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vendredi 8 mars 2024

Tiger Cage - Dak ging to lung, Yuen Woo-ping (1988)


 Après une descente de police très musclée, un trafiquant de drogue se fait descendre. Son frère ne tarde pas à venger sa mort. Arrêté, il menace de dénoncer un gang de flics ripoux. Un inspecteur plus intègre que les autres va découvrir la corruption et s'engager avec son collègue dans une véritable tuerie entre flics, d'où personne s'en sortira indemne.

Tiger Cage est, à l’instar de la série de films Le Sens du devoir, une saga improvisée de polar et d’action dont le fil rouge tient en la présence de Donnie Yen mais surtout par ses empoignades/fusillades urbaines mouvementées. C’est l’occasion pour le légendaire chorégraphe et réalisateur Yuen Woo-ping de sortir de son registre connu privilégiant l’extravagance kung-fu, que ce soit dans les joutes martiales déjantées, la tonalité comique et le choix d’un cadre historique passé dans des réussites comme Drunken Master (1978), Le Héros magnifique (1979) ou encore Miracle Fighters (1982) – si l’on en reste qu’à ses réalisations. Nous sommes donc ici dans un environnement contemporain, urbain et menaçant dont l’intrigue policière nerveuse se déleste de la légèreté et des facéties coutumières de Yuen Woo-ping pour un tonalité particulièrement sombre.

Les premières vingt minutes du film sont d’une densité impressionnante, ce qui s’y déroule suffisant à alimenter la trame entière d’autres polar de série B de ce type. Notre groupe de héros, membre d’une brigade anti-stupéfiant y démantèle l’organisation d’un trafiquant de drogue et le traque avec acharnement en le laissant pour mort. Ce dernier, bien vivant ressurgit pourtant pour se venger avant d’être définitivement mis hors d’état de nuire. Ce n’est que le début d’ennuis qui vont faire imploser l’unité et l’amitié liant la brigade. Yuen Woo-ping ne s’occupe ici que de la réalisation, les combats étant chorégraphiés (en partie) par Donnie Yen. Dès lors l’action se déleste en grande partie (même si quelques ralentis bien sentis nous feront savourer les assauts les plus douloureux) du côté relativement démonstratif inhérent au polar hongkongais pour privilégier la tension et l’urgence malgré quelques péripéties particulièrement kamikaze.

Si les morceaux de bravoure ne manquent donc pas, c’est avant tout la profonde noirceur de l’histoire qui marquera le spectateur. Le début du film, tant dans l’introduction musclée évoquée plus haut, que par des saynètes comiques sert à nous traduire l’amitié et la confiance profonde du groupe de héros policier. Toute la suite de l’histoire, à coup de rebondissements violents et de trahisons cruelles va faire voler en éclat ce statut, laissant voir une corruption à divers étages de la police. Le scénario reste cependant à l’échelle restreintes des conséquences intimes du double jeu des uns et des autres et hormis des éléments anticipables par les habitués des têtes d’affiches hongkongaises (Simon Yam forcément pas très clair sous ses airs vertueux), les coups de théâtres fonctionnent parfaitement. 

Il y a une vraie dimension cathartique de film d’exploitation impitoyable dans laquelle s’entrecroisent les pertes tragiques et les vengeances hargneuses. Le surjeu d’un Jacky Cheung nerveux à souhait ne fait donc pas tâche, son opposition à Simon Yam anticipant même celle fameuse d’Une Balle dans la tête de John Woo (1990). Le film regarde d’ailleurs dans les yeux Le Syndicat du crime 2 (1987) de ce dernier avec une histoire plus solide et une réalisation qui n’a pas à rougir. Yuen Woo-ping renouvèle donc bien son registre dans ce cadre du polar, avec lequel il renouera avec Le Sens du devoir 4 (1989) et surtout les deux suites Tiger Cage 2 (1990) et Tiger Cage 3 (1991). 

Sorti en bluray chez Metropolitan/HK Vidéo dans un coffret regroupant la trilogie

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