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lundi 7 juin 2010

La Traversée du Temps - Toki wo Kakeru Shōjo, Mamoru Hosoda (2006)



Makoto est une jeune lycéenne comme les autres, un peu garçon manqué, pas trop intéressée par l’école et absolument pas concernée par le temps qui passe ! Jusqu’au jour où elle reçoit un don particulier : celui de pouvoir traverser le temps. Améliorer ses notes, aider des idylles naissantes, manger à répétition ses plats préférés, tout devient alors possible pour Makoto. Mais influer sur le cours des choses est un don parfois bien dangereux, surtout lorsqu’il faut apprendre à vivre sans !

Une intrigue aussi classique que surprenante par instant mêlant voyage dans le temps, comédie et premiers émois adolescents. L'histoire est issue d'un livre Yasutaka Tsutsui, auteur déjà dans le Paprika de Satoshi Kon en 2007. C'est d'ailleurs plus une sorte de suite/remake puisque le roman original narrait les aventures de la tante de Makoto qui vécu la même aventure, et semble en savoir long sur les nouvelles faculté de l'héroïne dans ce nouveau récit. On ressent une même similitude dans l'art de mêler les différentes temporalité mais on atteint pas ici le vertige psychédélique d'un Paprika pour laisser plus de place à l'émotion.

Le film se focalise plus sur son attachante et gaffeuse héroïne plutôt que sur une imagerie originale du voyage dans le temps (même si l'explication finale est assez bien trouvée). En donnant à une fille insouciante le don de voyager dans le temps, l'histoire limite l'exploitation de son pouvoir à son univers quotidien où elle va s'efforcer de résoudre ses petits soucis de tout les jours (ne plus être en retard, avoir de meilleure note, faire durer ses loisirs plus longtemps) et occasionnant d'irrésistible moments de comédie (la technique des premiers sauts dans le temps avec ses chutes douloureuses est excellente).
Puis lorsque Makoto se voit confrontée aux conséquences de ses actes insignifiants ou encore provoque des réactions inattendues sur son entourage le film se teinte progressivement d'un spleen, d'une mélancolie envoutante en devenant de plus en plus dramatique. La révélation en fin de film amène un degré de lecture supplémentaire et une belle émotion contrebalançant la légèreté du début avec une flopée de scène marquante (Makoto qui cherche Chiaki dans la foule, le poignant adieu final).

Mamoru Hosoda fait preuve d'un brio de narrateur époustouflant, mettant entièrement sa mise en scène sobre au service de l'histoire. Porté par la belle musique de Kiyoshi Yoshida, la réalisation pleine de grâce offre des moments de lenteur hypnotiques envoûtants accompagnant la perte de repère progressive.

Disponible en zone 2 dans une belle édition chez Kaze. Summer Wars, le nouveau film de Mamoru Hosoda sort le 9 juillet et est tout aussi réussi. Sinon une adaptation "live" du roman est actuellement en projet au Japon. On doute que la magie du film de Hosoda puisse être retrouvé mais à suivre.

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