel pour lâcher la bride à une dimension parallèle cauchemardesque et hallucinée. 

La peur est cependant atténuée par l’introduction du bon mot plus ou moins fin de Freddy lors des mises à mort, gimmick qui deviendra une vraie signature du personnage dans les volets suivants (pour le meilleur et pour le pire). Cependant le jeu encore très menaçant de Robert Englund et certaines images marquantes (son torses lardé du visage déformé de ses victimes terrifiées) suffisent encore à conserver toute la magnétique frayeur qu’inspire le personnage. Un épisode impressionnant donc et qui redéfinit les codes et attentes par rapport à la saga grâce à son carton au box-office. 

Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez Metropolitan

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