Leonora, une jeune fille qui rêve de réussite sociale, rencontre Smith Olhrig, un homme très riche, séduisant et froid, qui décide de l'épouser pour contredire son psychanalyste à qui il raconte sa déception après qu'elle n'ait point cédé à ses avances conquérantes. La jeune fille se laisse prendre au piège, et épouse son vrai-faux prince charmant, qui la délaisse aussitôt qu'il en a fait sa chose, la considérant plus comme un accessoire décoratif, que comme sa femme.
Sans être le meilleur de la période américaine d'Ophuls, Caught est un film tout à fait prenant. Comme souvent chez Ophuls, il est question d'une jeune fille jouet des hommes où au drame va s'ajouter une fable morale un peu lourde par moments mais rendue limpide par la mise en scène inspirée d'Ophuls. Leonora Eames (Barbara Bel Geddes) est donc une jeune fille frivole rêvant de château en Espagne et de réussite sociale, une artificialité de caractère appuyée dès le générique faisant défiler les pages d'un catalogue de mode.
Lasse des brimades de son époux, Leonora décide de de retourner à la "vraie" vie et va s'amouracher de James Mason, médecin idéaliste et en tout point l'opposé de Olhrig. Le script a la main un peu lourde dans les dialogues sentencieux, personnages (la meilleur amie de Leonora...) et situation un peu caricaturale pour asséner le message qu'on a bien compris (Et Leonora assez vite aussi) : non l'argent et la richesses seuls ne font pas le bonheur. Il faut tout le brio de James Mason parfait en médecin concerné des quartiers populaires pour ne pas tourner à la démonstration. Barbara Bel Geddes s'avère moins convaincante, sa fadeur sied bien au personnage au départ mais lorsqu'elle se reprend en main on ne sent jamais s'estomper cette fragilité finalement.
C'est lorsque Ophuls exprime ces thématiques par sa mise en scène que le film trouve toute sa force. On a donc clairement là avec cette dichotomie monde des nantis/milieux populaires une sorte de métaphore entre la vie et la mort. Dès sa première apparition, la voix d'Olhrig surgit des ténèbres avant de se dévoiler tout de noir vêtu, spectral et inhumain.
Le film déçoit néanmoins dans une dernière partie un peu laborieuse à la conclusion expédiée qui ne parvient pas tout à fait à équilibrer son happy-end qui résulte quand même d'un élément tragique, une fausse couche. La seconde collaboration entre Ophuls et Mason sera la bonne avec Les Désemparés bien meilleur que cette inégale tentative desservie par sa production mouvementée.
Sorti en dvd zone 2 français chez Wild sideExtrait
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