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dimanche 30 avril 2023

Lee Rock 2 - Ng yi taam jeung II, Lawrence Ah Mon (1991)


 En 1959, l'inspecteur étranger Reeve du quartier de Yau Ma Tei (en) prend sa retraite, ce qui conduit à une compétition entre Lee Rock et Ngan Tung (Paul Chun) pour prendre sa succession. Ngan Tung n'hésite alors pas à collaborer avec de nombreux hommes d'affaires et trafiquants de drogue de Hong Kong dans l'espoir de s'emparer du poste. Lee Rock refuse également de faire marche arrière. Bien que Ngan Tung obtienne finalement le poste, Lee Rock est promu détective en chef en Chine, un poste nouvellement créé, ce qui le place au-dessus de Ngan.

Initialement envisage comme une grande fresque criminelle de trois heures, Lee Rock (1991) est opportunément divisé en deux films par ses producteurs lorsqu’ils en décèlent le potentiel commercial. Le réalisateur Lawrence Ah Mong doit jongler au fil des réécritures et ajouts de matériels filmiques intempestif pour nourrir ce qui est désormais un diptyque le temps d’un tournage intense. Le premier volet était une œuvre plaisante mais déchirée entre plusieurs élans contradictoires, comme faire l’éloge d’une figure corrompue notoire dans un film indirectement financé par les triades. Le film souffrait ainsi d’une tonalité trop romancée quant aux motivations de Lee Rock, tout en ayant un traitement franchement complaisant sur ce contexte de corruption policière généralisée.

Ce deuxième volet est moins nerveux et riche en péripéties que son prédécesseur, mais corrige en partie ce problème d’angle thématique. Nous avions quitté Lee Rock en pleine ascension, nous le retrouvons désormais alors qu’il atteint les sommets lorsqu’il obtient le rang lui conférant le pouvoir au grand dam de son rival de toujours. Une nouvelle fois le script l’absout un peu en le montrant organiser une corruption plus « vertueuse » où chaque strate de la police pourra croquer sa part du gâteau, notamment les officiers en uniformes dont il fit partie. Néanmoins ce second film est moins indulgent, célébrant moins son héros au sommet que quand il cherchait à y parvenir.

Le travail sur l’ellipse parvient tant bien que mal à traduire les conséquences de la mainmise de Lee Rock sur le crime organisé tandis qu’Andy Lau et un soupçon de maquillage illustrent le passage du temps sur la psychologie du personnage. C’est moyennement convaincant, Andy Lau exprimant cette maturité et arrogance par un jeu tout en mimique dédaigneuse et postures arrogantes. En dépit de gros raccourcis, la manière dont le pouvoir britannique tente d’épurer les forces de police corrompues avec la création de l’ICAC (une commission anti-corruption) est plutôt intéressante et laisse entrevoir quelques intrigues de palais et manœuvre stratégiques prenantes.

Cependant afin de ne pas aliéner trop fortement son anti-héros du spectateur, le film crée l’empathie par la fiction au lieu de creuser l’intéressant sillon judiciaire. Lee Rock retrouve son amour perdu du premier film et se découvre un fils qui malheureusement est un des membres les plus féroces de l’ICAC. Le procédé est certes grossier pour créer du drame, mais c’est dans ce registre intimiste qu’Andy Lau est le plus convaincant. Il amène une émotion et une profondeur qui lui confère un charisme bien plus tangible que lorsqu’il force les mimiques à la Robert De Niro pour nous faire croire qu’il est un leader charismatique. Si l’on regrette que la facette romancée prenne le pas sur la trame policière et géopolitique, Lawrence Ah Mong y semble plus à l’aise et y réserve tous les vrais temps forts du film.

C’est grâce à cela que la conclusion se teinte de regrets et d’amertume alors que dans le film et la réalité, Lee Rock a réussit à fuir au Canada avec ses millions et échapper à la justice hongkongaise. C’est donc par ce qu’il a dû perdre d’un point de vue personnel (finalement le fil rouge des deux parties) que Lee Rock existe à l’écran, et permet le seul morceau de bravoure de cette seconde partie avec un gunfight nerveux à souhait dans un hôpital. Si le film-dossier sur cette époque de corruption dans la police de Hong Kong reste sans doute à faire (les autres fresques criminelles sorties dans le sillage de Lee Rock explorant la même voie commerciale spectaculaire), Lee Rock n’en reste pas moins un plaisant et fastueux divertissement. 

Sorti en bluray français chez Spectrum Films

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