Bien qu'elle survive aux Cénobites, Kirsty Cotton se retrouve internée dans un hôpital psychiatrique dont le responsable, le Dr Channard, se livre à de cruelles expériences, dans l'espoir de percer les secrets de l'autre monde. Il y réussit si bien qu'il ressuscite Julia Cotton qui, aux enfers, règne en maîtresse absolue...
Hellraiser (1987) fut un succès surprise en Europe et aux Etats-Unis, entraînant la mise en route rapide d’une suite Hellbound: Hellraiser II. Clive Barker est cette fois uniquement producteur, même s’il trace les grandes lignes de l’histoire dont le scénario sera écrit par Peter Atkins. C’est Tony Randel, producteur sur le premier film, qui endosse cette fois la casquette de réalisateur. On retrouve globalement la même équipe devant et derrière la caméra pour ce qui sera une vraie suite directe.
Après la conclusion tragique du premier film, Kirsty (Ashley Laurence) est admise en hôpital psychiatrique où l’explication de ses mésaventures peine à être crue. La première partie du film est une sorte de remake resserré de Hellraiser dans un environnement différent, un protagoniste aux fantasmes trouble ramenant Julia (Clare Higgins) des enfers et déclenchant le même cycle meurtrier que Frank jusqu’à la réapparition des Cénobites. Le budget limité du premier volet n’avait pas permis à Clive Barker d’exploiter toutes ses idées sur la mythologie des Cénobites, instaurant finalement un climat de mystère très réussi dans ses non-dits. Cette suite s’applique donc à approfondir cela durant une seconde partie se déroulant entièrement dans la dimension parallèle des Cénobites. Outre la perte d’une partie de cette atmosphère mystérieuse, la fascination/répulsion pour la douleur s’estompe grandement puisque l’on peut supposer que cela ne fait pas partie des fantasmes de Tony Randel qui ne s’y attarde pas avec la même délectation que Clive Barker.Cependant Randel semblait traverser à l’époque une profonde dépression altérant sa vision du monde, et cette humeur transparaît dans la profonde noirceur et les visions infernales du film. Les quelques corridors inquiétant du monde des Cénobites entraperçu dans Hellraiser laisse désormais place à un gigantesque et tortueux dédale. Si filmer l’extase de la douleur l’intéresse moins, sonder la noirceur de l’âme humaine stimule particulièrement le réalisateur. Les protagonistes dans leurs déambulations sont exposés à des tableaux et hallucinations explorant leurs peurs, leurs traumatismes les plus profond. En s’y abandonnant tel le docteur Channard (Kenneth Cranham) se plaisant déjà un peu trop dans la réalité à triturer les chairs de ses patients, on devient une part de ce monde. Ainsi les tentacules-scalpels du docteur métamorphosé en Cénobite s’avèrent des excroissances visqueuses de ses pulsions les plus primaires. Le budget bien supérieur permet de donner lieu à travers le gigantisme des décors (construits à Pinewood) et les effets spéciaux (les maquettes et matte-painting donnant sur le panorama stupéfiant du monde des Cénobites) à un univers grandiloquent. La touche païenne façon Lovecraft sexué et pervers se joue dans les éléments « autres », ainsi qu’une dimension psychanalytique malheureusement plus creusée sur la forme que sur le fond contrairement au premier film. Néanmoins le fait de livrer quelques indices sur le passé humain des Cénobites et en particulier Pinhead est une belle idée qui alimentera la mythologie de la saga dans les films suivants.Hellraiser 2 échoue à créer le malaise et la peur indicible de son prédécesseur par son approche plus frontale et explicative, mais impose une véritable chape de plomb oppressante qui parvient à conférer une identité propre au film – notamment l’incroyable première apparition des Cénobites dont la grandiloquence diffère de la menace sourde exprimée par leur arrivée dans Hellraiser.Sorti en bluray français chez L'Atelier d'Image
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