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jeudi 14 juillet 2022

Rich and Famous - Gong woo ching, Taylor Wong (1987)


 Pour rembourser une dette de jeu, un homme entraîne sa sœur et son demi-frère dans une spirale violente entre seigneurs de gangs rivaux.

Rich and Famous s’inscrit parmi les productions opportunistes réalisées dans le sillage de l’immense succès de Le Syndicat du crime de John Woo (1986). Ce dernier avait avec Le Syndicat du crime inventé l’heroic bloodshed ou polar héroïque, refonte du genre s’inspirant des codes du film de sabre et plus particulièrement ceux de Chang Cheh célébrant l’amitié fraternelle et virile dans des combats épiques qui deviennent dans ce pendant contemporain des scènes d’actions démesurées. Rich and Famous sort à peine quelques mois après le film de John Woo afin de battre le fer tant qu’il est chaud mais l’urgence de sa confection déteint malheureusement sur le résultat final. Afin d’avoir tous les atouts de son côté le producteur Johnny Mak (réalisateur à ses heures tel le fabuleux Le Bras armé de la loi (1984)) va engager un casting prestigieux et vendeur dont Chow Yun-fat (héros du Syndicat du crime et nouvelle superstar d’action) mais dont les engagements vont nécessiter une organisation complexe. Le scénario et le tournage se feront au gré des disponibilités de chacun à travers de multiples équipes dont Taylor Wong, le réalisateur officiel, n’est lui aussi qu’un rouage. 

A l’écran cela donne un récit assez archétypal voire caricatural du genre, mais qui aurait pu fonctionner avec plus de cohérence. Là le début du film semble se lancer sur le destin d’une fratrie (Andy Lau et Alex Man) entraînée malgré elle sur la voie du crime en intégrant une triade, puis l’on passe au portrait façon Le Parrain du boss de l’organisation joué avec un charisme certain par Chow Yun-fat, avant de basculer dans une guerre des gangs puis de revenir à la fratrie sur fond de trahison sanglante. La narration est lâche, orchestrant deux évènements sans rapport pour entraîner les héros dans le monde du crime, la caractérisation grossière (Yung le frère joué par Alex Man passe de simples mauvais penchants à la traitrise mâtinée de sadisme de manière caricaturale) et la temporalité aléatoire puisque de petites mains du gang les frères accèdent aux hautes sphères en un rien pour gagner la confiance de Chow Yun-fat.

Le charisme des acteurs maintient malgré tout l’intérêt mais l’intrigue changeant de direction toutes les 20 minutes, les protagonistes entrant et sortant du récit sans la moindre cohérence (difficile de s’émouvoir du sort de l’épouse de Chow Yun-fat que l’on a tout juste vu, tout comme du dépit amoureux de la sœur jouée par Carina Lau) sont des écueils finissant par lasser et faire décrocher sur la longueur. De plus les scènes d’actions très génériques ne rehaussent en rien l’ensemble pour le spectaculaire. Ce n’est pas forcément désagréable à regarder mais tout de même assez médiocre dans l’ensemble. Le film fut tourné en même temps que sa suite Tragic Hero, mais devant le résultat les producteurs firent le choix de sortir cette dernière en premier et de faire passer Rich and Famous pour un préquel quelques mois plus tard. Bien leur en pris, Tragic Hero est un film plus réussi et meilleur représentant du heroic bloodshed qui connaîtra un vrai succès tandis que Rich and Famous qui en symbolise le pire sera plus rentable encore car surfant sur la notoriété de son « prédécesseur ». 

Sorti en bluray français chez Spectrum Films

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