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jeudi 26 mai 2011

Hercule contre les Vampires - Ercole al Centro Della Terra, Mario Bava (1961)


Pour libérer sa bien aimée d’un mal étrange, Hercule doit descendre aux enfers, là d’où aucun être vivant n’est jamais revenu, pour y prendre la pierre de vie. Accompagné d’un fidèle compagnon, il entame le voyage qui va d’abord le mener au jardin des Hespérides…

Après Hercule et la Reine de Lydie la série des Hercule allait perdre de son unité en étant systématiquement réalisée par une équipe différente et un metteur en scène qui y appliquerais sa personnalité. La donne avait donc changée avec le troisième volet La Vengeance d'Hercule où Pietro Franscisci écarté par les producteurs et Steve Reeves renonçant au rôle par solidarité se voyaient remplacé respectivement par Vittorio Cottafavi et Mark Forrest avec une grande réussite.Nouveau changement avec cet opus où Mario Bava directeur photo (voire plus) des deux épisodes de Francisci est intronisé réalisateur et Reg Park, un des principaux rivaux de Steve Reeves dans les concours culturistes reprend le rôle.

Parmi les grosses faiblesses on pointera un scénario moins riche et intéressant que les deux premiers volets (le rapport à la mythologie est bien plus superficiel), une interprétation dans l'ensemble assez fade notamment un Reg Park composant un Hercule très balourd et mono expressif qui peine à faire oublier Steve Reeves et Mark Forrest. Mario Bava de son côté n'est vraiment pas à l'aise dans les scènes de péplum classique et le début fait un peu peine à voir comparé au beau classicisme de Francisci.

Par contre une fois que le récit est lancé, c'est un spectacle flamboyant qui nous est offert pour une réussite essentiellement visuelle. Peu intéressé par le genre péplum, Bava réoriente progressivement le film vers l'épouvante gothique pour un mélange improbable et réussi. Doté d'un budget bien inférieur aux volets précédents, le tournage se fait essentiellement en studio où Bava par sa maitrise des éclairages, du système D (décors réutilisés masqués par la fumée, sous une lumière différente, arrières plans dessinés) et son sens du cadrage parvient à créer un environnement foisonnant et onirique.

Les grands moments expressionnistes et débordants de couleurs ne manquent pas comme l'arrivée en bateau dans le jardin des Hespérides dans une lumière rougeoyante sous un ciel se modifiant à coup de filtre ou encore la traversée d'un lac de lave. Le tout nous apparait évidemment factice mais foisonnant et cauchemardesque car renforçant l'aspect irréel et la tonalité fantastique du film. Certains décors demeurent sacrément impressionnant aujourd'hui encore comme l'arbre abritant la pomme d'or ou les extérieurs du palais de Christopher Lee.

Mieux encore, Bava orchestre certains moment semblant directement issu du cinéma d'épouvante, encouragé par la présence de Christopher Lee qui offre une facette du vampire bien éloigné de ses rôle à la Hammer. On peut citer le début où Dejanira se redresse d'une tombe, les apparitions furtives de Christopher Lee dans les pièces du palais tel un certain Dracula et surtout le formidable affrontement final qui voit Hercule assailli par une horde de spectres surgissant du du sol, grand moment de terreur se concluant de manière plus musclée à coup de lancer de rocher... Les entrevues surréalistes avec la Sybille entretiennent largement cette l'ambiance oppressante qui à de rares exceptions est essentiellement nocturnes.

Bava prouvait làune nouvelle fois son grand talent en s'appropriant un genre bien éloigné de ses prédilections et en lui conférant une classe et une identité visuelle inespérée vu les moyens à dispositions. Un péplum atypique (l'expérience sera retentée par son ancien complice Riccardo Freda avec moins de réussite pour le médiocre Maciste en enfer où Maciste surgit en plein XIXe gothique !) et un de ses tout meilleurs films.

Sorti en dvd zone 2 français français chez Opening

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