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mercredi 28 mai 2025

La Tigresse - Too Late for Tears, Byron Haskins (1949)

La nuit, sur une route déserte de Californie, les Palmer se rendent à une soirée quand une mystérieuse voiture leur jette une mallette. Ils découvrent qu'elle est remplie de dollars. Si Alan veut prudemment remettre la trouvaille à la police, sa femme, Ellen, n'est pas prête à y renoncer. Le couple décide d'attendre un peu, mais quand un homme vient réclamer l'argent, une décision doit être prise. Jusqu'où la jeune femme ira-t-elle pour garder le magot ?

La Tigresse est un film noir qui participe à installer l’aura de Lizbeth Scott en tant que femme fatale emblématique du genre. Le scénario a l’originalité de déplacer, tant formellement, thématiquement que psychologiquement, cette figure de la femme fatale dans un contexte plus terre à terre. Point d’intrigue tortueuse, d’héroïne vénéneuse ou d’atmosphère stylisée et mystérieuse ici. Ellen (Lizbeth Scott) est une jeune femme vénale qui pense que le destin l’a toujours éloigné de la grande vie fastueuse qu’elle mérite. 

Il est largement sous-entendu qu’elle a probablement poussé au suicide un premier mari qui n’a pas su répondre à ses exigences luxueuses, et elle-même admettra avoir eu le sentiment de ne pas être à sa place durant son enfance au sein d’une famille modeste. Tout ces éléments qui seront explicités plus tard se devine durant la scène d’ouverture où Ellen, honteuse de sa condition, rechigne à se rendre à la soirée chez des amis nantis en compagnie de son époux Alan (Arthur Kennedy). La providence semble enfin sourire au couple quand une mallette remplie de dollars échoue dans leur voiture durant leur trajet.

Alan malgré la tentation de garder le magot préfère le rendre aux autorités, mais à l’inverse tous les rêves de grandeur d’Ellen sont ravivés, et l’entraîneront dans une spirale criminelle sans fin. La frivolité du personnage est parfaitement capturée, les premières dépenses ne servant qu’à des produits de luxe futiles et superficiels – tout comme le train de vie faste et vain qu’elle tiendra en fin de film. Cet argent ne sert qu’à combler un vide matériel, à flatter un égo, ne s’inscrit que dans une satisfaction immédiate et individualiste dont son époux est totalement exclu. Lizbeth Scott le visage dur et l’œil brillant de cupidité es fascinante, imposant une présence froide à la Lauren Bacall, mais totalement déshumanisée. Sa vilénie écrase les protagonistes bons l’entourant, son mari en tête (la bonhomie d’Arthur Kennedy fonctionnant à merveille), et finit par intimider les mauvais qui tente de l’intimider tel Danny Fuller (Dan Duryea) qui va amèrement regrette être venu réclamer son dû.

Malgré quelques atermoiements (le personnage de Don Black (Don DeFore ) introduit au forceps), le cadre domestique du récit (hormis quelques scènes extérieurs les enjeux s’articulent dans les espaces clos d’appartements quelconques) offre un contraste captivant entre cette normalité et la détermination impitoyable d’Ellen. Byron Haskins, plus connu pour son travail sur les effets spéciaux ou pour des réalisations plus spectaculaires (La Guerre des mondes (1953), Quand la Marabunta gronde (1954)) se montre fort intéressant sur ce registre plus sobre et parvient à livrer un film noir singulier et prenant.

Sorti en bluray français chez Elephant Films 

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