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mercredi 25 août 2010
Seuls sont les indomptés - Lonely are the Brave, David Miller (1962)
Au Nouveau-Mexique, Jack Burns, authentique cowboy perdu dans notre monde moderne, retourne volontairement en prison pour aider son ami Paul à s'échapper. Mais comme celui-ci a décidé de purger sa peine jusqu'au bout, Jack s'évade tout seul mais est poursuivi par le shérif Johnson...
Dans ce vrai/faux western, Kirk Douglas incarne John W. Burns un cowboy inadapté à la vie moderne vivant toujours au jour le jour en harmonie avec la nature comme à la bonne vieille époque de l'Ouest. Un jour qu'il se rend en ville voir un ami en difficulté, il est provoqué, emprisonné et finalement traqué après avoir réussi à s'évader.
Les cinq premières minutes laissent croire à un vrai western d'époque avant qu'une scène nous montrant Kirk Douglas traverser une autoroute à cheval nous ramène à la dure réalité et à la problématique du film. Le pitch évoque très fortement le futur Rambo (le livre de David Morell ne paraîtra qu'en 1972 et le film de Ted Kotcheff en 1980 on peut soupçonner une inspiration du film de David Miller), le personnage de Douglas s'avérant même être un ancien soldat de la guerre de Corée.
Déjà une guerre honteuse où les vétérans ont du mal à se réintégrer à une vie normale donc, qui s'ajoute à une mélancolie sur un certain esprit de l'Ouest définitivement perdu. On retrouve la fibre politique de Dalton Trumbo (encore sur la liste noire) que Douglas a convoqué au scénario pour adapter un roman de Edward Abbey. Le film accompagnait ainsi une thématique récurrente à ce moment là sur le crépuscule d'un genre le western, mais aussi de l'esprit des pionniers face à la modernité tel L'homme qui tua Liberty Valance de John Ford sorti la même année.
Kirk Douglas (qui dans ses mémoires considère Seuls son les indomptés comme son meilleur film) ici également producteur a investi beaucoup de lui même dans ce touchant nostalgique incapable d'évoluer avec son époque et d'abandonner ses rêves. Ses relation sont aussi paisible et pacifique avec la nature (tel la relation qu'il entretien avec son cheval dont une scène magnifique où il refuse de l'abandonner quitte à se faire prendre) qu'orageuse et violente avec les hommes et la civilisation, hormis quelques rencontres éparses dont son premier amour incarné par une toute jeune Gena Rowlands.
La traque finale en montagne est palpitante et rondement menée tandis que la dernière scène où Kirk Douglas croit toucher au but avant de tout perdre de manière dramatique est tout simplement bouleversante, Douglas exprimant tout son désespoir par la seule force de son regard. La rumeur veut d'ailleurs que Douglas peu satisfait du travail de Miller (il fut souvent un producteur omnipotent se souvenir du renvoi de Anthony Mann au profit de Kubrick sur Spartacus) ait en grande partie réalisé le film lui même. Un néo western puissant et crépusculaire, bel ode à un genre et mode de vie sur le déclin.
Sorti en dvd zone 2 français dans une assez belle édition
Superbe film en effet. Kirk Douglas est un de mes acteurs préférés, et Lonely reste un film que j'adore. Il est truffé de magnifiques plans et les seconds rôles sont très bons (le shérif notamment, superbe scène où il engueule un gradé pour une histoire d'hélicoptère).
RépondreSupprimerLe DVD est très bien aussi, notamment concernant le commentaire très instructif de Bertrand Tavernier. Un must.